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Armée du Maréchal de Châtillon, 1639-1641

Armée du Maréchal de Châtillon, 1639-1641

 

Le maréchal de Châtillon ne fut pas un grand général. Mais, selon Tallemant des Réaux, le cardinal de Richelieu lui a donné de l’emploi faute d’autre, car je ne crois pas qu’il trouvât trop bon que le maréchal fût le seul qui ne l’appelât que Monsieur, et il n’était pas persuadé qu’il fût à lui. Ainsi, Châtillon fut nommé à la tête de l’armée de Picardie avant de prendre l’armée de Champagne.

 

L’armée de Picardie en mai et juin 1639

Voici deux états de l’armée de Picardie du maréchal de Châtillon, en mai et juin 1639. Le second est tout particulièrement intéressant puisqu’il éclaire sur l’état d’équipement des compagnies de cavalerie (armées du pot et de la cuirasse ou non armées).
État de l’Armée du Roy commandée par Monsieur le Maréchal de Châtillon, du vingt-septième May mil six cent trente neuf.
INFANTERIE
 – Gardes, 10 compagnies.
 – Maréchal de Brezé, 20 compagnies.
 – Genlis.
 – Roncheroles.
 – La Saludie.
 – Verveins.
 – Mignieux.
 – Le Vidame.
 – Aubeterre.
 – Biscaras.
 – Longueval.
CAVALERIE
– Gendarmes de Monsieur.
– Gendarmes de Guiche.
 – Régiment de chevaux-légers du Comte d’Alais (11 compagnies). Compagnies Colonelle, Lauriere, Saint-Germain Beaupré, La Force, Angoulême, Francieres, La Pierre, La Courbe, Châtillon, Vieupont, Naucourt (Mousquetaires).
 – Régiment de chevaux-légers de Guiche (9 compagnies) : Compagnies de Guiche, Saint-Megrin, Hailly, Roquelaure, Linville, Ayen, Dorthe, Recy (Mousquetaires), Beaufort (Mousquetaires).
 – Régiment de chevaux-légers de la Ferté-Imbaut (8 compagnies) : Compagnies Ferté-Imbaut, Marainville, La Sale, Mosny, Choiseul, De Fontaine, Du Flos (Mousquetaires), Monchaton (Mousquetaires).
–  Régiment de chevaux-légers de Brouilly (9) : Compagnies Brouilly, Potiniere, Esclamviliers, Grand-pré, Baron de Brouilly, Chevrieres, Buqueville, et deux compagnies de mousquetaires (nom des capitaine manquant).
 – Régiment de chevaux-légers de Gesvres (8 compagnies) : Compagnies Gesvres, Bourry, Bazoche, Bouflers, Querieux (ou Curieux), Langtot, Du-Val (Mousquetaires), La-Pierre (Mousquetaires).
 – Régiment de chevaux-légers de Cursol (6 compagnies) : Compagnies Cursol, La Coste, La Fare, Puizol, Roquefou, Verdié.
 – Régiment de cavalerie étrangère Baron d’Egenfeld.
 – Régiment de cavalerie étrangère de Fittingost.
 – Régiment de cavalerie étrangère de l’Eschelle.
 – Régiment de cavalerie étrangère de Rucon.
 – Régiment de cavalerie étrangère de Sirot (3 compagnies).
 – Compagnies de carabins Recy et Monsou.
Extrait de la revue des troupes, tant de cavalerie que d’infanterie de l’Armée du Roy, commandée par Monsieur le Maréchal de Châtillon.
INFANTERIE
 – Gardes 10 compagnies : 1200 hommes, compris 100 mousquetaires envoyés à Rocroy.
 – Maréchal de Brezé, 20 compagnies, 1100 hommes.
 – La Saludie, 11 compagnies, 600 hommes.
 – Le Vidame, 19 compagnies, 700 hommes.
 – Longueval, 18 compagnies, 750 hommes.
–  Mignieux, 17 compagnies, 700 compris les 50 envoyés à Rocroy.
 – Monmège, 250 hommes.
 – Verveins, 20 compagnies, 900 compris 200 à Cateau et 50 à Rocroy.
–  Roncheroles, 19 compagnies, 800 hommes.
 – Genlis, 19 compagnies, 700 hommes.
 – Suisses, 3 compagnies, 400 hommes ; On attend pour joindre à ce corps la compagnies du colonel Molondin de 150 hommes.
Les régiments de Biscaras, d’Aubeterre et de Saint-Aubin sont absents.
Total de l’infanterie 8100 hommes. C’est sans comprendre les officiers.
CAVALERIE
– Gendarmes de Monsieur, 166 (maîtres).
– Gendarmes de Guiche ne sont arrivés.
– Régiment de chevaux-légers Colonel (Comte d’Alais, 12 compagnies) : Compagnies Colonelle (78 armés), Châtillon (50 attend recrue non armés), La Force (60 armés), Saint-Germain Beaupré (69 armés), Angoulême (67 armés), La Pierre (60 non armés), La Courbe (24 non armés), Francieres (58 non armés), Laurieres (44 non armés), Vieupont (64 arrivent aujourd’hui), Viantais (63 partie armés), Mousquetaires (de Naucourt, 61 de sac d’épée). Total du régiment : 699.
– Régiment de chevaux-légers de la Ferté-Imbaut (8 compagnies) : Compagnies Maître de Camp (65), Marainville (67), La Salle (65), Mosny (66 armés), Choiseul (71), Des Fontaines (71), Du Flos (Mousquetaires 60), Monchaton (Mousquetaires 68). Total du régiment : 533.
– Régiment de chevaux-légers de Guiche (8 compagnies) : Compagnies Maître de Camp (80), Saint-Megrin (48 non armés), Roquelaure (73), Dorthe (67 armés), Linville (absents), Ayen (absents), Heilly (36 n’ayant point eu de recrue à cause du capitaine), Mousquetaires (66). Total du régiment : 370.
– Régiment de chevaux-légers de Cursol : En tout 200 Maîtres non armés, les recrues ne sont arrivées.
– Régiment de chevaux-légers de Brouilly (7) : Compagnies Brouilly père (70), Brouilly fils (33), La Potiniere (55 armés), Esclamviliers (51), Grand-pré (58), Chevrieres (absents), Buqueville (absents). Total du régiment : 267 maîtres.
– Régiment de chevaux-légers de Gesvres (8 compagnies) : Compagnies Maître de Camp (57 armés), Bourry (70), Bazoche (63), Curieux (63 non armés), Langtot (63 non armés), Bouflers (68), Mousquetaires La-Pierre (absents), Mousquetaires Du Val (54). Total du régiment : 438 maîtres.
– Carabins : Compagnies de Recy (50) et Monsou (55). Total : 105 carabins.
Total de la cavalerie française : 2778.
CAVALERIE ETRANGERE
– Régiment d’Egenfeld : 2 compagnies (148 armés), Boucy compes (60 non armés).
– Régiment de Bussy-Helmoru (5 compagnies) : Compagnies Colonelle (56), Buy (54), Raucourt (63), De Guerre (69), Balensac (52). Total du régiment : 294.
– Régiment de L’Eschelle : 6 compagnies (250 maîtres non armés, n’ont point eu de recrue).
– Régiment de Sirot (3 compagnies) : Compagnies Colonelle (60 non armés), Mommenet (32 armés), Major (7 armés). Total du régiment : 162 maîtres.
– Régiment de Fittingost : 6 compagnies (400 maîtres non armés).
Total de la cavalerie étrangère : 1314.
Total de la cavalerie tant française qu’étrangère : 4092 chevaux.
Fait à Vervins le 9 juin 1639.

