L’armée du maréchal de La Force mobilisée contre le duc de Lorraine, septembre 1634
Un petit bijou de document trouvé à la BNF, envoyé par le maréchal de la Force au roi. On y trouve la liste des compagnies et régiments ainsi que le nombre de chariots.
En 1634, une compagnie de cavalerie compte théoriquement 100 chevaux, moins de 50 dans la réalité. En 1628, Richelieu a voulu réunir les compagnies qui comptaient à peine 50 chevaux en escadrons d‘au moins 100 chevaux. Mais il ne réglementera réellement cette pratique que par l’ordonnance du 3 octobre 1634, constituant des “escadres” de 100 chevaux chacune.
Les vieux régiments d’infanterie comptent une vingtaine de compagnies et les régiments temporaires sont constitués de dix compagnies. La compagnie est théoriquement de 100 hommes, moins dans la pratique. L’année suivante Richelieu descendra la compagnie 3 officiers et 50 hommes.
Cette liste nous donne 40 compagnies de cavalerie et 25 régiments d’infanterie (dont 4 vieux).
40 compagnies totalisant 4,000 cavaliers soit plus de 95 chevaux par compagnie. Un chiffre élevé pour l’époque.
25 régiments d’infanterie totalisant 10,000 fantassins, soit 400 hommes par régiment. De l’ordre de 40 hommes par compagnie. Ce chiffre semble plus cohérent.
J’avais publié ce texte sur mon blog De Rohan à Turenne, mais il me parait utile de le partager à nouveau sur ce site.
L’ordre du départ et acheminement de l’armée du Roy, vers l’Allemagne, sous la conduite de Monsieur le Maréchal de La Force, de Vic le 17 de septembre 1634.
Avec le nombre des compagnies de cavalerie, et régiments d’infanterie de ladite armée.
A Lyon, 1634.
« Monsieur le maréchal de La Force, général de l’armée du roi, dans le duché de Lorraine, et frontière d’Allemagne, ayant (contre les forces du duc de Lorraine) pris et fait rendre les villes et nombres des places de ce duché, comme aussi les plus importantes de l’Alsace à l’obéissance de sa majesté, et notamment la ville de la Motte, contre l’opinion de plusieurs, attendu la situation et forteresse inexpugnable de cette place très importante. Après donc avoir mis de bonnes garnisons dans les villes, et places de Charmes, Remiremont, Haguenau, Saverne, Biches, Vaudemont, Ville-destin, Boar, et autres lieux de conséquence pour conserver lesdites places dans l’obéissance du roi, lesquelles garnisons ont été tirées de quelques régiments de ladite armée, ainsi qu’on a fait pour la garde de la ville de Nancy, deux compagnies de chaque vieux régiments. Ormis que pour la garnison de la ville de la Motte, le sieur de Perigord (que le roi a commis pour gouverneur) a levé des compagnies suivant le pouvoir que lui en a donné sa majesté pour la garnison de cette dite place.
Toutes choses étant bien assurée, d’un côté et d’autres, ledit sieur maréchal aurait donné avis au roi, et à messieurs les ministres d’état, de tout l’ordre des affaires, tant dudit duché, que frontières d’Allemagne, et ensuite de ce qu’il aurait reçu commandement de sa majesté de s’en venir dans la ville de S. Mihel (l’une des principales de la Lorraine) où il aurait séjourné quelques temps avec madame la marquise de La Force sa belle-fille, et tout le train de leur maison.
Durant ce séjour les compagnies de cavalerie et infanterie de l’armée ont été séparées en divers lieux, mais non pas tant éloignées qu’au premier boute-selle de la trompette, et bruit du tambour toutes les troupes pouvaient être dans peu de temps sur pied, tant que les choses avaient été bien ordonnées, et le tout sans fouler le peuple, sinon que des moindres incommodités de la guerre.
Ledit sieur maréchal étant, comme dit est, dans la ville de S. Mihel pour se rafraîchir du grand travail qu’il a eu continuellement jour et nuit pendant le siège de la Motte où il a force tout ce qui pu permettre son âge, (tant que le zèle qu’il a pour le service du roi, l’a obligé de ce faire). Il aurait reçu commandement de sa majesté, de partir de ladite ville de S. Mihel, pour cheminer vers les frontières d’Allemagne, il arriva en la ville de Mers, nonobstant toutes les injures du temps, le dimanche dix-septième de septembre.
pendant son séjour dans ladite ville il envoya visiter tous les quartiers de ladite armée, et faire commandement aux chefs et officiers de faire avancer les troupes, tant de cavalerie, qu’infanterie vers Vic, et Moyen-Vic, ce qu’ils firent suivant l’ordre qui leur avait été envoyé.
Toutes choses étant prêtes, et en état de se mettre en campagne, ledit sieur maréchal (l’infatigable dans ces peines, notamment quand elles sont pour le service du roi) se rend avec la compagnie de gendarmes, commandée par monsieur de Boësse son petit-fils dans la ville de Vic, le mercredi 27 ensuivant. Dans cette ville le conseil fut tenu entre les chefs, et l’ordre arrêté pour aller vers les villes de Haguenau et Saverne, et de là suivant le cours des affaires avancer à Fribourg avec les forces suivantes savoir :
Cavalerie pour l’Avant-garde de l’armée.
