Archives de
Category: Histoire

L’armée espagnole à la bataille d’Avins (1635)

L’armée espagnole à la bataille d’Avins (1635)

Selon le Mercure Français, l’armée espagnole de Flandre comptait, à la mi-1634, 23 000 hommes de pied et 7 000 chevaux. L’infanterie était composée de quatre régiments d’Espagnols des Maîtres de camp Alonso Ladron, Marquis de Celade, Dom Francisco Capate, et dix compagnies d’Espagnols nouvellement venus d’Espagne, comptés pour un quatrième régiment ; trois régiments d’Italiens des Maîtres de camp duc Doria, marquis Sfondrato, dom Andrea Cantelmo ; sept régiments de Wallons des Maîtres de camp les comtes de Fresin et de Fontaine, le sieur de Ribaucourt, le baron de Wesemal, les sieurs de Triest, de Custrines & de Crequy ; quatre régiments de hauts Allemands des comtes d’Isembourg, de Hoochstrate, du colonel Rouvrois (ou Rouvroy) & du prince de Barbançon ; deux régiments de bas Allemands du marquis de Lede et du colonel Brion ; un régiment d’Anglais du Maître de camp Tresan ; et deux régiments d’Irlandais du comte de Tirconel et de dom Eugenio Onel, qui faisaient en tout vingt- trois régiments. La cavalerie qui était sous la charge du comte de Nassau, était composée de soixante huit compagnies, & des cinq régiments des comtes Buquoy, d’Isembourg, de Salms, du marquis de Celade et du prince Barbançon. En juillet 1634, le marquis d’Aytonne demande au prince Thomas de lever de l’infanterie et de la cavalerie.

Le corps du prince Thomas de Savoie qui va affronter l’armée française ne comptait qu’une partie de ces forces : 10 000 fantassins en 120 enseignes, 3 000 chevaux en 45 cornettes et 16 canons selon Richelieu, 8 000 fantassins et 2 000 chevaux selon Gualdo Priorato. Le comte de Feira en était maître de camp général, le comte de Buquoy y commandait la cavalerie et le comte d’Hoochstrate, l’infanterie. Si on en croit le Mercure Français, les meilleurs régiments ne faisaient pas partie de ce corps puisque, après la bataille, le Cardinal Infant s’était retranché le long du Demer vers Tillemont, avec une armée composée des restes de celle du Prince Thomas, et de ses autres forces où étaient les meilleurs et plus vieux régiments.

La relation du Mercure Français évoque le tercio espagnol d’Alfonso de Ladron de Guevara, le tercio italien de Sfondrato, le régiment anglais de Brons, le régiment allemand d’Hoochstrate et le régiment du prince Thomas. Ce dernier régiment est probablement celui levé fin 1634 et était probablement Lorrain, le Prince ayant été colonel d’un régiment de cette origine lorsqu’il était en Savoie. J.L Sanchez, cité par Pierre Picouet, évoque aussi le régiment wallon de Frezin. Le tercio espagnol d’Alfonso de Ladron de Guevara est un vieux corps puisqu’il s’agit du tercio viejo de los Estados de Brabante.

En 1635, un tercio espagnol compte en pratique rarement plus de 1 500 hommes, même si l’effectif théorique est de 3 000 hommes. Ainsi, la montre de mai 1636 donne 166 officiers et 946 soldats pour le tercio de Ladron de Guevara. La carte de Melchior Tavernier montre 7 escadrons espagnols ce qui donnerait bien 7 à 10 000 hommes pour l’infanterie. Le tercio de Ladron de Guevara et celui de Sfondrato ont peut-être formé 3 ou 4 escadrons à eux deux.

La cavalerie comptait 45 cornettes selon Richelieu, jusqu’à 40 compagnies selon Pontis. En ne comptant ces compagnies qu’à 50 chevaux, cela nous donne un minimum de 2 000 chevaux. Tavernier a représenté 17 gros escadrons sur sa carte, ces escadrons faisant au moins le double de la taille des escadrons français. L’estimation de Richelieu, soit 3 000 chevaux, parait donc tout aussi plausible. Une bonne partie de cette cavalerie était formée par le régiment de Bucquoy. Il s’agissait probablement d’un régiment de cuirassiers à dix compagnies, faisant de 700 à 1 000 chevaux.

L’infanterie espagnole en 1635

L’Espagne dispose, à l’aube de la guerre de Trente ans, d’une infanterie qui inspire le plus grand respect. Bien commandée, solide et disciplinée, cela fait un siècle et demi qu’elle s’impose sur les champs de bataille d’Europe. Sa force principale repose sur les terribles tercios viejos.

Le tercio compte, depuis 1632, 12 compagnies de 250 hommes, ou 15 compagnies de 200 hommes pour un tercio levé en dehors de la péninsule ibérique, soit un effectif théorique de 3 000 hommes par tercio. L’ordonnance de 1632, légèrement modifiée en 1633, ne souhaite pas, sans l’interdire, que les tercios soient à 20 compagnies. En pratique certains auront jusqu’à 26 compagnies. Une compagnie au complet doit compter, selon cette ordonnance, 11 officiers (un capitaine et son page, un alférez, un enseigne ou abanderado, un sergent, deux tambours, un fifre, un fourrier, un barbier et un chapelain) et 239 soldats dont 90 coseletes (piquiers en cuirasse), 89 arquebusiers et 60 mousquetaires. Parmi les soldats, on compte 10 cabos de escuadra, c’est à dire chefs d’escadre ou caporaux. La compagnie de 200 hommes doit compter, pour sa part, 70 coseletes, 90 arquebusiers et 40 mousquetaires. Cette ordonnance prévoit aussi, pour l’état-major des compagnies, un alferez et deux sargentos (sergents) réformés, c’est à dire de remplacement. L’état-major permanent du tercio comprend 8 officiers supplémentaires : le mestre de camp, le sergent major, le capitaine de campagne, le tambour major, l’auditeur militaire, le fourrier principal, le chapelain principal et le chirurgien principal. L’ordonnance de 1632 tente par ailleurs d’endiguer la mauvaise habitude prise par les coseletes de se débarrasser de leurs cuirasses et de raccourcir leurs piques. Elle prévoit cependant que les piquiers moins biens armés ne soient pas placés aux deux premiers rangs. Cette tendance à allègement se retrouve bien sûr chez toutes les nations d’Europe.

Certains tercios sont permanents, ou fixes, comme les régiment entretenus français. Et parmi eux, les plus redoutés sont les tercios viejos. Les principaux tercios fixes de l’armée de terre sont (avec le nom de leur mestre de camp en 1635), les tercio viejo de los Estados de Flandes (Villalobos), ter-cio viejo de los estados de Brabante ( Ladron de Guevara), tercio viejo de los Estados de Holanda (marquis de Celada), tercio fijo de Napoles (Ascoli), tercio fijo de Lombardia (Aragon y Tafalla), tercio fijo de Sicilia (Toledo), tercio de Saboya (Coronado y Mendoza), et la Coronelia de la Guardia del Rey. À ces unités s’ajoutent les tercios de la Marine répartis en Espagne, à Naples et en Sicile.

Les tercios espagnols sont par ailleurs épaulés par l’infanterie des nations, provenant des territoires appartenant à la couronne d’Espagne : Flandre, Bourgogne (qui se limite, à cette époque, à la Franche-Comté), Sicile, Naples et Lombardie (limitée au Milanais). Si l’infanterie italienne et bourguignonne est organisée sur le même pied que l’infanterie espagnole, en tercios de 12 compagnies totalisant 3 000 hommes, les tercios wallons sont organisés comme les tercios espagnols des Flandres, en 15 compagnies de 200 hommes, totalisant aussi 3000 hommes. Mais chaque compagnie compte, sur le papier, 12 officiers, 46 piquiers et 142 mousquetaires. Les régiments allemands ou lorrains au service de l’Espagne comptent pour leur part 10 compagnies de 250 ou 300 hommes.

Bien sûr, il s’agit d’effectifs théoriques, correspondant à un régiment nouvellement levé ou ayant fait recrue. En pratique, les effectifs fondaient rapidement. Ainsi, pour la bataille de Nördlingen, en 1634, le tercio d’Idiaquez compte 1 800 hommes en 26 compagnies et le tercio de Fuenclara, 1 450 hommes en 17 compagnies. Le tercio napolitain de San Sivero compte 1 900 hommes en 24 compagnies, celui de Toralto, 750 hommes en 10 compagnies et celui de Cardenas, 950 hommes en 13 compagnies. Enfin le tercio lombard du prince Doria compte 1 000 hommes en 12 compagnies alors que celui de Lunato en compte 1 300 en 15 compagnies.

 (Aquarelles de K.A. Wilke)

Face à l’ennemi, les tercios se forment en escadrons (escuadrones), équivalent des bataillons français. L’escadron, qui se forme maintenant couramment à partir d’un seul tercio, se déploie dans les années 1630 sur un maximum de 12 rangs, probablement 8 ou 10 comme les bataillons français. Les piquiers forment le bloc du centre alors que les arquebusiers forment les garnisons sur les deux flancs de ce bloc. Des manches (mangas) de mousquetaires viennent alors se déployer sur les ailes de l’escadron, mais peuvent aussi opérer indépendamment. Contrairement à une idée reçue, à partir de 1635, un escadron comptera rarement plus de 1 000 hommes. Sur le terrain, rien ne le distingue donc de son homologue français, hollandais ou allemand.

La cavalerie espagnole en 1635

Si l’infanterie espagnole bénéficie d’une forte réputation, il n’en est pas de même pour la cavalerie. Et de fait, le roi d’Espagne recrutera une grande partie de sa cavalerie en Lombardie, à Naples, en Wallonie, en Franche-Comté, en Lorraine, ou encore en Allemagne. Ainsi, l’armée du Cardinal-Infante qui se dirige vers Nördlingen, en 1634, compte 700 cavaliers napolitains, 590 cavaliers bourguignons et 500 cavaliers lombards pour seulement 230 gardes à cheval espagnols, en deux compagnies.

Il existe alors trois grands types de cavaliers au service du royaume d’Espagne : le lancier (caballo-lanza), le cuirassé (caballo coraza qui a remplacé le reître ou herreruelo) et l’arquebusier à cheval (arcabucero a caballo).

La cavalerie l’espagnole est la dernière à utiliser des lanciers, en Europe, mais ceux-ci ne sont plus qu’en faible nombre, formant principalement des compagnies de Gardes. Ludovic Melzo, dont les Règles militaires pour le gouvernement et le service de la cavalerie furent publiées en 1619, affirmait que la principale utilisation de ces lances consiste à suivre les arquebusiers, lesquels, après avoir délivrer leur charge sur les troupes ennemies de face et par les côtés, les ayant décomposées et mises en confusion, seront suivies par la charge des lances par le côté ou de face en fonction de l’occasion ou de l’opportunité qui se présente. Mais il soulignait déjà qu’il fallait quatre conditions pour bien utiliser des lanciers : un terrain favorable, un cheval de qualité, un cavalier bien entraîné et une formation de combat adaptée, c’est à dire de petites troupes d’une trentaine de lances. Enfin, l’auteur espagnol liste l’équipement théorique du lancier : la cuirasse (plastron et dossière) à l’épreuve des balles, les cuissards (quixotes), les garde-reins, les brassards, la salade (celada, un casque à visière) et un gantelet à l’allemande à la main gauche. La lance du capitaine devra porter sa banderole de manière bien voyante. Les soldats peuvent remplacer les cuissards par des tassettes, plus pratiques pour le travail de la lance. Ils devront porter un pistolet d’un côté de l’arçon et la salade ou bourguignotte de l’autre.

(Aquarelles de K.A. Wilke)

Les caballos corazas sont, en cette première moitié du XVIIe siècle, similaires aux chevaux légers français. Ils forment à cet égard la plus grande part de la cavalerie espagnole. Melzo décrit ainsi leur équipement : les soldats des cuirasses doivent être armés d’un plastron et d’une dossière à l’épreuve du pistolet, et des autres armes que portent les soldats des lances, et de plus ils doivent porter des cuissards (quixotes). Ils doivent porter des pistolets d’arçon, et derrière, à droite, ils attachent d’ordinaire la salade (celada). Comme pour la cavalerie française, sous l’influence des Suédois et des Hongrois, cet équipement va progressivement s’alléger, à partir des années 1634-36, pour ne garder que la demi-armure et un casque de type bourguignotte ou capeline.

L’arquebusier à cheval est l’équivalent du carabin français. Melzo affirme que les arquebusiers à cheval furent inventés par les français, lors des dernières guerres du Piémont qui les appelèrent dragons, nom qu’ils gardent encore. Ayant appris l’avantage et l’utilité de cette nouvelle sorte de soldatesque, les Espagnols commencèrent aussi à les utiliser au sein de leur armée. Et lorsque le duc d’Albe passa dans les Flandres, il amena avec lui quelques une de ces compagnies. Elles servirent d’abord à pied, puis elles servirent à cheval, avez des arquebuses à rouet, et elles continuèrent à servir ainsi. Quand à son équipement, il écrit qu’il serait convenable d’armer les arquebusiers à cheval d’un plastron et d’une dossière (cuirasse), mais cela reste à prouver ; parce que embarrassés de ces armes, ils ne peuvent servir en les oc- casions où il est nécessaire de mettre pied à terre. (…) En aucun cas ils ne doivent mettre des cuissards, ni des garde-reins, parce qu’ils sont excessivement embarrassants lorsqu’il faut mettre pied à terre. Ils doivent porter une arquebuse légère… Les soldats devront porter un mousquet à rouet, de onze livres et demi de balle, le canon long de quatre palmes, qu’ils devront porter du côté droit avec la bandoulière ; et y ajouter un morion de même qualité et forme que celui du capitaine.

Dragons espagnols (Aquarelle de Wilke)

Enfin, les généraux possèdent fréquemment deux compagnies de gardes, une de lanciers et une autre d’arquebusiers à cheval. Les deux compagnies de gardes du Cardinal-Infante seront ainsi présentes à la bataille de Nördlingen. Melzo les évoquait déjà dans son traité, vers 1615.

La cavalerie espagnole est organisée en compagnies de théoriquement 100 chevaux. Chaque compagnie, commandée par un capitaine, doit aussi comprendre deux trompettes, un maréchal des logis, un fourrier, un chapelain, un armurier et un barbier. Melzo précise que les cuirassiers devront toujours se déplacer au trot, pour ne pas se désunir, et qu’ils devront être ordonnés en gros escadrons de 200 à 400 chevaux. Plus l’escadron sera renforcé, mieux ce sera, et la rencontre plus galante, et on pourra en attendre le meilleur effet, ajoute t-il.

L’Artillerie

Depuis 1609, selon Diego Ufano Velasco, l’artillerie espagnole n’utilise plus, théoriquement, que quatre calibres : le canon tirant 40 livres de balles, le demi-canon tirant 24 livres de balles, le quart de canon tirant 10 livres de balles et le quint de canon – ou octave et auquel on peut substituer la quart de couleuvrine – tirant 5 livres de bal- les. Seuls les deux derniers sont utilisés en campagne, les deux premiers étant réservés aux sièges.

Le déploiement de l’armée

Selon Brancaccio, une armée espagnole des années 1620 dispose sa cavalerie de chaque côté de l’infanterie, les troupes d’arquebusiers à l’extérieur, et les troupes de cuirassiers entre l’infanterie et les arquebusiers à cheval. Une troupe de près de 200 cuirassiers sera placée en avant, suivie de deux troupes de 300 cuirassiers de chaque côté et à 60 pas derrière, suivies de trois autres troupes à 60 pas derrière, dans les intervalles, puis enfin, un dernier échelon de deux troupes à 60 pas derrière, dans les intervalles. Au centre, l’infanterie est aussi disposée en échiquier, chaque escadron à 200 pas l’un de l’autre, pour laisser au second échelon la place de passer dans les intervalles. Le second échelon se positionne 20 pas derrière leur premier et les manches de mousquetaires et arquebusiers se dispo- sent entre les troupes de cavalerie et entre les escadrons d’infanterie.

Une relation du voyage du Cardinal- Infante en 1633-34, nous précise le déploiement réel d’une l’armée espagnole : début septembre 1634, peu avant la bataille de Nördlingen, toute l’infanterie se mit en escadrons, chaque tercio à côté l’un de l’autre, ainsi bien fixés, occupant un front de plus d’un quart de grande lieue (soit 1,5 kilomètre), ils étaient neuf tercios en tout, deux d’Espagnols, quatre de Napolitains, trois de Lombards et deux régiments d’Allemands. Chaque tercio constituait alors un escadron occupant un front de près de 170 mètres.