Signé Châtillon.

L’armée de Picardie le 24 avril 1640

INFANTERIE

Gardes Françaises, 10 compagnies, 1500 hommes

Gardes Suisses, 5 compagnies, 800 hommes

Piémont, 20 compagnies, 1200 hommes

Bourdonné, 20 compagnies, 1200 hommes

Maréchal de Brézé, 20 compagnies, 1200 hommes

Bausse (ou Beausse), 20 compagnies, 1200 hommes

Le Vidame, 20 compagnies, 1200 hommes

Mesdavid, 20 compagnies, 1200 hommes

Canisy, 20 compagnies, 1000 hommes

Longueval, 20 compagnies, 1000 hommes

Vervins, 20 compagnies, 1000 hommes

La Feuillade, 20 compagnies, 1000 hommes

Espagny, 20 compagnies, 1000 hommes

Migene, 20 compagnies, 1000 hommes

Du Tot, 20 compagnies, 1000 hommes

Watteville Suisses, 20 compagnies, 1000 hommes

Total : 17 500 hommes (NDR: les effectif sont bien sûr théoriques)

CAVALERIE LEGERE

Régiment Colonel avec les compagnies Colonelle (60h), Angoulême (60h), Laurieres (60h), Viantez (60h), La Force (60h), Francieres (60h), Saint-Germain-Beaupré (60h), La-Pierre (60h), Vieux-Pont (60h) et Châtillon (60h)

Régiment de Praslin avec les compagnies Praslin (60h), Maître de Camp (60h), La Rente (60h), Chambort (60h), Le Moine (60h), D’Arnicourt (60h) et Brizon (60h)

Régiment de Dosmont avec les compagnies Dosmont (60h), Villequier (60h), Lannoy (60h), Fourrilles (60h), Vaudremont (60h) et Grandmont (60h)

Régiment de la Ferté-Imbaut avec les compagnies La Ferté-Imbaut (60h), Rochefort (60h), Mosny (60h), Choiseul (60h), Des Fontaines (60h) et La Salle (60h).

