Ce compte rendu a été publié pour la première fois sur le forum francophone belge “Opération zéro“
Contexte
Au début du XVIIème Siècle, trois grandes puissances dominent respectivement l’Europe de l’Ouest, de l’Est, et le bassin méditerranéen : le Saint-Empire Germanique, l’Union de Lituanie-Pologne et l’Empire Ottoman.
L’Union de Lituanie-Pologne et l’Empire Ottoman se déclarent la paix, mais leurs alliés cosaques et Tatars ravagent les terres adverses… et petit à petit, la guerre totale oppose les deux grandes puissances, essentiellement en Livonie – actuelle Ukraine.
En 1621, le jeune sultan Osman II mène une expédition punitive à la rencontre de l’armée de l’Union. A l’automne, il assiège la ville de Chocim / Khotyn, alors que l’armée alliée sous les ordres du Grand Hetman Jan Karol Chodkiewicz s’est retranchée autour du château de la ville.
Les combats autour de la ville durent depuis le 2 septembre 1621. Plusieurs assauts turc sur les campements cosaques ont été repoussés, au prix de lourdes pertes, mais l’assaillant a réussi à encercler les troupes de l’Union par trois côtés et les provisions commencent à manquer.
Un beau document sur la bataille et son contexte, en Anglais, est disponible ici.
Les troupes en présence
D’un côté, la magnifique armée ottomane : elle est nombreuse et aguerrie, mais indisciplinée. Elle est composée pour un quart de mercenaires Tatars, cavaliers des steppes impitoyables et cruels. Les dissensions entre Généraux sont nombreuses, et le tout jeune Sultan Osman II n’est pas très populaire, mais il est agressif.
L’armée de l’Union, est composée de troupes redoutablement entraînées, plus disciplinées, mais nettement moins nombreuses. Un quart est composé de troupes cosaques, la meilleure infanterie du monde d’alors, tandis que la cavalerie inclus les redoutables lanciers ailés. Leur chef est le Grand Hetman Jan Karol Chodkiewicz, vétéran des guerres contre les Suédois, héro de l’Union.
La bataille
Le matin du 7 septembre, l’armée ottomane s’élance vers ce qu’ils ont repéré comme le point faible de la défense de l’Union : la jonction entre les troupes polonaises et lituaniennes. Les Turcs surprennent deux régiments d’infanterie pris au dépourvu, les massacrent et franchissent les fortifications de campagne, puis pillent le campement des défenseurs. Une contre-attaque de lanciers ailés les rejette dans leurs lignes en fin d’après-midi.
Vers 23.00 heures, dix mille troupes sous la bannière du pasha Mustapha s’élancent vers le point faible pour exploiter le succès de la journée. Le Grand Hetman Jan Karol Chodkiewicz a réuni 600 de ses cavaliers en 4 bannières (escadrons) et s’élance vers l’armée ennemie, 15 fois plus nombreuse. Au prix de 34 tués, les fiers lanciers massacrent 500 turcs et mettent toutes les forces ennemies en déroute… c’est le sacre des fameux lanciers ailés polonais.
La bataille dure jusqu’au 9 octobre et Chodkiewicz meurt, mais les troupes ottomanes ne parviennent pas à vaincre les défenseurs. Les deux armées s’accordent sur un accord de paix, et les soldats des deux camps fêtent la fin de cette terrible bataille ensemble, en troquant chevaux contre tissus, et buvant ensemble.
Il est environ 23.00 heures… une nuée de guerriers ottomans et de Tatars se pressent vers les retranchements de la ville de Khotyn. Ceux-ci, dévastés dans la matinée, n’offre plus de réelle protection aux défenseurs survivants, qui se sont replié pour lécher leurs plaies. Heureusement, le grand Hetman s’est douté des préparatifs ennemis. Il a rassemblé 600 cavaliers, Hussards ailés et pancernis, et fonce vers les positions à défendre. Il a fait porter des ordres, de sorte que des renforts d’infanterie et d’artillerie soient amenés sur place. Devant la multitude, il décide de surprendre l’ennemi, et de l’attaquer hors des fortifications, en terrain ouvert.
Notre partie :
Notre bataille simule l’attaque miraculeuse des hussards ailés sur l’avant-garde ottomane. Claude aligne ses superbes ottomans pour la première fois, renforcés de quelques Tatars, et je joue les Liutano-Polonais avec les redoutables Hussards ailés.