À Avins, le prince Thomas déploiera son infanterie sur deux lignes, les sept escadrons d’infanterie disposés en échiquiers. La cavalerie, dans un premier temps placée en un rideau pour masquer les lignes espagnoles, sera ensuite déployée sur les ailes et en seconde ligne.

Drapeaux espagnols (Aquarelle de K.A. Wilke)

Stéphane Thion

 

L’armée impériale de Wallenstein (1632-1634)

L’armée impériale de Wallenstein (1632-1634)

Avant 1632, l’infanterie de la ligue catholique se formait en bataillons de 2 000 hommes sur 26 rangs. Les bataillons impériaux étaient de 1 000 hommes combattant sur 19-20 rangs. La cavalerie combattait en escadrons de 500 à 1 000 chevaux sur 8 à 10 rangs. Après le désastre de Breitenfeld, Wallenstein va réorganiser l’armée Impériale. Selon Gualdo, il déclara de quelle manière il voulait être obéi, & prescrivit à un chacun ses devoirs. Entre autres ordonnances il régla que l’armée dorénavant porterait des écharpes rouges, & défendit toute autre couleur sous peine de la vie. (…) Il défendit, sous peine d’encourir sa disgrâce, à la cavalerie depuis le soldat jusqu’au colonel d’être jamais sans bottes ni éperons, aux officiers d’infanterie d’en porter (…). Puis il se préoccupa du recrutement : Isolani fut en Croatie & dans la Hongrie lever de la cavalerie, & pour ce service il fut fait à son retour général de toutes les troupes légères. Les capitaines chargés de recruter se partagèrent : les uns furent en Moravie, d’autres en Silésie, dans l’Autriche, la Styrie, la Carinthie, enfin partout où ils comptaient de trouver des hommes désoeuvrés & enclins au métier des armes. (…) La plupart venaient tout équipés se rendre aux enrôleurs, perçant la foule du petit peuple qui les entourait & dont les cris de joie passaient alors pour le présage assuré de la ruine des Suédois. Une grande partie de la cavalerie était sans cuirasses & les avait perdues dans les déroutes passées, & surtout à la journée meurtrières de Lepzig. Walstein en tira quantité de Lombardie. Wallenstein commanda effectivement 4 000 armures complètes pour ses cuirassiers, dont la moitié avec des armets (casques fermés) et la moitié avec des Zischägge (pots hongrois), et plus de 6 000 armures pour arquebusiers (cuirasse complète ou demi-cuirasse frontale plus pot hongrois). Enfin, au même moment (juillet 1631), la Ligue Catholique ordonne la levée de 9 000 fantassins en 3 régiments et 2 000 cavaliers en 4 régiments.

Wallenstein va par ailleurs adapter ses formations : son infanterie se déploiera dès lors en bataillons de 500 à 1 000 hommes, les ⅔ de mousquetaires, sur 10 rangs. Le bloc de piquiers, au centre, comprendra 7 rangs de piquiers et 3 de mousquetaires sur le front. La cavalerie combattra en escadrons de 500 à 800 chevaux sur 6 rangs, 8 rangs selon Folard. Puis la profondeur des escadrons passera à 4 ou 5 rangs à partir de 1636, et enfin à 3 rangs dans les années 1640, selon Montecuccoli, pour 50 chevaux de front. Selon Schildknecht, les cuirassiers impériaux privilégient la caracole, chargeant serrés à rangs ouverts, faisant une décharge de pistolet si l’ennemi tient ferme, puis défilant à droite et à gauche pour laisser la place au rang suivant, le premier rang se reformant derrière l’escadron. Mais Gualdo rapporte qu’à Breitenfeld, les cavaliers saxons ne s’attendaient ni au feu ni au choc réitéré de cette cavalerie de l’avant-garde menée par Schaumbourg & Cronenberg, qui tous deux l’épée à la main chargeaient en furieux à la tête des escadrons. Attaqués de front & pris en flanc les Saxons se replièrent avec précipitation sur les escadrons de l’électeur qui dans cette confusion s’ouvrirent. Les impériaux en profitèrent pour entrer dans cette cavalerie (saxonne) le sabre à la main.

Les régiments de cavalerie sont toujours théoriquement à 10 compagnies de 100 chevaux, plutôt à 7 ou 9 compagnies de 65 à 80 chevaux en pratique. Certains régiments continueront longtemps à mixer des cuirassiers et des arquebusiers. Ainsi, en août 1645, l’Obristleutnant Graf Boussu, qui est en charge du régiment Piccolomini, commande 200 cuirasses et 300 carabines pour son régiment, qui compte 500 hommes. L’armée impériale comprend, en avril 1633, trois corps de cavalerie. Le corps de cavalerie de Piccolomini compte 50 compagnies et 3 900 chevaux (régiments Piccolomini, Matthias von Toscana, Franz von Toscana, Terzka et les deux compagnies de Leibgarde de Wallenstein ; le corps de Schaffgotsch, compte 72 compagnies pour 4 700 chevaux (régiments Woschiz, Strozzi, Gonzago, Bornewall, Trost, Schaffgotsch, Marradas, Götz, Hassenburg et Lobkowitz) ; enfin le corps de Sparr, compte 70 compagnies pour 4 600 chevaux (régiments Lindlow, Eichstedt, Colloredo, Sparr, Lintersheim, Morocini, Götz et Wintsch). Dans la seconde partie des années 1640, les régiments passeront à 750 cavaliers selon Montecuccoli.

Il faudra attendre les années 1640 pour que la cavalerie impériale commence réellement à s’alléger, à l’image des Suédois ou des Français. Auparavant, Wallenstein ne paraît pas avoir autorisé cette évolution, comme le sous-entend Montecuccoli : les arquebusiers ou carabiniers ne peuvent faire un corps solide, ni attendre de pied ferme le choc de l’ennemi, parce qu’ils n’ont point d’armes défensives : c’est pourquoi il ne serait pas à propos d’en avoir un grand nombre dans une bataille, parce qu’on ne saurait les placer qu’ils ne causent de la confusion en tournant le dos. Comme leur emploi est de tourner en caracolant, et de faire leur décharge, puis de se retirer si l’ennemi les presse par derrière et qu’ils se retirent si vite que cela ait l’air de fuite, ils ôtent le courage aux autres, ou bien ils les heurtent, et se renversent sur eux. C’est ce qui détermina Wallenstein général, des troupes de l’Empereur, de les proscrire de l’armée après la funeste expérience qu’il en fit à la bataille de Lutzen l’an 1632. Mais en janvier 1645, l’abandon de l’armure complète est proposée à Piccolomini, tout au moins pour son régiment. Le lieutenant-colonel Graff écrit ainsi que les lourdes et encombrantes cuirasses complètes, qui distinguent les cuirassiers des arquebusiers, soient remplacées par le casque et la cuirasse en deux parties et à l’épreuve des tirs. Il argumente que, lorsqu’il gèle, les hommes se plaignent des brazallen (armures de bras avec gant de fer) qui ne se peuvent porter, et peuvent se casser. Il précise enfin que, comme le souhaite Piccolomini, nous mettrons en place les carabiniers au nombre de 20 par compagnie, qui seront du plus bel effet. On retrouve là le régiment de cavalerie impérial des années 1640 et 1650, décrit par Montecuccoli : les régiments de cavalerie sont armés aujourd’hui de demi-cuirasses, qui ont le devant et le derrière, de bourguignottes composées de plusieurs lames de fer attachées ensemble par derrière et aux côtés pour couvrir le col et les oreilles, et de gantelets, qui couvrent la main jusqu’au coude. Les devants de cuirasse doivent être à l’épreuve du mousquet, et les autres pièces à l’épreuve du pistolet et du sabre. Leurs armes offensives sont le pistolet et une longue épée qui frappe d’estoc et de taille. Le premier rang pourrait avoir des mousquetons. (…) Les cuirasses entières sont admirables pour rompre et pour soutenir ; mais après avoir reconnu que si ces armes ne sont à l’épreuve, elles servent de peu, et que même, le fer venant à se rompre, les morceaux rendent les blessures plus grandes ; et qu’au contraire si elles sont à l’épreuve, elles sont trop pesantes, et embarrassent tellement la personne, que le cheval étant tombé, le cavalier ne saurait s’aider ; que d’ailleurs les brassards et les cuissards rompent les selles et les harnois, blessent les chevaux sur le dos, et les fatiguent beaucoup, on a jugé à propos de s’en tenir aux demi-cuirasses.

Enfin, selon Montecuccoli le rôle du dragon impérial n’est guère différent que celui de son homologue suédois : les dragons ne sont autre chose que de l’infanterie à cheval armée de mousquets légers, un peu plus courts que les autres, de demi-piques et d’épées, pour se saisir d’un poste en diligence, et pour prévenir l’ennemi dans un passage. On leur donne pour cela des hoyaux et des pelles. On les met à cheval au milieu et dans les vides des bataillons pour tirer de là par dessus les autres ; d’ailleurs ils combattent d’ordinaire à pied.

Les régiments d’infanterie comptent en pratique de 6 à 9 compagnies de 115 hommes, pour une moyenne de 1 000 hommes par régiment. Puis ces régiments seront regroupés en brigades à partir de 1633, au nombre de 6 : Grana (27 compagnies des régiments Alt-Sachsen, Alt-Brenner et Grana), Von Waldt (32 compagnies des régiments Beck, Tieffenbach et von Waldt), Schaffenberg (23 compagnies des régiments Harrach, Terzka et Schaffenberg), Dietrichstein (30 compagnies des régiments Kehraus, Wallenstein et Dietrichstein), Manteuffel (25 compagnies des régiments Hardeck, Mansfeldt, Stranz et Manteuffel) et Funk (37 compagnies des régiments Lichtenstein, Funk, Illo et Gallas). Le tout fera 174 compagnies d’infanterie pour 20 000 fantassins. De sorte que l’armée impériale devait compter de l’ordre de 40 000 hommes, en comptant les Croates et l’artillerie.

À la mort de Wallenstein, un an plus tard, l’armée impériale compte 22 régiments de cavalerie (Alt-Piccolomini, Neu-Piccolomini, Strozzi, Lamboy, Rittberg, Breda, St Martin, Cronberg, Wildtberg, Rauchhaupt, Biesinger, Mülheimb, Alt-Sachsen, Marradas, Gonzaga, Nicolai, Ulfeldt, Morzin, Torneta, Streithorst, Hatzfeld, Willich), 21 régiments d’infanterie (von Waldt, Wallenstein, Wangler, Adelshofen, Mariame, Tieffenbach, Thun, Webel, Kehraus, Morzin, Hatzfeld, La Fosse, Jung-Breuner, Suis, Berch, Alt-Sachsen, Diodati, Jung-Wallenstein, Alt-Breuner, Gordon, Goltz), 4 régiments de dragons (Piccolomini, Buttler, Hennerson, Gallas), 7 régiments de Croates (Isolani, Cosetzky, Loysy, Corpus, Forgatsch, Prziowsky, Revai) plus des cosaques polonais, pour un total de 40 à 45 000 hommes.

Dans les années 1640 et 1650, les bataillons d’infanterie devront être composés, selon Montecuccoli, de 500, 1000 et 1500 hommes à 6 de hauteur, les deux tiers de mousquetaires et un tiers de piquiers. Si les compagnies font 150 hommes, un régiment de dix compagnies sera de 1500 hommes, nombre suffisant pour être conduit et gouverné par les officiers qu’on a coutume de lui donner, comme on a remontré depuis peu. Il propose ensuite de former des bataillons ayant en leur centre un bloc de 480 piques à 6 de hauteur et 80 de front, au devant desquels on met une rangée de 80 mousquetaires, qui étant couverts par les piques peuvent tirer en sûreté tantôt debout, tantôt un genou à terre, et un rang de 80 rondaches, qui couvrent tout ce qui est derrière. Les piques sont garnies de chaque côté, de deux manches de 400 mousquetaires (10 escouades de 40 hommes), dont une partie peut être placée derrière les piquiers et une autre postée480 par pelotons entre la cavalerie la plus proche, d’où elles font un feu continuel, jusqu’à ce que la mêlée commence : et alors elles se retirent dans les bataillons d’où on les a tirées.

Le bataillon idéal de Montecuccoli compte donc 1440 hommes, répartis en 480 piques, 880 mousquetaires et 80 rondaches

La pique et le mousquet n’ont pas évolué depuis le début du siècle. On ne se sert plus d’arquebuses dans les troupes allemandes, nous dit Montecuccoli, parce que le mousquet porte plus loin, et que l’homme qui porterait une arquebuse peut porter un mousquet. Les mousquetaires doivent porter une fourchette pour mieux ajuster leur coup. Quant aux piques, elles doivent être fortes, droites et longues de quinze, seize et dix-sept pieds, avec des pointes en langue de carpe. Les piquiers doivent être armés de casques et avoir des cuirasses, qui les couvrent devant et derrière. (…) Le mousqueterie seule sans piquiers, ne peut pas faire un corps capable de soutenir de pied ferme l’impétuosité de la cavalerie qui l’enveloppe, ni le choc et la rencontre des piquiers ; ainsi ils sont obligés de lâcher pied.

Ci-dessus : tambour, arquebusiers à cheval, et cuirassés impériaux (aquarelles de K.A. Wilke)

Ci-dessous : Polonais et Croates au service de l’Empire (aquarelle de K.A. Wilke)

 Ci-dessous : infanterie impériale (aquarelle de K.A. Wilke)

 

Les Gardes du Corps de Wallenstein (1628-1632) :

Ottavio Piccolomini est nommé, vers 1627-28, commandant de la Garde du corps de Wallenstein. L’établissements des Gardes du corps à cheval est alors de 4 compagnies : une de lanciers cuirassés, une d’arquebusiers à cheval, une de dragons et une de Croates. Chaque compagnie compte 100 à 150 chevaux. En septembre 1630, lorsque Wallenstein quitte le commandement, ses Gardes du corps comptent 10 compagnies. À Lützen, en 1632, Les deux compagnies restantes seront jointes au régiment des cuirassiers de Piccolomini.

Fin 1628, les lanciers sont revêtus une casaque à revers noirs et garnitures de soie rouge, et de gros boutons filés de soie. Ils portent l’armure complète et une lance arborant un étendard de couleur or, et une houppe au bout de la lance. Les casaques des 14 sous-officiers sont ornées de garnitures en or et de boutons ouvragés ; les parements des manches sont rouge carmin. Les quatre trompettes portent des lacets de soie rouge.

Les arquebusiers ont un uniforme similaire. Ils ne portent ni l’armure ni la lance, mais seulement un casque de fer, une carabine, un poulverin, un sac à balles et une bandoulière rouge. Cette compagnie comprend aussi 14 officiers et quatre trompettes.

Les dragons portent le mousquet et sont équipés pour le reste comme les arquebusiers.

Les Croates portent des casaques à gros boutons ronds et avec franges et passementeries, un chapeau de fourrure rouge, une bandoulière rouge, et sont armés de carabines.

Chacune des quatre compagnies de Leibgarde à sont propre étendard :

– Le premier porte un soleil éclairant de ses rayons un croissant de lune, avec la devise : Mutuando splendorem, stellis splendidior.

– Le second représente un lion attaquant des animaux qui s’échappent, avec la devise : “omnia vincit” ou “omnia cedant”.

– Le troisième étendard représente un lion pointant sa patte vers une roue ou une boule, symbole du bonheur; avec la devise : “mea haud luditur unguis”.

– Le quatrième représente Énée qui délivre son père Anchise des ruines fumantes de Troie avec la devise : “per tela per ignes”.

– Il existe un cinquième étendard représentant un navire pourvu de soldats, qui s’approche d’une étoile au-dessus d’une montagne.

Ces étendards arborent de plus les signatures AFD ou VDF (Albertus Friedlandie Dux ou Alberto Vallestein Duca di Fridlandt), et FS (Ferdinand II).

Ci-dessous : gardes de Wallenstein et Wallenstein (aquarelles de K.A. Wilke)

Stéphane Thion

L’armée suédoise de Gustave Adolphe (1629-1632)

L’armée suédoise de Gustave Adolphe (1629-1632)

 

 

L’année 1630 marque un tournant dans la guerre de Trente ans : un grand capitaine, Gustave Adolphe va transformer la manière de combattre. Fort des enseignements d’Henri IV et de Maurice de Nassau, et de sa propre expérience acquise lors des guerres contre la Russie et la Pologne, le roi de Suède sera l’homme des synthèses.