Régiment de la Clavière avec les compagnies La Clavière (60h), Rochefort (60h), Edouville (60h), D’Andresy (60h), Bourry (60h), et Richemont (60h)

Régiment d’Aubay avec les compagnies d’Aubay (60h), Vignoles (60h), Gueilar (60h), Ornezon (60h) et Aviargues (60h).

Total : 2400 h (NDR: effectifs tous théoriques encore !)

REGIMENTS ETRANGERS

Régiment d’Egenfeld avec les compagnies Egenfeld (60h), Mazot (60h), Ferdinand (60h), Valence (60h), Lieutenant-Colonel (60h) et Caltoff (60h)

Régiment de Seillart avec les compagnies Seillart (60h), Lieutenant-Colonel (60h), Le Major (60h), Lestoff (60h), Valentin (60h) et Flich (60h)

Régiment de Hums avec les compagnies Colonelle (60h), Lieutenant-Colonel (60h), Abraham (60h), Frederic (60h), Iambron (60h) et Depuis (60h)

Régiment de Bouillon avec les compagnies Colonelle (60h), Lieutenant-Colonel (60h), Major (60h), Bouillon (60h), Aubinei (60h) et Chaumont (60h)

Régiment Notaff avec la compagnie Notaff (60h), et 3 autres compagnies de 60h.

Total : 1620 h

Total de la cavalerie de l’armée : 4020 h (NDR: effectifs tous théoriques encore !)

 

L’armée de Champagne en mai 1641

Etat des troupes tant d’infanterie que de cavalerie dont sera composée l’armée du Roy en Champagne, commandée par monsieur le Maréchal de Châtillon

 

INFANTERIE

Régiment de Saint-Luc, 20 compagnies, 1200 hommes

Régiment de La Feuillade, 20 compagnies, 1200 hommes

Régiment de Bussy-Lamet, 20 compagnies, 1200 hommes

Régiment d’Uxelles, 20 compagnies, 1200 hommes

Régiment de Beausse (ou Bausse), 30 compagnies, 1700 hommes

Régiment de Bourgogne, 20 compagnies, 1000 hommes

Régiment de Roussillon, 20 compagnies, 1200 hommes

Régiment de Bussy-Rabutin, 20 compagnies, 1200 hommes

Régiment de Nettancourt, 20 compagnies, 1000 hommes

Régiment de Lesdiguières, 20 compagnies, 1000 hommes

Régiment de Lusignan, 20 compagnies, 1200 hommes

Total infanterie : 13 100 hommes

Régiments d’infanterie étrangers dont il manque l’effectif :

Régiment de Douglas, 23 compagnies

Régiment de Dowal, 10 compagnies

Régiment de Belins, 15 compagnies

Régiment de Fisvillian, 10 compagnies

CAVALERIE

Compagnies de gendarmes :

Gendarmes de la Reine, 150 chevaux

Gendarmes de Monsieur, 150 chevaux

Gendarmes Ecossais, 50 chevaux

Gendarmes d’Angoulême, 80 chevaux

Gendarmes d’Hallincourt, 70 chevaux

Chevaux-légers :

Compagnie de la Reine, 70 chevaux

Compagnie de Monsieur, 70 chevaux

Compagnie de Monsieur le Prince, 70 chevaux

Régiment de Praslin, 6 compagnies, 420 chevaux

Régiment de Terrail, 6 compagnies, 420 chevaux

Régiment de Brouilly, 4 compagnies, 280 chevaux

Régiment de Lignon, 3 compagnies, 210 chevaux

Régiment de Linars, 4 compagnies, 280 chevaux

Carabins :

Régiment de carabins d’Arnaud, 12 compagnies, 720 chevaux

 

Cette armée va être rejoint par les régiments d’infanterie de Piémont (1400 hommes), d’Andelot (1000 hommes espérés), le régiment de cavalerie de Roquelaure.

Il s’agit bien sûr d’effectifs théoriques.

 

L’armée de Champagne le 3 juin 1641

Extrait de la revue générale des troupes emporté par Monsieur des Touches, s’en retournant à la Cour.