La compagnie colonelle, commandée par monsieur de Bouchavane.
La comp. du maître de camp.
La comp. écossaise.
La comp. de M. de Blagny colonel.
La comp. de M. de Lorriere.
La comp. de M. des Roches-bariteaut.
La comp. de M. de la Fraizeliere.
Avec ces sept compagnies de cavalerie l’on a aussi fait joindre sept compagnies de carabins, qui sont :
La compagnie de monsieur Arnault, maître de camp, de présent gouverneur pour le roi dans l’importante ville de Philisbourg en Allemagne.
La comp. de M. d’Arrancourt.
La comp. de M. du Pré.
La comp. de M. de Courval.
La comp. de M. le marquis de Villars.
La comp. de M. de Byderan.
La comp. de M. de la Motte.
Infanterie de l’avant-garde.
Le régiment de Picardie, commandé par M. le comte de Barraut.
Le régiment de Navarre, commandé par M. de S. Simon l’aîné.
Le régiment de Varenne.
Le régiment de Vaubecourt.
Le régiment de Rambure.
Le régiment d’Alincourt.
Le régiment de Villeroy.
Corps d’armée pour la cavalerie.
La comp. des chevaux légers du Roy, qui est de 200 maîtres, commandée par M. de Contenant.
La comp. de la Reine.
La comp. de M. le Prince.
La comp. de M. le Cardinal Duc de Richelieu, commandée par M. de Mouy.
La comp. de M. le maréchal de la Force, commandée par M. le marquis de Bosse son petit fils.
La comp. de M. le baron de la Cressonière.
La comp. de M. de la Ferté de Sainneterre.
La comp. du feu chevalier de Sainneterre.
La comp. de M. le marquis de Praslin.
La comp. de M. le comte de Vattimont.
La comp. de M. le comte de Vientail.
La comp. de M. le marquis de la Valette.
La comp. de M. le marquis du Terrail.
La comp. de M. la comte de Pouillé.
La comp. de M. comte de M. de Beauveau.
La comp. de M. le marquis de Fourille.
La comp. de M. le comte de Dampierre.
Infanterie du corps d’armée.
Le régiment de Normandie.
Le régiment de Piemont.
Le régiment de M. de Tonnains.
Le régiment de M. d’Auquincourt.
Le régiment de M. le marquis d’Effiat.
Le régiment de M. le marquis de Mailleraix.
Le régiment de M. de Aunay.
Le régiment de M. de Nettencourt.
Le régiment de M. du Plessis Joygny.
Le régiment de M. de S. Etienne.
Le régiment de M. de Castelmoron.
Le régiment de M. de Bettencourt.
Cavalerie de l’Arrière-garde de l’armée.
La comp. de M. de la Blocquerie Liégeois.
La comp. de M. de Miches Liégeois.
La comp. de M. le comte de Guiche.
La comp. de M. le marquis de S. Chaumont.
La comp. de M. le marquis de Villeroy.
La comp. de M. de Fequiere, de présent ambassadeur pour le roi en Allemagne.
La comp. de M. le Premier.
La comp. de M. le commandeur de la Porte.
La comp. de M. le marquis de la Maillerais.
Infanterie de l’arrière-garde.
Le régiment de M. le colonel Elbron Écossais.
Le régiment de M. de Chasteliers-Barlot.
Le régiment de M. le baron de Montozier.
Le régiment de M. le baron de S. Hilaire..
Le régiment de M. de la Boulley.
Le régiment de M. le vicomte de Turenne.
Le lecteur me pardonnera, si les compagnies de cavalerie et régiments d’infanterie ici contenues ne sont peut-être selon le vrai ordre qu’elles doivent être, mon intention n’est point de frustrer le rang à qui il appartient.
Outre les forces ci-dessus, ledit sieur maréchal fait aussi mener dans le corps de ladite armée 27 pièces de gros canons, et 34 moyennes, 800 tant chariots que charrettes chargées de munitions de guerre, 1600 tant chariots que charrettes chargées de vivres, et de toutes choses qui sont nécessaires pour subvenir à une puissante armée.
Par la grande prévoyance du sieur Coquet, général des vivres dans ladite armée, il a à la suite d’icelle des blés et farines plus qu’il ne faut pour fournir plus de deux mois de pain d’amunition, qui ne manque d’être délivré tous les jours aux soldats dont les contrôleurs doivent apporter deux fois la semaine les quittances des compagnies du conseil.
Et pour les payes des capitaines, lieutenants, officiers, gendarmes et soldats, qui est le seul nerf de la guerre, le sieur de Gobelin maître des requêtes ordinaires de l’hôtel du roi, et intendant de la justice et des finances de l’armée, y prend continuellement un tel soin, qu’à point nommé les montres sont payées par les officiers, en telle sorte qu’il n’y aucun suite de plaintes.
Cependant que ce généreux maréchal, vieux routier de la guerre, fait reconnaître quelles sont les forces des français, monsieur le marquis de la Force son fils aîné ci-devant premier maréchal de camp de ladite armée est de présent vers les Ardennes avec 14,000 hommes, savoir 4,000 de cavalerie, et 10,000 d’infanterie sous sa conduite, où il attend les commandements du roi.«