Gustave Adolphe n’a pas révolutionné l’art de la guerre, mais il a su faire la synthèse parfaite des enseignements de son époque. Il a intégré les petites formations d’infanterie, s’inspirant des petits bataillons huguenots et des bataillons de Maurice de Nassau, et repris à son compte les habitudes de Coligny et Henri IV, d’intercaler des petites formations de mousquetaires commandés entre leurs escadrons de cavalerie. Il a parfaitement pris à son compte les enseignements de Nassau et de Billon en organisant des brigades d’infanterie à 3 bataillons : Le Roi de Suède avait rangé son armée sur deux lignes, avec un corps de réserve. (…) La première ligne était composée au centre de petits bataillons bien plus faciles à se mouvoir, & à se rallier que ceux de Tilly, dira Arkenholz dans son Histoire de Gustave Adolphe. Quant à la cavalerie, il a cherché à privilégier le choc, à l’instar des Condé, Coligny et Henri IV. Mais Gustave Adolphe ne s’est pas contenté de ces enseignements. Il a su les améliorer grâce à quelques apports personnels. Les deux principaux en sont le feu de salve – ne tirez votre coup que lorsque vous aurez joint l’ennemi d’assez près pour lui voir le blanc des yeux, dira Gustave Adolphe à ses mousquetaires, à Breitenfeld – et le petit canon de bataillon de 3 livres – Gustave fit avancer ses canons de cuir bouilli qui, tirant de près & fort vite, firent un effet étonnant (Arkenholz décrivant la bataille de Breitenfeld). Tournant la page des tâtonnements de ses prédécesseurs, de Maurice de Nassau à Christian IV du Danemark,  le Roi de Suède parviendra à faire des armées protestantes une implacable machine.

L’infanterie suédoise comprend, en 1630-31, 16 régiments provinciaux comptant 8 à 11 compagnies – Uppland, Närke-Värmland, Södermanland, Östgötaland, 3 régiments pour Småland, Västmanland, Dalarne, Västerbotten, Helsingland-Gestrikland, Ångermanland, 3 régiments pour Västgötaland et Österbotten plus 8 régiments et 4 compagnies finnois – 2 régiments pour Åbolän-Björneborg, 3 régiments pour Tavastehus-Nyland, 3 régiments pour Viborg-Nyslott et l’escadron du colonel Th. Kinnemunds. En 1634, le nombre de régiments d’infanterie à la disposition du Royaume de Suède est de 20 régiments à 8 compagnies, dont 7 recrutés en Finlande. À ces régiments provinciaux, s’ajoute le régiment des Gardes. La plupart de ces régiments iront en Allemagne où ils seront rapidement identifiés par le nom de leur colonel (Öfverste) plutôt que par leur province de recrutement. Le reste de l’infanterie de Gustave Adolphe sera composée de régiments mercenaires provenant des anciennes armées de Mansfeld et de Brunswick.

Le régiment d’infanterie suédois compte théoriquement 1 200 hommes, dont 1152 soldats et sous-officiers, en 8 compagnies de 150 hommes. Chaque compagnie est formée de 16 officiers et 144 hommes. Ces 144 hommes se décomposent en 18 chefs de files, dont 6 caporaux, 54 piquiers et 72 mousquetaires, soit 126 hommes du rang. Chaque caporal est à la tête d’une escouade de 18 piquiers (3 files de 6 hommes) ou 24 mousquetaires (4 files de 6 hommes), la compagnie ayant 3 escouades de 18 piques et 4 escouades de 24 mousquetaires. L’état-major de la compagnie comprend un capitaine, un lieutenant, une enseigne, deux sergents, un maître d’arme (rüstmeister), un fourrier, un chef des couleurs (führer), un secrétaire, 3 tambours et 4 servants pour les officiers. Un document de 1631-32 prévoit ainsi, pour les 1008 soldats des 8 compagnies du régiment, 576 mousquets, 576 fourchettes, 576 bandoulières, 1008 épées, 1008 pots (casques), 432 piques, 432 “colliers d’armes”  (peut-être des gorgerins protégeant le haut du corps), 48 pertuisanes et 16 tambours. Le régiment des Gardes est formé de 8 compagnies organisées sur le même pied que les régiments provinciaux. Il sera reformé, en janvier 1645, en 20 compagnies complètes pouvant former 5 escadrons. Tous les escadrons sont à 4 compagnies, et chaque compagnie à 144 hommes, officiers compris, auxquels s’ajoutent 18 passe-volants. L’état-major d’un régiment comprend un colonel, un lieutenant-colonel, un major, un quartier-maître, 2 à 4 prédicateurs, 4 barbiers, 4 prévôts, 2 secrétaires, un maître des provisions, 2 “chevaliers” des provisions et un bourreau. Cet établissement est doublé pour le régiment des Gardes à partir de 1645.

Pour combattre, le régiment d’infanterie est théoriquement scindé en 2 escadrons de 500 hommes sur 6 rangs. Ces escadrons seront en fait, sous Gustave Adolphe, regroupés par trois et disposés en flèche, pour former la brigade suédoise des années 1630.  Selon Lord Rea, la brigade de 4 escadrons des années 1629-30 se forme à partir de 2 régiments, soit 2016 hommes. Les 864 piquiers et 1152 mousquetaires sont alors regroupés en 12 divisions de 72 piquiers et 12 divisions de 96 mousquetaires. Le premier escadron de la brigade, celui en pointe, compte 216 hommes (36 files de 6 hommes), et de 192 mousquetaires (16 files de 6 hommes) en soutien, derrière le bloc de piquiers. Sur chaque flanc de cet escadron sont disposés un bloc de 216 piquiers (36 files) avec son aile de 192 mousquetaires (32 files). Trois divisions de mousquetaires (288 hommes en 48 files) sont laissées en réserve. Les divisions restantes forment un quatrième escadron en soutien, qui sera abandonné par la suite. Une brigade suédoise occupera environ 90 mètres pour 142 files, chaque homme occupant un espace de 2 pieds.

Il s’agit bien sûr de chiffres théoriques qui vont évoluer à mesure de l’avancée de la campagne. Le comte Gualdo Priorato décrit l’armée suédoise à Breitenfeld, comme composée de six formations de 1 500 hommes totalisant 72 compagnies (soit 6 brigades de 12 compagnies) : Bannier (i.e. Baner), maréchal de camp, commandait l’infanterie de la première ligne faisant 19 000 hommes distribués en 6 bataillons (brigades) de 1500 hommes chacun, des régiments Axel-Lillie, Oxenstierna, Hasever, Teuffel, Erichhausen, Hall, Hohendorf & Winckel. Chaque bataillon était précédé de 5 pièces de canon de cuir bouilli de nouvelle invention, chargées à cartouche & faciles à transporter. Ces corps vêtus de casaques bleues & jaunes marchaient sous 72 enseignes de couleurs différentes aux armes de la Suède avec cette inscription en lettres d’or : Gustavus Adolphus Rex Fidei Evangelicae Defensor. Un an plus tard, à Lützen (1632), toujours selon Gualdo, les brigades suédoises seront formées à partir d’un nombre de compagnies variable, en fonction des effectifs : venaient ensuite 4 gros bataillons d’infanterie allemande et suédoise, assez espacés entre eux pour que ceux qui étaient derrière pussent y trouver place sans confusion. C’étaient les deux brigades noire et jaune, ainsi nommées de la couleur de leurs casaques, qui marchaient sous 28 enseignes (compagnies) aux armes de Suède ; auxquelles le roi avait joint les brigades bleue et verte formées de 18 compagnies des régiments de Winckel et Relingen et de celui de Bernard de Weimar mené par son lieutenant Wildenstein. À la tête de cette infanterie était le comte Nicolas Brahe de Wisinsbourg (colonel de la brigade jaune) qui marchait quatre pas en avant la pique à la main sous 26 enseignes de différentes couleurs et chargées de devises singulières. Au corps de bataille étaient 4 autres bataillons étendus sur un large front et disposés derrière les premiers de façon à pouvoir sans confusion remplir l’intervalle d’un flanc à l’autre. C’étaient 34 compagnies d’infanterie des régiments de Stechnitz, Brandtstein, Loewenstein, Steinbach et Anhalt, les colonels à leur tête marchant la pique à la main et vêtus tous de manière à être reconnus du soldat dans la mêlée. À Lûtzen, chacune des huit brigades suédoises compte en réalité de 1100 à 2 000 hommes avec une moyenne de 1 400 à 1 500 hommes. La réalité des effectifs va faire apparaître un manque criant de piquiers au fur et à mesure de la progression d’une campagne : un régiment possède en moyenne 32% de piques en mai 1631, pour 28% en septembre de cette même année ; puis 37% de piques en août 1632 pour 26% en novembre 1632. La brigade suédoise ne survivra pas à la défaite de Nördlingen (1634). À Wittstock, en 1636, Baner disposera ses bataillons de 850 à 900 hommes de manière classique, un bloc de 47 à 50 files de 6 piques flanqué de deux ailes de 47 à 49 files de 6 mousquets.

Gualdo atteste que les régiments suédois se distinguaient par la couleur de leurs casaques : à Breitenfeld, ces corps vêtus de casaques bleues et jaunes marchaient sous 72 enseignes ; et à Lutzen, c’étaient les deux brigades noire et jaune, ainsi nommées de la couleur de leurs casaques. Arkenholz rapporte pour sa part que, à Lutzen, où le régiment des Gardes fit des prodiges de valeur, le lendemain on voyait ces habits jaunes couchés sur le ventre, dans le même ordre où ils étaient en combattant. Les régiments colorés ne sont pas une initiative suédoise : ils proviennent à l’origine des régiments de Mansfeld qui passèrent auparavant au service du Danemark. Mansfeld avait ainsi à son service, en 1622, un régiment blanc, un régiment bleu & blanc, un régiment rouge, un régiment jaune et un régiment vert. Néanmoins ces couleurs faisaient probablement référence au drapeau plutôt qu’à un quelconque uniforme. Au début des années 1620, les tenues de l’infanterie suédoise étaient comparables à leurs homologues françaises, la laine non teinte étant dominante. Mais dès 1625 les Scandinaves semblent avoir revêtus leur infanterie d’une couleur distinctive. Les Danois ont ainsi, en 1625 et 1626, un régiment rouge et un régiment bleu dont les soldats portent des casaques de ces couleurs. Fin 1627, une lettre d’un observateur britannique confirme que Gustave Adolphe a vêtu ses soldats uniformément, le rouge, le jaune, le vert et le bleu étant cités. L’armée franco-weimarienne de Longueville et Guebriant comptait encore, en 1639-40, des régiments weimariens colorés, les régiments jaune, rouge & noir. Il s’agit des anciens régiments qui étaient auparavant à la solde suédoise.

La cavalerie de Gustave Adolphe compte, en 1631, 4 régiments suédois – Uppland, Östgötaland, Småland et Västgötaland – et 4 régiments finnois – Åbolän-Björneborg, Viborg-Nyslott, Tavastehus-Nyland, et un quatrième identifié dans mes sources – tous à 8 compagnies. S’ajoutent à ce total le régiment d’Ingermanland à 6 compagnies. Les 4 régiments suédois iront en Allemagne, et seront rejoints par un cinquième créé plus tard, Södermanland, alors que les Finlandais en formeront un à 8 compagnies. La compagnie de cavalerie suédoise ou finnoise compte théoriquement 115 hommes, se décomposant en un capitaine, un lieutenant, un enseigne, 2 caporaux, un fourrier, un secrétaire, un chapelain, un prévôt, un barbier-chirurgien, un forgeron, 2 trompettes et 102 soldats. En pratique, ces effectifs seront rarement atteints, et on ne compte que 50 à 80 chevaux par compagnie pour les régiments nationaux qui combattent en Allemagne, en 1631, seul le régiment finnois parvenant à 700 chevaux pour 8 compagnies. La cavalerie de Gustave Adolphe sera donc, comme son infanterie, principalement constituée d’unités allemandes. Les régiments allemands sont de taille variable, de 4 à 12 compagnies, chaque compagnie faisant théoriquement 111 hommes dont 12 officiers et sous-officiers.

Comme le dit l’auteur du Tableau militaire (Histoire des dernières campagnes de Gustave Adolphe, de Gualdo), les Suédois n’avaient que des cuirassiers & des dragons. Leurs cuirassiers n’étaient pas aussi pesamment armés que ceux de l’empereur. Effectivement, la cavalerie suédoise et finnoise est considérée par les observateurs contemporains comme Arquebusiers à cheval, par opposition aux cuirassiers plus lourdement armés. Ainsi, une liste de 1630 énumère 36 cornettes d’arquebusiers à cheval de Suède & Finlande, 2 cornettes d’Arquebusiers à cheval allemands et 80 cornettes de cuirasses allemandes.

Les cuirassiers suédois se protègent d’une demi-cuirasse à l’épreuve du mousquet et d’un pot (casque). Selon Gualdo, la cavalerie du roi de Suède ajoute un marteau à son armement : Ils avaient des cuirasses, des pistolets, de bonnes épées et des massues en fer qui d’un côté avaient un marteau et de l’autre un crochet pour tirer à bas le cavalier ennemi par ses habits ou par les boucles de son armure.

Les dragons ont un armement plus proche de celui de l’infanterie. Selon Gualdo, Ces dragons ou mousquetaires à cheval étaient tous gens choisis, robustes & d’une valeur reconnue. Leur fonction était de soutenir la cavalerie, & quand l’occasion s’en présentait, ils mettaient pied à terre dans un poste avantageux, & faisaient feu sur l’ennemi. S’ils n’étaient pas les plus forts, ils remontaient à cheval & regagnaient l’armée. Ils servaient d’escorte aux convois, formaient une embuscade à la hâte, battaient battaient l’estrade, montaient à l’assaut, enfin, il n’y a point à la guerre de services  que cette troupe ne rendit. Ces dragons étaient armés de mousquets ordinaires, dont la mèche était tournée sur un petit bois qu’ils fichaient à la têtière de leurs chevaux. Leur épée était courte, & à l’arçon de la selle pendait une petite hache qui servait à couper le bois, à abattre des palissades, &c. Au contraire des impériaux, les dragons suédois combattaient le plus souvent à cheval, quoiqu’ils missent pied à terre au besoin. Ils composaient la cavalerie légère de Gustave-Adolphe.

La cavalerie protestante combat en escadrons disposés sur 3 rangs de profondeur selon Montecuccoli, peut-être 4 rangs au début de la campagne, comme le prétend W. Harte. L’espace occupé par le cavalier est probablement de 3 pieds de front sur 10 de hauteur comme l’indique Schildknecht. En pratique, la profondeur de l’escadron devait dépendre des effectifs réels et de l’espace disponible. Gualdo évoque, à Breitenfeld, de gros escadrons de 1 000 chevaux : Leur aile droite que Gustave commandait en personne était de 4 000 chevaux en 4 gros escadrons, 2 d’allemands & 2 de finlandais. (…) Derrière le Roi marchaient les colonels Wunsch, Todt, Soop & Steinbock qui conduisaient cette cavalerie. Entre chaque escadron il y avait un intervalle de 100 pieds ou environ rempli par 200 mousquetaires d’élite pour faire feu sur la cavalerie ennemie avant qu’elle fut à la portée du pistolet. (…) Gustave Horn maréchal de camp des armées de Gustave commandait l’aile gauche & marchait à la tête de 4 000 cuirassiers, formant comme ceux de l’aile droite quatre gros escadrons des régiments de Horn, Callenbach, Baudis & Uslar. Dans leurs étendards au nombre de 52 verts & orangés on voyait un bras qui tenait une épée avec ces mots : Si Seus Pro Nobis, Quis contra nos (Si Dieu est pour nous, qui sera contre ?). Sur d’autres où il y avait une épée & un sceptre en sautoir on lisait ces mots : Ensem Gradivus, Sceptrum Themis Ipsa Gubernat (Mars gouverne l’épée & Themis tient le sceptre).

Gustave-Adolphe privilégie la charge à l’arme blanche : le cavalier doit faire feu dès qu’il parvient à portée de pistolet, puis mettre le sabre à la main, le choc ayant été facilité par cette première décharge. À Breitenfeld, selon Gualdo, Gustave entrait dans la mêlée comme le simple officier chargeait & culbutait les impériaux à la tête de ses Finlandais. Rien n’approcha de leur intrépidité. On les voyait s’encourager l’un l’autre, donner dans les escadrons ennemis, revenir à la charge, les enfoncer, les traverser & y mettre un si grand désordre que les cuirassiers de l’empereur ne firent pas même la retraite. La charge devait se réaliser à l’épée, la pointe en avant, en visant la gorge. Mais Arkenholz rapporte que Gustave Adolphe dit à ses cavaliers, le jour de Breitenfeld : Si vos épées ne peuvent percer les cavaliers Impériaux, à cause du fer dont ils sont couverts, enfoncez-les dans le poitrail des chevaux.