Nous jouons le scénario 5 du livret Kingdoms, « Breaking the siege ». La surface de jeu est découpée en 4 rectangles égaux. Celui en haut à gauche est la zone de retranchement.
L’attaquant (Ottomans) gagne 1 à 2 points (selon le type d’unité) par unité qui s’y trouve en fin de partie. Il se déploie dans le quart de table opposé.
Le défenseur (Lituano-Polonais (Après l’avoir dit 5 fois d’affilée, on a décidé de dire les Polonais, tout court 😀 ) se déploie en premier, dans les 2 quarts de table opposés l’un à l’autre, de part et d’autre des attaquants et de la zone à défendre.
Déploiement :
Je me retrouve dans une situation intéressante : je dois défendre un quart de table du pillage des hordes turques, avec des unités parfaites pour l’assaut ! Mes cavaliers sont « invulnincibles », rapides, et leur charge peut certainement balayer la moitié de l’armée adverse… Et ils sont très mobiles, en plus.
A contrario, ils sont relativement fragiles, face à de l’infanterie, j’ai deux fois moins d’unités que Claude, et le déploiement me contraint à scinder l’armée en deux. Je choisi de placer toute ma cavalerie d’un coté, avec le Grand Hetman et, dans le quart de table opposé, un régiment lituanien supporté par une compagnie de haiduks et une de dragons, avec une batterie légère.
En face, Claude déploie ensuite sa horde bigarrée… deux impressionnants canons lourds semblent tracer une voie vers les retranchements.
Tandis que sa cavalerie fait face à la mienne, et sa masse d’infanterie est répartie sur tout le front. Sur sa droite, 2 unités de Tatars semblent destinées à distraire et harceler mes troupes.
Deux déflagrations tonitruantes retentissent dans la vallée du Dniepr… mais sans aucun effet sur les défenseurs du château de Khotyn. L’artillerie turque, pourtant réputée, ne semble pas avoir d’effet sur les défenseurs lituaniens. Ceux-ci se déploient avec leurs pièces légères en direction du centre du champs de bataille, tandis que dragons et haiduks se portent sur la gauche et étendent la ligne de front… mais avec l’intention de ralentir l’armée adverse. Sur la droite, l’ensemble de la cavalerie alliée se rapproche au petit trot des Turcs.
Les Ottomans ne semblent pas se presser à passer à l’action. Poursuivant leur bombardement, ils n’avancent que timidement : leur cavalerie s’avance vers leurs homologues polonais. En face des haiduks et des dragons, les fougueux Tatars tentent plusieurs assauts, mais sont repoussés par les haiduks, embusqués dans les bois.
A droite… le choc se prépare… les impressionnants hussards ailés chargent les splendides cavaliers musulmans. Le choc est brutal : un escadrons complet de Turcs est annihilé, culbuté, transpercé… Galvanisés par les ordres de leur commandant en chef, les hussards poursuivent leur assaut meurtrier vers un autre escadron… lequel déguerpi en hâte. Les Pancernis s’élancent également dans la curée, semant terreur et destruction dans les rangs ennemis : un deuxième escadrons est ainsi massacré.
L’ennemi parvient à se réorganiser, et reprend l’initiative, en s’élance vers les lignes de défense du fort. Un indescriptible vent de chaos perturbe la puissante formation de hussards ailés, qui ne parvient à se ressaisir de sa charge furieuse et piétine sur place sans engager l’ennemi…
Les rusés Ottomans parviennent alors à se faufiler entre la cavalerie polonaise en pleine furia, d’un côté, et l’infanterie lituanienne et sa misérable artillerie légère, afin de piller le campement… trois escadrons de cavalerie, dont un de Tatars, parviennent ainsi à pénétrer dans l’enceinte des fortifications et à massacrer les défenseurs et civils chargés de réparer les ouvrages endommagés.
La nuit tombe… les attaquants n’ont que partiellement réussi à investir le périmètre de défense… et subi trop de pertes que pour continuer le combat. Le soleil se couche sur une victoire mineure des défenseurs… mais les hussards ailés n’ont pas acquis la gloire qui les entourera pour plus de 400 ans aux cours de cette épisode.