Aquarelles de K.A. Wilke

Stéphane Thion

Armée du Maréchal de Châtillon, 1639-1641

Armée du Maréchal de Châtillon, 1639-1641

 

Le maréchal de Châtillon ne fut pas un grand général. Mais, selon Tallemant des Réaux, le cardinal de Richelieu lui a donné de l’emploi faute d’autre, car je ne crois pas qu’il trouvât trop bon que le maréchal fût le seul qui ne l’appelât que Monsieur, et il n’était pas persuadé qu’il fût à lui. Ainsi, Châtillon fut nommé à la tête de l’armée de Picardie avant de prendre l’armée de Champagne.

 

L’armée de Picardie en mai et juin 1639

Voici deux états de l’armée de Picardie du maréchal de Châtillon, en mai et juin 1639. Le second est tout particulièrement intéressant puisqu’il éclaire sur l’état d’équipement des compagnies de cavalerie (armées du pot et de la cuirasse ou non armées).
État de l’Armée du Roy commandée par Monsieur le Maréchal de Châtillon, du vingt-septième May mil six cent trente neuf.
INFANTERIE
 – Gardes, 10 compagnies.
 – Maréchal de Brezé, 20 compagnies.
 – Genlis.
 – Roncheroles.
 – La Saludie.
 – Verveins.
 – Mignieux.
 – Le Vidame.
 – Aubeterre.
 – Biscaras.
 – Longueval.
CAVALERIE
– Gendarmes de Monsieur.
– Gendarmes de Guiche.
 – Régiment de chevaux-légers du Comte d’Alais (11 compagnies). Compagnies Colonelle, Lauriere, Saint-Germain Beaupré, La Force, Angoulême, Francieres, La Pierre, La Courbe, Châtillon, Vieupont, Naucourt (Mousquetaires).
 – Régiment de chevaux-légers de Guiche (9 compagnies) : Compagnies de Guiche, Saint-Megrin, Hailly, Roquelaure, Linville, Ayen, Dorthe, Recy (Mousquetaires), Beaufort (Mousquetaires).
 – Régiment de chevaux-légers de la Ferté-Imbaut (8 compagnies) : Compagnies Ferté-Imbaut, Marainville, La Sale, Mosny, Choiseul, De Fontaine, Du Flos (Mousquetaires), Monchaton (Mousquetaires).
–  Régiment de chevaux-légers de Brouilly (9) : Compagnies Brouilly, Potiniere, Esclamviliers, Grand-pré, Baron de Brouilly, Chevrieres, Buqueville, et deux compagnies de mousquetaires (nom des capitaine manquant).
 – Régiment de chevaux-légers de Gesvres (8 compagnies) : Compagnies Gesvres, Bourry, Bazoche, Bouflers, Querieux (ou Curieux), Langtot, Du-Val (Mousquetaires), La-Pierre (Mousquetaires).
 – Régiment de chevaux-légers de Cursol (6 compagnies) : Compagnies Cursol, La Coste, La Fare, Puizol, Roquefou, Verdié.
 – Régiment de cavalerie étrangère Baron d’Egenfeld.
 – Régiment de cavalerie étrangère de Fittingost.
 – Régiment de cavalerie étrangère de l’Eschelle.
 – Régiment de cavalerie étrangère de Rucon.
 – Régiment de cavalerie étrangère de Sirot (3 compagnies).
 – Compagnies de carabins Recy et Monsou.
Extrait de la revue des troupes, tant de cavalerie que d’infanterie de l’Armée du Roy, commandée par Monsieur le Maréchal de Châtillon.
INFANTERIE
 – Gardes 10 compagnies : 1200 hommes, compris 100 mousquetaires envoyés à Rocroy.
 – Maréchal de Brezé, 20 compagnies, 1100 hommes.
 – La Saludie, 11 compagnies, 600 hommes.
 – Le Vidame, 19 compagnies, 700 hommes.
 – Longueval, 18 compagnies, 750 hommes.
–  Mignieux, 17 compagnies, 700 compris les 50 envoyés à Rocroy.
 – Monmège, 250 hommes.
 – Verveins, 20 compagnies, 900 compris 200 à Cateau et 50 à Rocroy.
–  Roncheroles, 19 compagnies, 800 hommes.
 – Genlis, 19 compagnies, 700 hommes.
 – Suisses, 3 compagnies, 400 hommes ; On attend pour joindre à ce corps la compagnies du colonel Molondin de 150 hommes.
Les régiments de Biscaras, d’Aubeterre et de Saint-Aubin sont absents.
Total de l’infanterie 8100 hommes. C’est sans comprendre les officiers.
CAVALERIE
– Gendarmes de Monsieur, 166 (maîtres).
– Gendarmes de Guiche ne sont arrivés.
– Régiment de chevaux-légers Colonel (Comte d’Alais, 12 compagnies) : Compagnies Colonelle (78 armés), Châtillon (50 attend recrue non armés), La Force (60 armés), Saint-Germain Beaupré (69 armés), Angoulême (67 armés), La Pierre (60 non armés), La Courbe (24 non armés), Francieres (58 non armés), Laurieres (44 non armés), Vieupont (64 arrivent aujourd’hui), Viantais (63 partie armés), Mousquetaires (de Naucourt, 61 de sac d’épée). Total du régiment : 699.
– Régiment de chevaux-légers de la Ferté-Imbaut (8 compagnies) : Compagnies Maître de Camp (65), Marainville (67), La Salle (65), Mosny (66 armés), Choiseul (71), Des Fontaines (71), Du Flos (Mousquetaires 60), Monchaton (Mousquetaires 68). Total du régiment : 533.
– Régiment de chevaux-légers de Guiche (8 compagnies) : Compagnies Maître de Camp (80), Saint-Megrin (48 non armés), Roquelaure (73), Dorthe (67 armés), Linville (absents), Ayen (absents), Heilly (36 n’ayant point eu de recrue à cause du capitaine), Mousquetaires (66). Total du régiment : 370.
– Régiment de chevaux-légers de Cursol : En tout 200 Maîtres non armés, les recrues ne sont arrivées.
– Régiment de chevaux-légers de Brouilly (7) : Compagnies Brouilly père (70), Brouilly fils (33), La Potiniere (55 armés), Esclamviliers (51), Grand-pré (58), Chevrieres (absents), Buqueville (absents). Total du régiment : 267 maîtres.
– Régiment de chevaux-légers de Gesvres (8 compagnies) : Compagnies Maître de Camp (57 armés), Bourry (70), Bazoche (63), Curieux (63 non armés), Langtot (63 non armés), Bouflers (68), Mousquetaires La-Pierre (absents), Mousquetaires Du Val (54). Total du régiment : 438 maîtres.
– Carabins : Compagnies de Recy (50) et Monsou (55). Total : 105 carabins.
Total de la cavalerie française : 2778.
CAVALERIE ETRANGERE
– Régiment d’Egenfeld : 2 compagnies (148 armés), Boucy compes (60 non armés).
– Régiment de Bussy-Helmoru (5 compagnies) : Compagnies Colonelle (56), Buy (54), Raucourt (63), De Guerre (69), Balensac (52). Total du régiment : 294.
– Régiment de L’Eschelle : 6 compagnies (250 maîtres non armés, n’ont point eu de recrue).
– Régiment de Sirot (3 compagnies) : Compagnies Colonelle (60 non armés), Mommenet (32 armés), Major (7 armés). Total du régiment : 162 maîtres.
– Régiment de Fittingost : 6 compagnies (400 maîtres non armés).
Total de la cavalerie étrangère : 1314.
Total de la cavalerie tant française qu’étrangère : 4092 chevaux.
Fait à Vervins le 9 juin 1639.

Signé Châtillon.

L’armée de Picardie le 24 avril 1640

INFANTERIE

Gardes Françaises, 10 compagnies, 1500 hommes

Gardes Suisses, 5 compagnies, 800 hommes

Piémont, 20 compagnies, 1200 hommes

Bourdonné, 20 compagnies, 1200 hommes

Maréchal de Brézé, 20 compagnies, 1200 hommes

Bausse (ou Beausse), 20 compagnies, 1200 hommes

Le Vidame, 20 compagnies, 1200 hommes

Mesdavid, 20 compagnies, 1200 hommes

Canisy, 20 compagnies, 1000 hommes

Longueval, 20 compagnies, 1000 hommes

Vervins, 20 compagnies, 1000 hommes

La Feuillade, 20 compagnies, 1000 hommes

Espagny, 20 compagnies, 1000 hommes

Migene, 20 compagnies, 1000 hommes

Du Tot, 20 compagnies, 1000 hommes

Watteville Suisses, 20 compagnies, 1000 hommes

Total : 17 500 hommes (NDR: les effectif sont bien sûr théoriques)

CAVALERIE LEGERE

Régiment Colonel avec les compagnies Colonelle (60h), Angoulême (60h), Laurieres (60h), Viantez (60h), La Force (60h), Francieres (60h), Saint-Germain-Beaupré (60h), La-Pierre (60h), Vieux-Pont (60h) et Châtillon (60h)

Régiment de Praslin avec les compagnies Praslin (60h), Maître de Camp (60h), La Rente (60h), Chambort (60h), Le Moine (60h), D’Arnicourt (60h) et Brizon (60h)

Régiment de Dosmont avec les compagnies Dosmont (60h), Villequier (60h), Lannoy (60h), Fourrilles (60h), Vaudremont (60h) et Grandmont (60h)

Régiment de la Ferté-Imbaut avec les compagnies La Ferté-Imbaut (60h), Rochefort (60h), Mosny (60h), Choiseul (60h), Des Fontaines (60h) et La Salle (60h).

Régiment de la Clavière avec les compagnies La Clavière (60h), Rochefort (60h), Edouville (60h), D’Andresy (60h), Bourry (60h), et Richemont (60h)

Régiment d’Aubay avec les compagnies d’Aubay (60h), Vignoles (60h), Gueilar (60h), Ornezon (60h) et Aviargues (60h).

Total : 2400 h (NDR: effectifs tous théoriques encore !)

REGIMENTS ETRANGERS

Régiment d’Egenfeld avec les compagnies Egenfeld (60h), Mazot (60h), Ferdinand (60h), Valence (60h), Lieutenant-Colonel (60h) et Caltoff (60h)

Régiment de Seillart avec les compagnies Seillart (60h), Lieutenant-Colonel (60h), Le Major (60h), Lestoff (60h), Valentin (60h) et Flich (60h)

Régiment de Hums avec les compagnies Colonelle (60h), Lieutenant-Colonel (60h), Abraham (60h), Frederic (60h), Iambron (60h) et Depuis (60h)

Régiment de Bouillon avec les compagnies Colonelle (60h), Lieutenant-Colonel (60h), Major (60h), Bouillon (60h), Aubinei (60h) et Chaumont (60h)

Régiment Notaff avec la compagnie Notaff (60h), et 3 autres compagnies de 60h.

Total : 1620 h

Total de la cavalerie de l’armée : 4020 h (NDR: effectifs tous théoriques encore !)

 

L’armée de Champagne en mai 1641

Etat des troupes tant d’infanterie que de cavalerie dont sera composée l’armée du Roy en Champagne, commandée par monsieur le Maréchal de Châtillon

 

INFANTERIE

Régiment de Saint-Luc, 20 compagnies, 1200 hommes

Régiment de La Feuillade, 20 compagnies, 1200 hommes

Régiment de Bussy-Lamet, 20 compagnies, 1200 hommes

Régiment d’Uxelles, 20 compagnies, 1200 hommes

Régiment de Beausse (ou Bausse), 30 compagnies, 1700 hommes

Régiment de Bourgogne, 20 compagnies, 1000 hommes

Régiment de Roussillon, 20 compagnies, 1200 hommes

Régiment de Bussy-Rabutin, 20 compagnies, 1200 hommes

Régiment de Nettancourt, 20 compagnies, 1000 hommes

Régiment de Lesdiguières, 20 compagnies, 1000 hommes

Régiment de Lusignan, 20 compagnies, 1200 hommes

Total infanterie : 13 100 hommes

Régiments d’infanterie étrangers dont il manque l’effectif :

Régiment de Douglas, 23 compagnies

Régiment de Dowal, 10 compagnies

Régiment de Belins, 15 compagnies

Régiment de Fisvillian, 10 compagnies

CAVALERIE

Compagnies de gendarmes :

Gendarmes de la Reine, 150 chevaux

Gendarmes de Monsieur, 150 chevaux

Gendarmes Ecossais, 50 chevaux

Gendarmes d’Angoulême, 80 chevaux

Gendarmes d’Hallincourt, 70 chevaux

Chevaux-légers :

Compagnie de la Reine, 70 chevaux

Compagnie de Monsieur, 70 chevaux

Compagnie de Monsieur le Prince, 70 chevaux

Régiment de Praslin, 6 compagnies, 420 chevaux

Régiment de Terrail, 6 compagnies, 420 chevaux

Régiment de Brouilly, 4 compagnies, 280 chevaux

Régiment de Lignon, 3 compagnies, 210 chevaux

Régiment de Linars, 4 compagnies, 280 chevaux

Carabins :

Régiment de carabins d’Arnaud, 12 compagnies, 720 chevaux

 

Cette armée va être rejoint par les régiments d’infanterie de Piémont (1400 hommes), d’Andelot (1000 hommes espérés), le régiment de cavalerie de Roquelaure.

Il s’agit bien sûr d’effectifs théoriques.

 

L’armée de Champagne le 3 juin 1641

Extrait de la revue générale des troupes emporté par Monsieur des Touches, s’en retournant à la Cour.

INFANTERIE

Piémont, 27 compagnies, 1293 h

Saint-Luc Persan, 20 compagnies, 666 h

Bussy-Lamet, 20 compagnies, 746 h

Bausse d’Andelot (ou Beausse d’Andelot), 28 compagnies, 964 h

Du-Glas, 23 compagnies, 646 h

Cargret, 19 compagnies, 672 h

Nettancourt, 7 compagnies, 296 hommes

Uxelles, 20 compagnies, 385 hommes

Bussy-Rabutin, 19 compagnies, 636 hommes

Chalancey, 20 compagnies, 559 hommes

La Feuillade, 20 compagnies, 186 hommes

Lusignan, 17 compagnies, 96 hommes

Total : 7145 hommes

CAVALERIE

Gendarmes de la Reyne, 136 h

Gendarmes de Monsieur, 123 h

Gendarmes Ecossais, 34 hommes

Gendarmes d’Angoulême, 66 hommes

Sous-total Gendarmes : 359 h

Chevaux légers de la Reyne, 39 hommes

Chevaux légers de Monsieur, 42 hommes

Chevaux légers de Monsieur le Prince

Sous-total Chevaux légers garde : 151 h

CAVALERIE LEGERE

Régiment de Praslin avec compagnies Praslin (59), Maître de Camp (52), Chambort (56), Arnicourt (64), Le Moine (56), Radois (31) et des Reaux (59) pour un total de 374 h

Régiment de Brouilly avec compagnies Brouilly père (56), Brouilly fils (64), Esclaincullières (63) et Grand-Pré (53) pour un total de 236 h

Régiment de Lignon avec compagnies Lignon (61), du Hamel (56) et La Renouillere (61) pour un total de 178 h

Régiment de Linars avec compagnies Linars (58), Montagnac (32), Champagnac (36) et Savignac (31) pour un total de 157 h

Régiment de Roquelaure avec compagnies de Roquelaure (58), du Hamel (65), Biran (42) et Daussy (37) pour un total de 202 h

Régiment du Terrail avec compagnies du Terrail (46), Torigny (66), Chambaut (50), Ternes (14), Guron (26) et Saint-Vincent (48) pour un total de 250 h

Régiment d’Ergenfeld avec compagnies d’Ergenfeld (85), D’Ergenfeld fils (41), Calthoffe (77), Bouc (55), Lesguille (45) et Grotviet (36) pour un total de 319 h

Carabins d’Arnault avec compagnies Arnault (52), Maubuisson (41), du Pré (44), Recy (48), du Pin (39), du Clau (48), Bonnières (50), Monsou (39) et Clerget (41) pour un total de 403 h

Total de la cavalerie : 2313 h

Total de toute la cavalerie : 2632 h

C’est sans comprendre les Officiers, tant à la cavalerie qu’à l’infanterie, sinon qu’à la cavalerie, les petits Officiers sont compris.

(NDR : Il s’agit là d’effectifs réels au bout de 2 mois de campagne).

Source : Histoire de la maison de Coligny

Stéphane Thion

La bataille de Breitenfeld (17 septembre 1631)

La bataille de Breitenfeld (17 septembre 1631)

La bataille de Breitenfeld : le coup de tonnerre de Gustave Adolphe

1630. La série de victoires remportées par ses armées a consolidé la position de l’empereur Ferdinand II de Habsbourg. La Montagne blanche (1620), Wimpfen et Höchst (1622), Stadtlohn (1623), pont de Dessau et Lutter-am-Barenberg (1626), la conquête du Holstein, du Mecklembourg et de la Poméranie par Tilly et Wallenstein (1627), l’occupation du Jutland (1628) sont autant de succès qui assurent l’assise du parti catholique en Allemagne. A tel point que l’empereur Ferdinand II demande à une commission de préparer, en octobre 1628, un édit de restitution. Si cet édit n’a pas pas pour objet de modifier les libertés religieuses des princes et villes libres d’Allemagne, il veut exiger de ces princes la restitution à l’Église tous les biens ecclésiastiques qui lui avaient appartenus avant 1552. Cet édit est publié officiellement le 28 mars 1629. En parallèle, dès janvier, des pourparlers de paix avaient été engagés avec le roi du Danemark : ils vont aboutir au traité de paix de Lübeck, le 7 juin 1629, qui met fin à la phase danoise de la guerre de Trente Ans. Mais ce traité, qui préserve relativement les intérêts du Danemark grâce à la modération de Wallenstein, va mécontenter le roi de Suède. Celui-ci voit d’un mauvais œil les Impériaux prendre pied sur la Baltique. Dans le même temps, les princes catholiques, mécontents des excès provoqués par les armées impériales, réclament auprès de l’empereur le renvoi de Wallenstein, alors généralissime des armées. Ils vont obtenir gain de cause puisque le Collège électoral, réuni à Ratisbonne par l’Empereur (juillet-août 1630), décide le 13 août de révoquer Wallenstein.

Entre 1621 et 1629, l’attention et les forces armées du roi de Suède étaient mobilisées contre la Pologne, dont le roi Sigismond était cousin de Gustave-Adolphe mais de confession catholique. Le 26 septembre 1629, poussés par les représentants de la France et de l’Angleterre, Gustave-Adolphe et Sigismond signent le traité de paix d’Altmatk. Les conditions sont enfin réunies pour une intervention suédoise en Allemagne. Le 13 mai 1630, Gustave-Adolphe annonce à la diète suédoise sa volonté de se porter au secours des princes protestants allemands. Un peu moins de deux mois plus tard, il débarque près de Wolgast, dans l’ile d’Usedom à la tête d’une armée de quinze mille hommes.

L’armée suédoise : Un outil moderne

L’armée de Gustave-Adolphe, formée de paysans bien entraînés dans le respect de la discipline et des traditions religieuses se distingue par sa souplesse. Inspirée par les enseignements tactiques hollandais et français, équipée de mousquets légers et de canons légers régimentaires, les unités suédoises allient rapidité de manœuvre et puissance de feu. Sur le champ de bataille, le régiment d’infanterie est habituellement scindé en deux « escadrons » d’un peu plus de 500 hommes. Mais peu avant Breitenfeld, Gustave-Adolphe va innover, en entrainant son infanterie à former la fameuse brigade suédoise, formée de trois ou quatre escadrons. De son côté, le régiment de cavalerie suédois, composé de 500 chevaux, se déploie en deux escadrons pour combattre.

Ces hommes, endurcis par le dur climat de Scandinavie, vont être commandés par un leader exceptionnel. Tilly dira ainsi de Gustave-Adolphe qu’il est « un ennemi aussi intelligent que brave, endurci à la guerre, dans la fleur de l’âge. Ses préparatifs sont excellents, ses moyens, considérables. C’est un joueur contre lequel le fait de ne pas avoir perdu constitue déjà un grand gain ». Effectivement, du débarquement de 1630 jusqu’à la bataille de Breitenfeld, le roi de Suède va montrer de réelles qualités de stratège : grand meneur d’hommes, méthodique, rigoureux, ayant le sens de la décision, il va se révéler un adversaire à la hauteur de Tilly.

Les troupes que mobilisent le roi de Suède sont alors importantes : aux 15 000 hommes débarqués sur l’ile d’Usedom, qui ont été rejoints par 5 000 hommes des garnisons, s’ajouteront bientôt 47 000 hommes venant de Prusse, de Suède, de Finlande et de Riga. Face à Gustave-Adolphe, l’Empire aligne les 39 000 hommes non démobilisés de Wallenstein, maintenant commandés par Torquato de Conti et Savelli, et les 30 000 hommes de Tilly.

Tilly généralisme de l’armée impériale

Le 19 août 1630, Gustave-Adolphe offre la bataille à Torquato de Conti. Mais celui-ci la refuse, conscient des faiblesses de son armée dont les hommes désertent en masse. Gustave fait alors bloquer Landsberg, entreprend le « nettoyage » de la Poméranie, puis, le 25 août, parvient enfin à prendre la ville et le château de Wolgast. L’Empereur, inquiet des progrès du suédois, rappelle début septembre son armée d’Italie. Le roi de Suède en profite pour prendre Greiffenberg, le 11 septembre, et envoie un corps assiéger  Colberg (aujourd’hui, Kolobrzeg, en Pologne). Il en expédie un second en Basse-Saxe, afin d’épauler le duc de Saxe-Lauenbourg, Francis-Charles, qui avait levé un corps pour les ducs de Mecklembourg. Mi-octobre, le roi de Suède entreprend le siège de Rostock et inflige une défaite à Savelli. Ses succès en Poméranie et dans le Mecklembourg lui permettent de voir ses rangs grossir des anciens mercenaires de Mansfeld, Brunswick, de Christian IV de Danemark et même de Wallenstein. Le 22 novembre, Gustave-Adolphe envoie Falkenberg à Magdebourg pour soutenir les défenseurs. Car Tilly, tout juste nommé généralissime de l’armée impériale en remplacement de Torquato de Conti, avait envoyé Pappenheim entreprendre le blocus de la ville, alors placée sous la protection du roi de Suède.

C’est le 23 janvier 1631 qu’est signé le traité de Bärwalde entre la Suède et la France. Ce traité est important pour la Suède qui obtient ainsi de Richelieu un subside d’un million de livres pour entretenir une armée contre l’Empereur. Fin janvier, alors que Tilly avance sur Francfort-sur-l’Oder pour y joindre le corps de Schaumburg, Gustave Adolphe demande à Horn ses mouvements. Apprenant que le général impérial se dirige vers la Poméranie, il interrompt sa marche vers le sud pour revenir en Mecklembourg. Il prend alors Neubrandebourg et déloge la garnison de Treptow. Puis il assiège Demmin et prend Löitz. Pendant que Tilly hésite à intercepter les suédois, ne souhaitant pas s’éloigner de Magdebourg, Gustave-Adolphe prend Mallin, Friedland et Westrow.

Fin février, Tilly progresse entre Francfort-sur-l’Oder et le Mecklembourg. Gustave Adolphe place alors Baner à Demmin, Kniphausen à NeuBrandebourg, Ortenberg à Treptow, Horn à Friedland, lui-même restant dans les environs de Pasewalk, pour garder l’Oder et la Poméranie. Ayant appris l’abandon de Demmin, place clé du Mecklembourg, par le duc de Savelli, Tilly réagit. Il reprend Neubrandebourg le 19 mars, après cinq jours de siège. Puis il prend Friedland mais échoue devant Treptow. Gustave-Adolphe dresse alors son camp entre Treptow et Demmin. Selon Monroe, c’est là qu’il aurait entrainé son infanterie à former la brigade suédoise pour la première fois. Puis il traverse la Warthe et prend Zednick. Pendant ce temps, Tilly avance vers Demmin sans l’attaquer puis se retire vers Francfort-sur-l’Oder après avoir renforcé Landsberg. Il se décide alors à marcher sur Magdebourg. De son côté, Gustave-Adolphe est déterminé à prendre Francfort : Celle-ci tombe le 12 avril, après seulement vingt-quatre heures de siège.

La perte de Francfort-sur-l’Oder est un revers pour Tilly. Ses conséquences vont se révéler désastreuses pour le parti catholique. Car les princes protestants allemands commencent à reprendre confiance. Déjà, le duc Bernard de Saxe-Weimar se déclare pour le parti suédois. Fin janvier 1631, les Electeurs de Saxe et de Brandebourg avaient d’ailleurs convoqué à Leipzig une assemblée générale des états protestants. Cette assemblée va donner lieu, deux mois plus tard, à la signature d’une résolution dans laquelle les états évangéliques demandent la révocation de l’Edit de Restitution, le retrait des troupes impériales des places protestantes et ordonnent le recrutement d’une armée de 40 000 hommes dans l’hypothèse où l’Empereur refuserait d’accéder à leurs demandes.

Du drame de Magdebourg à la bataille de Breitenfeld

Après Francfort, c’est maintenant Landsberg qui tombe aux mains du roi de Suède. Le Mecklembourg et la Poméranie ainsi assurés, la voie vers la Silésie lui est désormais ouverte. Tilly, n’ayant pu secourir Landsberg, se concentre sur Magdebourg où il arrive fin avril. Depuis novembre, Pappenheim assiégeait la ville avec plus ou moins de succès. Apprenant le départ de Tilly, Gustave-Adolphe écrit à Falkenberg de patienter jusqu’à son arrivée. Car lui-même se trouve alors à Berlin, pour tenter de convaincre l’Electeur de Brandebourg de rejoindre son parti. Puis il rencontre l’Electeur de Saxe pour le convaincre lui aussi de former une coalition. En vain. Après plusieurs assauts, Falkenberg fait évacuer les faubourgs de Magdebourg. Le 20 mai, Tilly envoie un ultimatum à la ville. L’assaut ayant été donné, les impériaux pénètrent dans la ville. C’est le massacre. A la tuerie s’ajoute un terrible incendie. Le bilan est lourd : entre vingt et vingt-cinq mille morts selon les historiens.

Le sac de Magdebourg va marquer les esprits. Même les princes protestants les plus réticents, comme l’Electeur Georges-Guillaume de Brandebourg, vont bientôt rallier le parti suédois. Ayant pris connaissance de la nouvelle, Gustave-Adolphe quitte Postdam pour tenter d’intercepter la retraite de Tilly. Il prend Altbrandebourg et Ratenau, reconnaît le pays de Magdebourg et reprend Werben et Borg.

Début juin, après avoir échappé à une embuscade dressée par Pappenheim, Gustave-Adolphe sécurise les ponts de Dessau et de Wittemberg sur l’Elbe. Puis il obtient de Georges-Guillaume de Brandebourg la ville de Spandau, dont il a besoin comme centre de ses opérations, ainsi que l’ouverture de Custrin à ses troupes. Il retourne ensuite à Stettin par le fleuve et publie ses excuses concernant Magdebourg (22 juin).

L’Electeur de Saxe et le Landgrave de Hesse-Cassel levant des troupes, Tilly se tourne alors contre ce dernier. Il part occuper Erfurt et il envoie Fugger et Fürstenberg envahir le Hesse-Cassel. Fin juillet, quatre des meilleurs régiments impériaux de Pappenheim se font ruinés par les suédois dans le pays de Magdebourg, provoquant le retour du généralissime impérial. Le roi de Suède prend alors une forte position à Werben. Tilly marche contre lui mais, impuissant face à des suédois solidement retranchés, il préfère attendre à Womirstädt le corps de Fürstenberg. Fin juillet, Tilly avait reçu de l’Empereur l’autorisation d’agir contre l’Electeur de Saxe dont le comportement était suspect. Il part donc le 20 août pour la Saxe. Après avoir signé, le 22 août, un traité avec le Landgrave de Hesse-Cassel, Gustave-Adolphe reçoit des appels à l’aide de l’Electeur de Saxe, qui se trouve alors à Torgau. Celui-ci, après avoir passé en revue sa nouvelle armée de 20 000 hommes, doit déjà défendre les rives de l’Elbe. Il parvient à prévenir la traversée du fleuve par Fürstenberg mais pas le ravage de Misnia par Pappenheim.

Début septembre, Tilly remonte prend Merfberg, Naumburg et Zeitz puis se présente devant Leipzig, exhortant la ville à se rendre. Au même moment, Gustave Adolphe progresse vers Ratenau et Altbrandebourg. Enfin, il arrive le 10 septembre à Coswick où le feldmarschall saxon von Arnim (ou Arnheim) confère avec lui. Le 13 septembre, à Döbein, alors que Tilly investit Leipzig, Gustave-Adolphe réalise sa jonction avec l’Electeur de Saxe. Le 16 septembre, Tilly présente par letrte la bataille au roi de Suède. Acceptant le défi, le roi de Suède marche le lendemain sur Leipzig. Prévoyant, Tilly fait mettre le feu au village de Podelwitz par où les Suédois doivent passer, pour « leur en faire boire la fumée ». Puis il place le comte de Pappenheim à sa gauche et Fürstenberg à sa droite. Erwitte est en réserve avec 2 000 cavaliers. Tilly – ou plutôt Pappenheim qui lui aurait forcé la main – n’ayant cru bon d’attendre les renforts d’Aldringer, ce sont moins de 32 000 impériaux et bavarois qui vont affronter plus de 22 000 « suédois » – en réalité une majorité d’allemands – et 18 000 saxons.

De son côté, le roi de Suède met ses troupes en ordre, « prend la droite lui-même, donne la conduite de la bataille à Teuffel, la gauche à Horn ». Baner est chargé de soutenir l’aile droite, Hall, l’aile gauche et Hebron (ou Hepburn) le centre. L’armée saxonne de Jean-Georges occupe l’extrême gauche du dispositif. Arnim commande la cavalerie saxonne de l’aile droite, Bindauf la cavalerie de l’aile gauche et le duc de Saxe-Altenbourg l’infanterie au centre.

17 septembre 1631 : la bataille

Tilly avait le désavantage du nombre, mais sa position, adossée une colline, était excellente. Vers midi, le généralissime salue l’arrivée de l’armée alliée par une canonnade de ses 26 pièces d’artillerie. Les Suédois répondent alors, par un feu terrible et incessant. Que ce soit de sa propre initiative ou non, nous ne le saurons jamais. Mais vers 14 heures, Pappenheim, « qui menait la fleur de la cavalerie de Tilly », attaque l’aile du roi de Suède. Reçus par le feu des mousquetaires puis, une fois en désordre, chargés par les cavaliers suédois, les impériaux sont repoussés. Pourtant, Pappenheim ne se laisse pas abattre : laissant quelques régiments pour couvrir sa manœuvre, il entreprend de contourner l’aile droite suédoise. Gustave-Adolphe lui répond en incurvant sa ligne. Et cette seconde tentative est repoussée tout aussi vertement que la première. Vers 16 heures, les régiments de Pappenheim, épuisés par sept attaques consécutives, ne pourront résister à la contre-offensive de la droite suédoise.

Dans le même temps, Tilly avait donné l’ordre à Fürstenberg d’attaquer l’aile gauche ennemie. Celui-ci enfonce quelques escadrons saxons. La cavalerie de Bindauf rompue, l’infanterie saxonne lâche pied à son tour. Seuls, les régiments de cavalerie Arnim et Taub feront bonne figure, servant jusqu’à la fin, en soutien de l’aile gauche suédoise.

Les Saxons en déroute, Tilly a maintenant l’opportunité de prendre l’aile gauche suédoise de flanc. Malheureusement pour lui, Fürstenberg ne parvient pas à maitriser ses cavaliers qui poursuivent les fuyards et pillent les chariots. Il lui reste cependant la réserve d’Erwitte, soit cinq régiments de cavalerie, et toute son infanterie. Il fait avancer sa bataille, « en laquelle étaient ses vieux régiments accoutumés de vaincre », soutenue par les cavaliers d’Erwitte. Ayant donné l’ordre à la moitié de ses tercios de fixer le centre suédois, Tilly tente alors de déborder la gauche avec l’autre moitié de son infanterie.

Face à lui, Horn va parfaitement gérer la situation : il fait pivoter sa cavalerie à angle droit pour faire face à la menace et demande le soutien de la seconde ligne d’Hepburn. Les régiments Neu Pappenheim et Goess font maintenant face à la brigade verte écossaise d’Hepburn et à la brigade blanche allemande de Vitzthum. Après avoir fait tirer à mitraille leurs canons régimentaires, les écossais retiennent leur feu avant de délivrer une salve terrible sur la profonde formation catholique. Les vétérans de Tilly stoppent leur progression, hésitants. C’est alors qu’une seconde salve suivie d’une charge des écossais à raison des nerfs de Neu Pappenheim. C’est la déroute. Sur la droite des écossais, les brigades blanche et bleue vont obtenir un résultat comparable. Enfin, les cavaliers de Horn, bien commandés et soutenus par des unités de mousquetaires, ne feront qu’une bouchée des régiments d’Erwitte.

Tilly n’a plus ni aile droite, ni aile gauche. Et il ne lui reste qu’un seul régiment de cavalerie, Cronberg. Pire, vers 17 heures, le généralissime lui-même est blessé d’un tir de mousquet au bras et d’un coup de sabre à la tête. Heureusement pour lui, les cavaliers de Cronberg vont intervenir, parvenant à extraire leur général en chef du champ de bataille.

Il est 18 heures. Les régiments Balderon-Dietrichstein, Goess, Blankhart et Chiesa sont encore les seules unités impériales en état de combattre. Ils gagnent la bordure du bois de Linkelwald pour tenter une dernière résistance. Mais la mitraille et les salves de mousqueterie parviennent à en venir à bout.

A 19 heures, la bataille est terminée. Tilly, s’enfuit vers Halle avec ses rescapés, couvert par 1 400 cavaliers que Pappenheim est parvenu à rassembler. Les pertes sont énormes du côté catholique (7 600 tués et 9 000 prisonniers), comparées à celles des protestants (2 100 « suédois » et 3 000 saxons).

 

Ordre de bataille impérial : Tilly

(21 400 fantassins en 14 bataillons, 9 900 cavaliers en 22 escadrons et 26 canons)

Aile droite : Fürstenberg (1200 fantassins en 1 bataillon et 4100 cavaliers en 10 escadrons)

Régiment d’infanterie Wrangler (10 compagnies, 1200 hommes, 1 bataillon)

Régiment de cavalerie Cronberg (8 compagnies, 850 hommes, ligue catholique)

Régiment de cavalerie Schonberg (9 compagnies, 900 hommes, ligue catholique)

Régiment de cavalerie Baumgarten (5 compagnies, 500 hommes, ligue catholique)

Régiment de cuirassiers Alt-Saxe (10 compagnies, 300 hommes)

Régiment d’arquebusiers montés Wengersky (600 hommes)

Croates d’Isolano (950 hommes)

Soit un escadron classique avec mousquet vétéran, 7 unités de cuirassiers, dont 5 vétérans (régiments Cronberg, Schonberg et Baumbarten en 5 escadrons), et 5 unités de cavalerie légère (light horse), pistolet, vétéran.

Fürstenberg est général en chef et Isolano commande les croates.

Centre : Schonberg (18 700 fantassins en 12 bataillons et 26 canons)

Régiment d’infanterie Chiesa (12 compagnies, 1000 hommes, 1 bataillon)

Régiment d’infanterie Gallas (10 compagnies, 900 hommes, 1 bataillon)

Régiments d’infanterie Furstenberg et New-Saxon (10 compagnies, 1100 hommes, 1 bataillon)

Régiments d’infanterie Baldiron et Dietrichstein (11 compagnies, 1100 hommes, 1 bataillon)

Régiment d’infanterie Alt-Tilly (10 compagnies, 2200 hommes, 1 bataillon, ligue catholique)

Régiment d’infanterie Geleen (10 compagnies, 2000 hommes, 1 bataillon, Bavarois)

Régiment d’infanterie Savelli (10 compagnies, 900 hommes, 1 bataillon)

Régiment d’infanterie Goess (10 compagnies, 900 hommes, 1 bataillon)

Régiment d’infanterie Blankhart (10 compagnies, 2000 hommes, 1 bataillon, ligue catholique)

Régiments Comargo et Reinach (? compagnies, 2000 hommes, 1 bataillon, ligue catholique)

Régiment d’infanterie Papenheim (10 compagnies, 2400 hommes, 1 bataillon, Bavarois)

Régiment d’infanterie Wahl (10 compagnies, 2200 hommes, 1 bataillon)

Artillerie : 14 canons moyens et 12 canons légers

Aile gauche : Pappenheim (1500 fantassins en 1 bataillon et 3800 cavaliers en 7 escadrons)

Régiment de cuirassiers Strozzi (5-10 compagnies, 500 hommes, Wallon)

Régiment de cuirassiers Neu-Saxon (6-10 compagnies, 600 hommes)

Régiment de cuirassiers Bernstein (8 compagnies, 400 hommes)

Régiment de cuirassiers Rangoni (5-10 compagnies, 500 hommes)

Régiment de cuirassiers Neu-Piccolomini (10 compagnies, 800 hommes)

Régiment d’arquebusiers à cheval Merode (5-10 compagnies, 500 hommes, Wallons)

Régiment d’arquebusiers à cheval Alt-Piccolomini (10 compagnies, 800 hommes)

Régiment d’infanterie Holstein (10 compagnies, 1500 hommes, 1 bataillon)

Réserve : Erwitte (2000 cavaliers en 5 escadrons)

Régiment de cavalerie Erwitte (9 compagnies, 600 hommes, la 9e compagnie est formée des gardes du corps de Tilly)

Régiment de cuirassiers Montecuccoli (9-10 compagnies, 300 hommes)

Régiment d’arquebusiers à cheval Coronini (5 compagnies, 400 hommes)

Régiment d’arquebusiers à cheval Caffarelli (5-10 compagnies, 300 hommes, Wallons)

Régiment d’arquebusiers à cheval Colloredo (6-10 compagnies, 400 hommes)

 

Ordre de bataille suédois et saxon : Gustave Adolphe

Suédois (14 742 fantassins en 7 brigades, 8 064 cavaliers en 28 escadrons et 54 canons)

Aile droite, 1er échelon : Gustave Adolphe et Baner (2 450 cavaliers en 8 escadrons et 860 mousquetaires en 3 x 4 détachements)

Régiment de cavalerie Stalhansk (4 compagnies, 350 hommes, Finnois)

Régiment de cavalerie Wunsch (4 compagnies, 350 hommes, Finnois)

Détachement de mousquetaires (2 compagnies, 215 hommes, 4 détachements du régiment Baner)

Régiment de cavalerie Tott (12 compagnies, 800 hommes, 3 escadrons)

Détachement de mousquetaires (2 compagnies, 215 hommes, 4 détachements du régiment Baner)

Régiment de cavalerie Soop (8 compagnies, 400 hommes, suédois du Gotland occidental)

Détachement de mousquetaires (2 compagnies, 215 hommes, 4 détachements du régiment Baner)

Régiment de cavalerie Brahe (8 compagnies, 400 hommes, suédois du Smaland)

Détachement de mousquetaires (2 compagnies, 215 hommes, 4 détachements du régiment Baner)

Régiment de cavalerie Sperreuter (8 compagnies, 150 hommes, suédois du Gotland oriental)

Réserve du 1er échelon : Régiment de cavalerie Rhinegrave (12 compagnies, 700 hommes en 3 escadrons)

Aile droite, 2eme échelon : Baner (950 cavaliers en 4 escadrons)

Régiment de cuirassiers Aderkas (5 compagnies, 300 hommes, Livoniens)

Régiment de cavalerie (cuirassiers ?) Domhoff (4 compagnies, 200 hommes, Courlandais)

Régiment de cavalerie Damitz (4 compagnies, 150 hommes)

Régiment de cavalerie Sperreuter (5 compagnies, 300 hommes)

Centre, 1er échelon : Teuffel (6 654 fantassins en 4 brigades et 36 canons)

Brigade jaune avec 6 canons régimentaires, Teuffel (17 compagnies, 1 698 hommes)

Brigade suédoise avec 6 canons régimentaires, Oxenstierna (23 compagnies, 1 400 hommes)

Brigade rouge avec 6 canons régimentaires, Hand (28 compagnies, 1 730 hommes)

Brigade bleue avec 6 canons régimentaires, Winckel (24 compagnies, 1 828 hommes)

Artillerie : 3 batteries de 4 canons (Torstensson)

Centre, 1er échelon réserve (1 010 fantassins en 4 détachements et 500 cavaliers en 2 escadrons)

Détachement Ramsay (6 compagnies, 350 hommes, mousquetaires écossais)

Régiment de cavalerie Ortenbourg (5 compagnies, 250 hommes, en 1 escadron)

Détachement Monro (6 compagnies, 400 hommes, mousquetaires allemands)

Régiment de cavalerie Ortenbourg (5 compagnies, 250 hommes, en 1 escadron)

Détachement Hamilton (6 compagnies, 260 hommes, mousquetaires écossais)

Centre, 2eme échelon : Hepburn (5 276 fantassins en 3 brigades et 18 canons)

Brigade noire avec 6 canons régimentaires, Thurn (17 compagnies, 1 884 hommes)

Brigade verte avec 6 à 8 canons régimentaires, Hepburn (23 compagnies, 2 194 hommes, écossais)

Brigade blanche avec 6 canons régimentaires, Vitzthum (28 compagnies, 1 198 hommes)

Centre, 2eme échelon réserve (700 cavaliers en 2 escadrons)

Régiment de cavalerie Kochtitzky (5 compagnies, 300 hommes)

Régiment de cavalerie Schaffmann (4 compagnies, 400 hommes)

Aile gauche, 1er échelon : Horn (1 250 cavaliers en 5 escadrons et 940 mousquetaires en 3 détachements)

Régiment de cavalerie Caldenbach (5 compagnies, 350 hommes, inclus la compagnie de Gardes de Horn)

Détachement de mousquetaires Waldstein (360 hommes)

Régiment de cavalerie Caldenbach (4 compagnies, 350 hommes)

Détachement de mousquetaires Oxenstierna (280 hommes, Suédois)

Régiment de cavalerie Baudissin (12 compagnies, 600 hommes en 3 escadrons de 200 cavaliers)

Détachement de mousquetaires Hand (300 hommes en 2 détachements de 150 mousquetaires, Suédois)

Aile gauche, 2eme échelon : Effern-Hall (1 050 cavaliers en 3 escadrons)

Régiment de cavalerie Effern-Hall (12 compagnies, 800 hommes en 2 escadrons de 400 cavaliers)

Régiment de cavalerie Domhoff (4 compagnies, 200 hommes, Courlandais)

Réserve du 2eme échelon : régiment de dragons Taupadel (4 compagnies, 464 hommes)

 

Aile gauche alliée (Saxons) : Jean-George de Saxe

Arnim (aile droite – 2350 cavaliers en 6 escadrons) :

Régiment de cavalerie Taube, Gardes du corps de l’Electeur (6 compagnies, 600 hommes, 2 escadrons)

Régiment de Gardes Arnim (2 compagnies, 200 hommes, 1 escadron)

Régiments de cavalerie de milice Loser et Pflugh (12 escadrons, 1550 hommes, 3 escadrons)

Saxe-Altenbourg (centre – 12 100 fantassins en 10 bataillons d’infanterie et 12 canons) :

Régiment d’infanterie Schwalbach (10 compagnies, 2180 hommes, 2 bataillons)

Régiment d’infanterie Starschedel (10 compagnies, 2180 hommes, 2 bataillons)

Régiment d’infanterie Loser (10 compagnies, 2180 hommes, 2 bataillons)

Régiment d’infanterie Arnim (10 compagnies, 2180 hommes, 2 bataillons)

Régiment d’infanterie Klitzing (10 compagnies, 2180 hommes, 2 bataillons)

Régiment d’infanterie Schonberg (3 compagnies, 600 hommes, Brandebourgeois)

Mousquetaires garde (1 compagnie, 243 hommes, avec l’artillerie)

Compagnies franches de Schlieben (3 compagnies, 351 hommes, avec l’artillerie)

Artillerie (6 pièces de 6 livres et 6 pièces de 12 livres)

Bindauf (aile gauche – 2 875 cavaliers en 6 escadrons)

Régiment de cavalerie Saxe-Altenbourg (8 compagnies, 1200 hommes, 3 escadrons)

Régiment de cavalerie Bindauf (8 compagnies, 1200 hommes, 2 escadrons)

Régiment de cavalerie Steinau (3 compagnies, 475 hommes, 1 escadron)

 

Effectif total : 40 131 hommes dont 26 842 fantassins, 13 289 cavaliers et 66 canons.

 

Simuler la bataille avec LM Tercios :

Breitenfeld est une grande bataille avec des effectifs importants : n’hésitez donc pas à diviser le nombre de bataillons et d’escadrons par 2 ou 3 en fonction de vos figurines.

Armée suédoise : Les brigades d’infanterie sont escadrons modernes renforcés (modern squadron reinforced, tir de 5) sauf la brigade jaune et la brigade blanche qui sont escadrons modernes sans option reinforced (tir 4) afin de simuler les différences d’effectifs. Chaque brigade d’infanterie possède la règle regimental gun. Les détachements de mousquetaires sont Shot company option mousquetaires et commanded shot. Pour l’artillerie moyenne et lourde, référez vous à l’ordre de bataille.

Les escadrons de cavalerie sont cuirassiers pour les régiments allemands, cuirassiers option cavalerie moderne* pour la cavalerie suédoise, et cuirassiers option cavalerie moderne* et fearless pour les 2 escadrons de finnois. Les 2 escadrons de cuirassiers livoniens et courlandais sont cuirassiers option lourd (heavy), les dragons sont bien-sûr dragons.

(*) Ou cavalerie moderne option déterminés (determined) si vous avez l’extension Kingdom.

Armée saxonne : Les 10 bataillons d’infanterie sont escadrons classiques avec mousquet (classic squadron musket only) option hésitant ; les régiments de cavalerie saxons sont cuirassiers modern cavalry, à l’exception des Gardes de l’Electeur (régiment Taube) qui est cuirassiers, heavy. L’artillerie est représentée par 1 unité d’artillerie moyenne.

Armée impériale : Les bataillons d’infanterie de la ligue catholique et bavarois (i.e. les bataillons comptant 2000+ hommes) sont Tercio option modernisé (i.e; avec mousquet). Les autres bataillons sont des escadrons classiques modernisés avec mousquet. Pour la cavalerie, les escadrons de cuirassiers sont cuirassiers lourds (heavy), les escadrons de cavalerie sont cuirassiers (sans option), les arquebusiers à cheval sont arquebusiers montés, les croates sont light horse pistol. Pour l’artillerie, référez vous à l’ordre de bataille.

Si vous souhaitez une cohérence entre les effectifs réels des bataillons et la simulation, adaptés le niveau de stamina. Par exemple, 1 point de stamina pour 100 chevaux pour la cavalerie et 1 point de stamina pour 300 hommes pour l’infanterie (ce qui ferait des brigades suédoises à 6 points de stamina et des tercios catholiques à 7 ou 8 points !). Ou alors 1 point de stamina pour 150-200 chevaux et 600 fantassins (brigades suédoises à 3 points et tercios catholiques à 4 points de stamina, bataillons impériaux et saxons à seulement 2 points de stamina, une compagnie de mousquetaires commandés sur chaque aile suédoise à 2 points de stamina chacune).

Le plan ci-dessous vous indique les éléments de terrain et la disposition des unités. Le corps saxon est placé sur une colline, ainsi que les bataillons placés à droite de la ligne catholique.

Stéphane Thion

Ordre de bataille inspiré de « Battles of the Thirty Years War : From White Mountain to Nordlingen 1618-1635 » de William P. Guthrie.

L’armée française à la bataille d’Avins (mai 1635)

L’armée française à la bataille d’Avins (mai 1635)

Infanterie française (Aquarelle de K.A. Wilke)

L’infanterie française en 1635

L’infanterie française était composée de régiments dit entretenus et de régiments temporaires, plus nombreux et levés pour
le temps d’une campagne. Les régiments d’infanterie permanents sont à 20 compagnies de 100 à 120 hommes alors que les régiments temporaires sont à 10 ou 12 compagnies de 100 à 120 hommes. Certains régiments étrangers sont plutôt à 10-12 enseignes de 200 hommes. Richelieu écrit ainsi à Servien, le 21 avril 1635 que le régiment liégeois de La Bloquerie, qui devait avoir 2 400 hommes, n’en ayant que 700, il ne faut plus faire état, à mon avis, de compter les compagnies qu’à 100 hommes chacune, tant parce que nous ne le donnons que pour cela, que par ce aussi je ne crois pas qu’il en puisse avoir davantage.

Au sein des régiments entretenus, les six vieux corps étaient les plus prestigieux : Gardes-Françaises, Picardie, Champagne, Navarre, Normandie puis, à partir de 1636, La Marine. Ces régiments furent créés, en dehors du dernier, durant les Guerres de Religion de la seconde moitié du XVIe siècle. Ils bénéficiaient du meilleur encadrement possible et chaque maréchal essayait d’en obtenir au moins un pour son armée. Certains vieux corps sont à 30 compagnies de, théoriquement, 100 hommes et même 200 hommes pour les Gardes-Françaises.

L’effectif théorique d’un régiment pouvait être atteint lors de sa levée, avant de fondre rapidement une fois la campagne commencée. Le 30 juin 1635, Richelieu écrit à Bouthillier que les six régiments que Bellefonds amenés à Mr de La Force, qui faisaient plus de 6 000 hommes avant de partir, maintenant n’en font que 3 000. Il plaira au Roy écrire une lettre qui porte : Mon cousin, voyant que les troupes diminuent, et que les régiments qui partent du rendez-vous avec 1 000 hommes n’en ont plus 6 ou 700 huit jours après, ce qui est arrivé à ceux de Bellefonds, je vous fais ce mot pour vous dire qu’il faut faire des levées pour nous rafraîchir à la fin d’août. Régulièrement, Louis XIII témoigne de sa mauvaise satisfaction sur ce sujet : il en avait déjà fait part au maréchal de Châtillon le 9 avril
1635. Celui-ci lui annonçait qu’il croyait pouvoir faire état qu’il se trouvera dans les treize régiments que j’ai ici 10 000 hommes
de pied effectifs, sans comprendre les officiers. Servien estimait donc, le 20 avril, qu’il fallait pour l’infanterie, que les 13 régiments qui ont été jusqu’ici près de vous, fassent pour le moins 12 000 hommes effectifs.

La compagnie de 100 hommes comprend théoriquement 60% de mousquetaires et 40% de piquiers. Ainsi le régiment écossais d’Hebron, levé en mars 1633, en 12 compagnies de 100 hommes, doit compter 40 piques et 60 mousquets par compagnie. Le régiment allemand de Batilly, levé par capitulation, est formé de 10 compagnies de 100 hommes dont 89 soldats, dont il y aura 3 caporaux, 3 anspessades, 36 piquiers armés de corselets, et 43 mousquetaires. Souvigny nous dit aussi, dans ses Mémoires, que les compagnies du régiment d’Estissac sont, en 1622, à 100 hommes dont 36 piquiers. L’encadrement d’une compagnie comprend un capitaine, un lieutenant, un enseigne, deux sergents, trois caporaux et cinq anspessades.

Le bataillon d’infanterie se range, au début des années 1630, sur 10 rangs (selon Rohan et Gamaliel de la Tour), piques au centre et mousquets sur les ailes. Belhomme, dans son Histoire de l’infanterie en France, affirme que c’est en 1633 que le bataillon se range définitivement sur 8 rangs. Ce n’est que vers 1638 que l’infanterie française passera de 8 à 6 rangs de hauteur, comme le prouve le règlement du Roi pour son régiment des Gardes, d’avril 1638 : en rase campagne, on formera un bataillon sur 6 ou 8 de hauteur, car s’ils sont davantage, il y a la moitié des hommes inutiles, et le roi affectionne le plus la hauteur de 6.

Au début des années 1630, l’infanterie était équipée, selon le duc Henri de Rohan, de la façon suivante : Les armes plus ordinaires de l’Infanterie du temps présent, sont pour la défensive le pot, la cuirasse et les tassettes ; et pour l’offensive l’épée, la pique et le mousquet. (…) Si bien que le corps de bataille consiste aux piques, qui est une arme très propre pour résister à la cavalerie, pour ce que plusieurs jointes ensemble font un corps fort solide et très difficile à rompre par la tête à cause de leur longueur, desquelles il s’en trouve cinq ou six rangs, dont les fers outrepassent le front des soldats, et tiennent toujours les escadrons de cavalerie éloignés d’eux, de douze ou quinze pieds (Le parfait capitaine, Henri de Rohan, vers 1636). Gamaliel de la Tour, qui écrit à la même époque, fait une description analogue de
l’infanterie : Communément les soldats des compagnies de pied sont armés à présent les uns de mousquets, et les autres de corselets,
spécialement aux Pays-Bas, avec les rondachers en front. Et ainsi aux pays qui les imitent. Ou bien, en plusieurs autres pays, ils arment les piquiers de corselets, et en partie de piques sèches, et le reste d’hallebardes (Abrégé de la discipline militaire, Gamaliel de la Tour. Genève, 1634). Les rondachers avaient disparus des armées françaises bien avant 1630.

Les piques provenaient de Biscaye, et les mousquets d’Abbeville ou de Sedan. Mais pour équiper son infanterie, la France se fournissait aussi en Hollande, dont le travail des ouvriers était tout particulièrement apprécié : à moins que de connaître les marques des villes, on croirait que les armes seraient toutes faites par un même ouvrier, nous dit Puysegur ; la poudre avec laquelle j’avais fait l’épreuve, était toute la meilleure, les bandoulières bien larges, avec douze charges, et le poulverin, les bourses où l’on met les balles, fort bonnes. Puysegur ira ainsi acheter en Hollande, au mois de juin 1632, six mille paires d’armes pour le régiment des Gardes Françaises.

 

La cavalerie française en 1635

Gamaliel de la Tour, dans son Abrégé de la discipline militaire, paru en 1634, nous décrit la cavalerie française telle qu’elle se
présentait à la fin des années 1620s : Des cavaliers, les uns sont de chevaux légers, les autres carabins, arquebusiers, dragons soit mousquetaires à cheval, autres sont gendarmes, soit cuirassiers ou lanciers. (…) Pour les gendarmes, ils sont à présent pour l’ordinaire bien armés, avec leur harnois et cuirasses à l’épreuve du pistolet, et même de la carabine, aucuns aussi résistent au mousquet, ayant les tassettes, genouillères, hausse-col, brassals et gantelets, avec la salade, dont la visière se lève en haut, et fait belle montre. Outre cela, ils ont chacun leur paire de pistolets bien assurez à bon ressort, et encore qu’ils sont courts, ayant un bon calibre, ils en vaudront mieux. (…) Les carabins auront la cuirasse à l’épreuve et un pot en tête, ou salade, sans autres armes défensives, et pour armes offensives, une bonne carabine (soit arquebuse à rouet, ou à fusil, de trois pieds ou peu plus) ayant gros calibre. Puis aussi une bonne épée ou coutelas au côté, et un bon pistolet court et bien assuré. Or l’invention de faire porter la courte carabine fort loin (comme se peut faire aux courts pistolets et courts mousquets) leur sera bien convenable et nécessaire, ayant sa culasse vidée en coquillon, où c’est que la poudre se ramasse et renforce. Ils peuvent porter des casaques, et des ganaches au lieu de bottes, pour mettre pied à terre, et combattre aussi à pied au besoin. Car étant ainsi montés, ils peuvent combattre à pied ou à cheval, et se mêler avec la cavalerie comme a été dit.

Ci-dessus : chevaux-légers français (Aquarelle de Wilke)

Mais Gamaliel de la Tour néglige de nous décrire le principal type de cavalerie, par son nombre : le chevau-léger. Et cette
cavalerie, encore fortement cuirassée dans les années 1620, va s’alléger, suivant l’exemple de la cavalerie étrangère. En 1634, alors que Louis XIII et le cardinal-duc de Richelieu préparent leur entrée en guerre, celui-ci ne cache pas son admiration pour la cavalerie étrangère : J’ai pensé cette nuit qu’il valait mieux lever de la cavalerie étrangère que française, parce que, bien que la dernière soit plus excellente pour les combats, elle est moins bonne pour les fatigues, qui est ce dont on a à faire (Mémoire de Richelieu au Roy, du 12 septembre 1634).
Cette cavalerie étrangère, notamment allemande, est équipée plus légèrement que nos chevau-légers. La réponse du Roi au mémoire de Richelieu ci-dessus est à ce titre édifiante : Il est très à propos, et crois qu’il faut qu’ils soient tous carabins, comme ceux de Miche ; tant parce que la cavalerie étrangère n’est pas meilleure que la nôtre, dès qu’elle a fait un voyage elle jette toutes les hautes et basses armes et ne lui reste plus que la cuirasse, qui est l’arme du carabin ; et pour Mr de Bulion, elle ne coûte pas tant, et me semble qu’il faut lever en Allemagne et Liège, parce qu’on tirera le tout de l’armée d’Espagne, qui, par conséquent, s’affaiblira. Richelieu fait lever dans la foulée cinq
compagnies de carabins, mais veille à ce que la distinction entre ceux-ci et les chevau-légers demeure : on a différé jusqu’ici à donner les deux compagnies de carabins que le Roy a permises à Coucy, parce qu’on craignait qu’il prétendit les tenir toujours joints à ses chevaux légers, et ainsi y fourrer tous les valets de ses dits chevaux légers ; mais ne trouvant personne qui puisse faire des levées, et le dit Coucy consentant que lesdites compagnies soient séparées comme on voudrait, je crois qu’il sera bon de les lui donner. Et Louis XIII répond alors à son ministre : je le trouve bon, pourvu qu’il ne soient logés avec sa compagnie. Jusqu’en 1636, les carabins seront la véritable cavalerie légère de Louis XIII, équipée uniquement d’une cuirasse et d’une bourguignotte, comme le répond le Roi au sieur de Ferron qui en veut lever un régiment de 500 chevaux : il faut des carabins bien montés avec cuirasses.

Ci-dessus : Gendarmes et chevau-léger (Aquarelle de K.A. Wilke)

Il faudra attendre la fin de l’été 1635 pour que l’on voit la cavalerie française, c’est à dire les chevau-légers qui forment le corps de cette cavalerie, réellement alléger son équipement, comme nous le montre cette lettre du 11 août 1635, écrite par le cardinal de Richelieu et destinée au cardinal de la Valette : nous levons 20 régiments & 4 000 chevaux, comme je vous ai mandé, & outre cela nous allons maintenant faire 2 000 chevaux de la nouvelle cavalerie, dont vous m’avez écrit, qui n’aura que la cuirasse, une bourguignotte qui couvre les joues, & une barre sur le nez, une carabine & un pistolet. Je crois qu’on appellera cette cavalerie, cavalerie hongroise ; si ce n’est que Monsieur Hebron nous voulut mander un nom qui fût plus idoine, pour parler selon son langage ordinaire. Cette dénomination de cavalerie hongroise, qui ne désigne pas l’origine des cavaliers, sera régulièrement utilisée. Ainsi cette demande de Richelieu à Servien, datant de septembre 1635, d’envoyer diligemment les 8 commissions de cavalerie hongroise pour Mr de la Moussaye, chez Mr du Chastelet, qui les enverra aussitôt en Bretagne. Vous donnerez aussi une commission de compagnie hongroise au sieur de la Baume. Si les chevau-légers, ne sont pas encore équipés à la hongroise, en ce mois de mai 1635, à quoi ressemblent t-ils ? Heureusement, dans ses Mémoires, Puysegur nous décrit ces cavaliers tels qu’ils se présentaient alors : Nous avions 6 000 chevaux, sans y comprendre aussi les officiers & les valets, tous gens bien armés de bonnes cuirasses, de bonnes tassettes, & le casque en tête. En plus des compagnies de carabins, il existe alors quelques compagnies de mousquetaires à cheval, bien distinctes. La première – la plus célèbre – est apparue en 1622, après la prise de Montpellier : le roi marcha droit à Avignon et pendant sa marche il ôta les carabines à la compagnie de carabins, et leur fit bailler des mousquets, et donna la compagnie vacante par la mort du capitaine au Sieur deMontalet, la Lieutenance au Sieur de la Vergne et la Cornette au Sieur de Montalet, qui portait le même nom. (…) Sa majesté demanda à M. d’Espernon six de ses Gardes, pour mettre dans ladite compagnie ; elle voulut et je puis même dire qu’elle me força de prendre une casaque de mousquetaire. Mais en mars 1635, dans un de ses mémoires au Roi, Richelieu se rallie à l’opinion de ses conseillers, contre la levée de nouvelles compagnies de mousquetaires à cheval : beaucoup estiment qu’il vaut mieux ne faire point du tout présentement de compagnies de mousquetaires à cheval que d’en faire, vu qu’on se mettrait au hasard de bien préjudicier à l’infanterie, dont on a besoin. J’avoue que je suis de cet avis en l’occasion présente. Et Louis XIII abonde en son sens. Il n’y aura donc aucune compagnie de mousquetaires à cheval à la bataille d’Avins. En pratique, rien ne distingue le mousquetaire à cheval du dragon et le cardinal Richelieu changera d’avis lorsque le Roi lui donnera, en mai 1635, commission de lever son propre régiment de mousquetaires à cheval, dits dragons. Six régiments de dragons seront ensuite levés à partir de compagnies de carabins que le Cardinal fait dissoudre : Cardinal-duc, Alègre, Bruslon, Bernieult, Mahé et Saint-Rémy, régiments
qui seront prêts le 30 juillet.

Ci-dessus : Mousquetaires à cheval et Mousquetaires du Roi (Aquarelle de K.A. Wilke)

Enfin, il y aura une compagnie de gendarmes dans l’armée de Châtillon et Brézé : la compagnie de gendarmes de Monsieur qui sera placée au centre de la seconde ligne, formant un escadron avec ses chevaux légers. Cette compagnie, dont le capitaine est Puylaurent, a été créée le 1er octobre 1634. Le 25 février 1635, Louis XIII accepte que son effectif passe de 100 à 200 maîtres.

Gendarmes français (Aquarelle de K.A. Wilke)

La cavalerie française ne sera formée en esquadres, à la demande de Richelieu, que le mois suivant : jusqu’au mois de juin 1635, elle n’est organisée qu’en compagnies franches. On compte ainsi 64 compagnies de chevau-légers et 7 compagnies de carabins en octobre 1634 puis 84 compagnies en mai 1635. Les compagnies de carabins sont théoriquement de 80 maîtres, celles de chevaux légers de 90, celles de gendarmes de 100 maîtres et 200 pour les compagnies du Roi et des princes.

 

L’armée des maréchaux Châtillon et Brézé à la bataille d’Avins

L’armée française des maréchaux Châtillon et Brézé compte plus de 20 000 fantassins et 6 à 7 000 chevaux selon Pontis, 22 000 fantassins & 6 000 chevaux hors officiers et valets, en deux brigades de 11 000 fantassins et 3 000 cavaliers, et 24 canons selon Puysegur. Le sieur de Brasset, dans une lettre datant du 26 avril 1635, estime qu’il y a, à l’armée, 20 000 hommes de pied & 5 000 chevaux. Le 20 avril, Servien écrit à Châtillon que Sa Majesté ne désire pas que vous conduisiez avec vous plus de 23 000 hommes de pied effectifs, & 5 000 chevaux, en les comptant en la forme que vous dira ledit sieur d’Espenan. Enfin, une lettre de Châtillon au Roy, datant du 1er juin indique que par une monstre ordinaire qui a été faite, il se trouve plus de 22 000 hommes de pied & 4 500 chevaux. Dans une lettre du 21 avril à Servien, Richelieu compte 13 régiments d’infanterie pour Châtillon (il évalue leur effectif entre 12 500 et 16 000 hommes de pied), auquel il envoie 10 régiments en renfort, une compagnie de gendarmes, 51 compagnies de chevaux-légers et carabins et 400 chevaux liégeois de Miche. Il présuppose cette cavalerie à 5 130 chevaux, en les comptant pour leur nombre effectif. Richelieu compte donc ici les compagnies à 100 chevaux, alors que Servien conviendra, le 20 avril, qu’il faut compter les compagnies sur le pied de guerre de 90 maîtres. Mais Puysegur affirme que les escadrons comptaient 100 chevaux, ce qui sous-entend que la majorité des com- pagnie ne comptaient que 50 maîtres. Dans ce même courrier, Richelieu évoque six compagnies de cavalerie en réserve dont trois seront envoyées en garnison dans des places de la région.

Chaque brigade compte 11 000 fantassins et 3000 chevaux selon Puysegur (mais lorsqu’il déploie son armée, il ne compte
plus que 14 escadrons de 100 chevaux). La carte de Melchior Tavernier recense, pour l’infanterie, 22 régiments faisant chacun un bataillon, et 30 escadrons de cavalerie composés chacun – le plus souvent – de deux compagnies de cavalerie, ce qui confirme l’évaluation de Puységur. Cette carte représente l’infanterie et la cavalerie française sur trois lignes, la troisième ligne constituée par la réserve de Chastelier-Barlot. L’infanterie, au centre, est composée en première ligne des bataillons de Champagne, Plessis-Praslin, Longueval, Genlis, Lusignan, Maréchal Brézé, La Mothe-Houdencourt, La Meilleraye, Saucourt et Piémont, et en seconde ligne des bataillons de Sy, Chuin, Coursan, Calonge, Bellebrune, Castelnau, Polignac et Migneux. La réserve d’infanterie, en troisième ligne, comprend les bataillons de Grancey, de Menilserran, de Monmège (ouMontmège) et du marquis de Brézé, soit de l’ordre de 4 000 hommes.

L’aile gauche de cavalerie est composée de deux lignes de cinq escadrons chacune, alors que l’aile droite compte 11 escadrons. Un escadron de cavalerie, composé des gendarmes et chevaux-légers de Monsieur est au centre de la seconde ligne, alors que la réserve comporte 8 escadrons supplémentaires faisant 800 à 1 000 chevaux. Enfin, seulement 7 pièces d’artillerie sont représentées sur le plan de Tavernier, placées devant la brigade Brézé, alors que le Mercure Français en annonce 12.

Il est difficile de retrouver la composition exacte de chacune des deux brigades. L’armée de Châtillon comprenait à l’origine, avant de devenir la brigade de Champagne, les régiments maréchal de Brézé, Plessis-Praslin, Longueval, Genlis, Lusignan, Cy (ou Sy), Bellebrune, Polignac, Monmege, Calonge, Saucourt, Medavy (Grancey) et Hauregard (liégeois). Ces deux derniers régiments n’apparaissent pas sur la représentation de Tavernier. Le 5 avril, Châtillon écrit à Servien que des treize régiments, il n’y en a que deux qui soient faibles, la plus grande partie des autres sont complets. Le régiment de monsieur le maréchal de Brézé est parfaitement beau : je l’ai vu & considéré à loisir. Celui du marquis son fils est aussi en très-bon état, il y a 200 super-numéraires. Celui de Genlis, de Bellebrune, de Polignac & de Mommeige, que j’ai vus, sont fort bons aussi. Medavy, Calonges & Lusignan sont entièrement complets, & remplis de fort bons hommes. Le régiment de Longueval est bon, à ce que l’on m’a dit, mais je ne l’ai pas vu. Plessis-Praslin, Socourt & le régiment Liegeois sont les plus
faibles, particulièrement le dernier est en assez mauvais état. Les restes de ce régiment liégeois ont probablement été absorbé dans un autre bataillon ou laissés en garnison.

La composition du corps de Brézé, ou brigade de Piémont, nous est partiellement donnée par Servien, dans une lettre du 21
avril 1635 : Je présuppose comme chose infaillible que les treize régiments qui sont avec M. le maréchal de Châtillon, les quatre vieux qui viennent d’Allemagne, Vardembourg, Orelio, Migneux, Mesnilmeran, Baradat et Castelnau, composeront l’armée de Flandres. Les quatre vieux régiments évoqués par Châtillon, le 9 avril, lorsqu’il se réjouit de ce que Monsieur le Maréchal de Brézé se trouvera à même rendez-vous que moi, vers Mézières, avec une partie des vieux régiments, sont Piémont, Champagne (qui sera transféré à la brigade de Châtillon), La Meilleraye, et marquis de Brézé. On retrouve deux de ces quatre régiments sur l’ordre de bataille de Tavernier, ainsi que les régiments de Migneux, de Castelnau et de Mesnil-Serran. Les régiments de Vardembourg, Orelio et Baradat (ces deux régiments envoyés depuis en Lorraine) n’apparaissent pas alors que sont listés ceux de Chuin, et de Coursen. Coursen est celui de Coursan évoqué dans une lettre de Châtillon. En fin de compte, si l’on en croit le plan de Tavernier, la brigade Piémont serait constituée des régiments Piémont, Saucourt, La Meilleraye, La Mothe-Houdencourt, maréchal Brézé, Migneux, Polignac, Castelnau, Bellebrune, et probablement Calonge. Puysegur évo-
que bien 10 bataillons, en deux lignes de 5, lors de la bataille d’Avins. La brigade Champagne serait composée des régiments Champagne, Plessis-Praslin, Longueval, Genlis, Lusignan, Sy, Chuin, Coursen (ou Coursan), Grancey, Mesnilserran, Monmège et marquis de Brézé, soit 12 régiments ou bataillons. Les quatre derniers faisant partie du corps de Chastellier-Barlot.

Un régiment d’infanterie, qui n’est pas un vieux corps compte théoriquement 1 200 hommes. Mais d’après Châtillon, ses régiments comptent en moyenne 7 à 800 hommes : selon que je peux juger à peu près (avant la monstre générale), je crois qu’on peut faire état qu’il se trouvera dans les treize régiments que j’ai ici 10 000 hommes de pied effectifs, sans comprendre les officiers, écrit-il le 1er avril. Et Servien lui répond, le 20 avril, qu’il faut que les 13 régiments qui ont été jusqu’ici près de vous, fassent pour le moins 12 000 hommes effectifs. Aussi est-ce le nombre pour lequel on désire que vous le receviez dans le Corps d’armée, que vous de- vez mettre en campagne. Et vous ne sauriez, ce me semble, Monsieur, vous en plaindre, d’autant que si nous voulions le faire passer pour complets, ils devraient faire près de 15 000 hommes.

La cavalerie est formée de 52 compagnies formant 30 escadrons, dont une compagnie de gendarmes, les gendarmes de Monsieur, et 4 compagnies de carabins (Arnaud, Bideran, Montbuisson et Villars). Dans sa lettre du 5 avril, Châtillon écrit que pour ce qui est de la cavalerie, ce sont les meilleurs hommes que je vis jamais, & les mieux montés, & toutes les compagnies complètes, & des officiers très-bien choisis & soigneux de leur devoir. Servien écrit le 20 avril à Châtillon que, pour la cavalerie, ledit sieur d’Espernon vous fera voir, que comptant les compagnies sur le pied de guerre 90 maîtres, comme elles doivent être & comme il faut obliger les capitaines de les y mettre, le nombre que nous vous fournissons, doit faire plus de 5 000 chevaux.

La réserve de Chastelier-Barlot (4 000 fantassins en 4 bataillons et 1 000 cavaliers en 8 escadrons), faisant partie de la brigade Châtillon, n’ayant eu le temps d’arriver sur le champs de bataille, ce sont donc moins de 18 000 fantassins et 4 000 cavaliers qui combattront réellement.

Enfin, dans sa lettre datée du 9 avril, Châtillon demandait à Servien une compagnie de cent bons Pionniers, commandés par un homme laborieux & diligent. Car de se fier qu’on a des pelles & des pics pour faire prendre aux soldats quand on veut, ou qu’on se peut servir des paysans, cela est bon pour un lieu arrêté, quand on entreprend un siège ; mais lorsque l’armée marche, la compagnie de Pionniers est du tout nécessaire, tant pour faire le chemin du canon, que pour couper les haies, & remplir proprement les fossés, quand il se rencontre occasion de mettre l’armée en bataille ; ce qui arrive assez souvent, lorsque l’on est en pays de l’ennemi. On a aussi besoin d’un bon Capitaine des Guides, à qui l’on donne bon appointement. Servien lui répond le 20 avril que l’on fait lever des Pionniers, que vous avez marqué très à propos nécessaires pour une dans une armée, lorsqu’elle marche.

 

Stéphane Thion (extrait de La bataille d’Avins, 1635)

 

 

L’armée bavaroise à Fribourg (août 1644)

L’armée bavaroise à Fribourg (août 1644)

 

Depuis le début de la guerre de Trente Ans, les Bavarois ont formé le coeur des armées de la Ligue Catholique[1]. À la mort de Tilly, au printemps 1632, les unités bavaroises seront absorbées par l’armée impériale de Wallenstein et de ses successeurs. Après la bataille de Nördlingen, en 1634,  une armée à forte dominante bavaroise réapparait peu à peu, comme le corps de Götz qui combattra en 1638 à Rheinfelden. Cette année-là, Mercy prendra le commandement d’une armée exclusivement bavaroise.

L’organisation de l’armée bavaroise est comparable à celle de l’armée impériale. L’infanterie est composée de régiments comptant de 8 à 13 compagnies de théoriquement 200 à 300 hommes alors que la cavalerie est formée en régiments comptant 5 à 10 compagnies de 100 chevaux. Un régiment d’infanterie peut donc réunir, sur le papier, de 1500 à 4000 hommes alors qu’un régiment de cavalerie peut compter de 500 à 1000 hommes. En pratique, ce n’était bien sûr jamais le cas. Les compagnies d’infanterie du feldmarschall Götz comptent ainsi, en 1638, entre 45 à 150 hommes, soit une centaine d’hommes en moyenne. De même, en 1642, les compagnies d’infanterie de l’armée de Mercy comptent 70 à 120 hommes. Pour la cavalerie, l’effectif réel des compagnies est plus proche de son niveau théorique. Il est ainsi de 90 hommes en 1640 et 93 ou 100 hommes à différentes dates de l’année 1642.

L’encadrement d’une compagnie d’infanterie est particulièrement fourni, les hommes du rang comptant pour moins des deux tiers de l’effectif. Ainsi, une compagnie du régiment Wahl en garnison à Ingolstadt compte, le 3 juin 1644 : un hauptmann (capitaine), un lieutenant, un fähnrich (enseigne), un feldwaibel (sergent), un feldwaibel réformé, un lehrer (précepteur), un furier (fourrier), un musterchreiber (secrétaire), un feldscherer (barbier), 6 corporäle (caporaux), 3 trommelschläger (tambours), 5 leib und fourierschützen (fourriers), 13 gefreite (soldats de première classe) et 64 soldats faisant en tout 100 hommes.

La répartition entre piquiers et mousquetaire est comparable à ce qui se pratique dans les armées impériales, soit un tier de piques pour deux tiers de mousquets. Raimondo Montecuccoli , le futur grand adversaire de Turenne, affirme d’ailleurs que « les régiments d’infanterie (impériaux) sont composés, les deux tiers de mousquetaires et un tiers de piquiers ». Il ajoute que l’on « ne se sert plus d’arquebuses dans les troupes allemandes, parce que le mousquet porte plus loin, et que l’homme qui porterait une arquebuse peut porter un mousquet ». La pique, longue de quinze à dix-sept pieds (de 4,5 à 5 mètres), est considérée comme l’arme reine de l’infanterie.

Infanterie bavaroise, années 1630 (Aquarelle de K.A. Wilke)

Contrairement à son homologue française, la cavalerie bavaroise a gardé la distinction entre cuirassiers et arquebusiers à cheval. À ces deux armes s’ajoutent les dragons, plus polyvalents. Quatre régiments de cuirassiers, trois d’arquebusiers à cheval et deux de dragons seront ainsi alignés à Fribourg.

Montecuccoli décrit les cuirassiers comme « armés aujourd’hui de demi-cuirasses, qui ont le devant et le derrière, de bourguignottes composées de plusieurs lames de fer attachées ensemble par derrière et aux côtés pour couvrir le col et les oreilles, et de gantelets, qui couvrent la main jusqu’au coude. Les devants de cuirasse doivent être à l’épreuve du mousquet, et les autres pièces à l’épreuve du pistolet et du sabre. Leurs armes offensives sont le pistolet et une longue épée qui frappe d’estoc et de taille ». Les arquebusiers à cheval sont théoriquement moins bien protégés mais ajoutent l’arquebuse à leur armement : « Les arquebusiers ou carabiniers ne peuvent faire un corps solide, ni attendre de pied ferme le choc de l’ennemi, parce qu’ils n’ont point d’armes défensives : c’est pourquoi il ne serait pas à propos d’en avoir un grand nombre dans une bataille, parce qu’on ne saurait les placer qu’ils ne causent de la confusion en tournant le dos. Comme leur emploi est de tourner en caracolant, et de faire leur décharge, puis de se retirer si l’ennemi les presse par derrière et qu’ils se retirent si vite que cela ait l’air de fuite, ils ôtent le courage aux autres, ou bien ils les heurtent, et se renversent sur eux. C’est ce qui détermina Wallenstein général, des troupes de l’Empereur, de les proscrire de l’armée après la funeste expérience qu’il en fit à la bataille de Lutzen l’an 1632 ». Enfin, les dragons « ne sont autre chose que de l’infanterie à cheval armée de mousquets légers, un peu plus courts que les autres, de demi-piques et d’épées, pour se saisir d’un poste en diligence, et pour prévenir l’ennemi dans un passage. On leur donne pour cela des hoyaux et des pelles. On les met à cheval au milieu et dans les vides des bataillons pour tirer de là par dessus les autres ; d’ailleurs ils combattent d’ordinaire à pied ».

Ci-dessus : cuirassiers et étendards de cavalerie bavaroise (aquarelle de K.A. Wilke)

En juillet 1644, l’armée du feldmarschall[2] von Mercy compte près de 16 000 hommes dont 8 500 à 9 000 fantassins sous Ruischenberg, 7 à 8 000 cavaliers sous Jean de Werth et 28 canons. Son infanterie compte onze régiments totalisant 94 compagnies : Wahl, Mercy,  Ruischenberg[3], Hasslang, Gold, Holz, Winterscheid, Miehr, Rouyer, Fugger et Entschering.

Sa cavalerie compte, le 18 juillet 1644, quatre régiments de cuirassiers (Mercy, Gayling, Kolb, et Lapierre), trois régiments d’arquebusiers à cheval (de Werth, Sporck et Cosalky), et deux régiments de dragons (Wolf et Kurnreuter).

 

L’armée bavaroise de Mercy à la bataille de Fribourg

Infanterie :                                                                         Effectif le 18 juillet 1644

Régiment de Wahl                        6 compagnies         705 hommes

Régiment de Mercy                    10 compagnies       1031 hommes

Régiment de Ruischenberg       11 compagnies       917 hommes

Régiment d’Hasslang                   8 compagnies         741 hommes

Régiment de Gold                         8 compagnies         1064 hommes

Régiment d’Holz                           8 compagnies         977 hommes

Régiment de Winterscheid         8 compagnies         951 hommes

Régiment de Miehr                      9 compagnies         850 hommes

Régiment de Rouyer                    8 compagnies         862 hommes

Régiment de Fugger                     8 compagnies         900 hommes

Régiment d’Entschering             10 compagnies       929 hommes

Total au 18 juillet                                                      9 927 hommes

Effectif estimé à Fribourg                                          8 500 à 9 000 hommes

 

Cavalerie :                                                                         Effectif estimé

Régiment de cuirassiers de Mercy          8 compagnies         800

Régiment de cuirassiers de Gayling        9 compagnies         900

Régiment de cuirassiers de Kolb             8 compagnies         800

Régiment de cuirassiers de Lapierre      9 compagnies         900

Régiment d’arquebusiers de Werth        8 compagnies         800

Régiment d’arquebusiers de Sporck      10 compagnies       1000

Régiment d’arquebusiers de Cosalky      8 compagnies         800

Régiment de dragons de Wolf                   6 compagnies         600

Régiment de dragons de Kurnreuter          ?                            600

Total estimé                                                             7 200 hommes

Total déclaré                                                            9 713 hommes

 

Artillerie : 4 demi-canons de 24 livres, 5 demi-couleuvrines de 12 livres, 8 faucons de 5 livres, 3 fauconneaux de 3 livres et 3 mortiers.

[1] La Ligue catholique ou Sainte Ligue catholique est une alliance militaire des États allemands catholiques. Elle fut fondée en 1609 par le duc Maximilien de Bavière.

[2] Grade équivalent au Maréchal français.

[3] Ou Reischenberg.

 

Stéphane Thion

 

Planches Drapeaux 1600/1702

Planches Drapeaux 1600/1702

Le fichier joint à cet article contient une série de planches à mettre en couleur et issues des recherches de Pierre Fouré, parues dans les années 70 dans notre cercle de joueurs à la Sabretache à Paris.
Il concerne différents régiments levés de 1600 à 1702 dont certains sont mal connus car disparus très tôt.
La qualité du tirage est liée à l’époque et vous voudrez bien l’excuser. C’est un document assez rare.
Bonne lecture !

Télécharger le document