INFANTERIE

Piémont, 27 compagnies, 1293 h

Saint-Luc Persan, 20 compagnies, 666 h

Bussy-Lamet, 20 compagnies, 746 h

Bausse d’Andelot (ou Beausse d’Andelot), 28 compagnies, 964 h

Du-Glas, 23 compagnies, 646 h

Cargret, 19 compagnies, 672 h

Nettancourt, 7 compagnies, 296 hommes

Uxelles, 20 compagnies, 385 hommes

Bussy-Rabutin, 19 compagnies, 636 hommes

Chalancey, 20 compagnies, 559 hommes

La Feuillade, 20 compagnies, 186 hommes

Lusignan, 17 compagnies, 96 hommes

Total : 7145 hommes

CAVALERIE

Gendarmes de la Reyne, 136 h

Gendarmes de Monsieur, 123 h

Gendarmes Ecossais, 34 hommes

Gendarmes d’Angoulême, 66 hommes

Sous-total Gendarmes : 359 h

Chevaux légers de la Reyne, 39 hommes

Chevaux légers de Monsieur, 42 hommes

Chevaux légers de Monsieur le Prince

Sous-total Chevaux légers garde : 151 h

CAVALERIE LEGERE

Régiment de Praslin avec compagnies Praslin (59), Maître de Camp (52), Chambort (56), Arnicourt (64), Le Moine (56), Radois (31) et des Reaux (59) pour un total de 374 h

Régiment de Brouilly avec compagnies Brouilly père (56), Brouilly fils (64), Esclaincullières (63) et Grand-Pré (53) pour un total de 236 h

Régiment de Lignon avec compagnies Lignon (61), du Hamel (56) et La Renouillere (61) pour un total de 178 h

Régiment de Linars avec compagnies Linars (58), Montagnac (32), Champagnac (36) et Savignac (31) pour un total de 157 h

Régiment de Roquelaure avec compagnies de Roquelaure (58), du Hamel (65), Biran (42) et Daussy (37) pour un total de 202 h

Régiment du Terrail avec compagnies du Terrail (46), Torigny (66), Chambaut (50), Ternes (14), Guron (26) et Saint-Vincent (48) pour un total de 250 h

Régiment d’Ergenfeld avec compagnies d’Ergenfeld (85), D’Ergenfeld fils (41), Calthoffe (77), Bouc (55), Lesguille (45) et Grotviet (36) pour un total de 319 h

Carabins d’Arnault avec compagnies Arnault (52), Maubuisson (41), du Pré (44), Recy (48), du Pin (39), du Clau (48), Bonnières (50), Monsou (39) et Clerget (41) pour un total de 403 h

Total de la cavalerie : 2313 h

Total de toute la cavalerie : 2632 h

C’est sans comprendre les Officiers, tant à la cavalerie qu’à l’infanterie, sinon qu’à la cavalerie, les petits Officiers sont compris.

(NDR : Il s’agit là d’effectifs réels au bout de 2 mois de campagne).

Source : Histoire de la maison de Coligny

Stéphane Thion

La bataille de Wolfenbuttel (29 juin 1641)

La bataille de Wolfenbuttel (29 juin 1641)

Wolfenbuttel (1641) :  Quand les Français de Guébriant volent au secours des Suédois !

Peu connue, la bataille de Wolfenbuttel voit une armée franco-suédoise affronter les Impériaux de l’Archiduc Leopold et Piccolomini.

Cette année là, c’est le comte de Guébriant, succédant au duc de Longueville, qui est à la tête de l’armée franco-weimarienne d’Allemagne. Leonard Torstensson a été appelé pour succéder au brillant Baner, mort le 20 mai, mais en l’attendant, c’est Königsmark qui est en charge de l’armée suédoise.

Début juin 1641, la ville de Wolfenbuttel est assiégée par les Brunswickois de Klitzing. Ceux-ci, craignant une attaque des Impériaux, appellent le comte de Guébriant à leur secours. L’Archiduc Leopold, secondé par Piccolomini, a de son côté réuni une forte armée composée d’Impériaux et de Bavarois. Le 28 juin au matin, l’armée franco-suédoise franchit l’Oder et se poste vis-à-vis de la digue construite par Klitzing pour inonder la ville. Quatre heures plus tard l’Archiduc et Piccolomini apparaissent. Ils installent leur armée sur une hauteur face à Wolfenbuttel. Prenant peur, les Brunswickois fuient vers les franco-weimariens, en semant la confusion dans leurs rangs. Les Brunswickois parviennent même à convaincre certains généraux Suédois d’abandonner le siège ! Mais Guébriant est là. Prenant les choses en main, il parvient à convaincre ses alliés de combattre. Pendant ce temps, les impériaux vont occuper cette journée à détruire les travaux de siège. L’attaque est planifiée pour le lendemain.

L’armée alliée, estimée à un peu plus de 24 000 hommes (5 400 brunswickois, 6 000 franco-weimariens et 13 000 suédois) se déploie sur une position solide : les troupes du Brunswick-Lünebourg occupent l’extrême gauche, appuyées sur la rivière Ocker et la digue, les Français et Weimariens de Guébriant sont au centre gauche, sur le plateau de Limberg, bien protégés par une large tranchée. Les Suédois de Königsmark occupent le centre droit et la droite, face au bois de Fimmelsen (ou Fümelsen). Une batterie de douze canons placée sur une colline centrale couvre la ligne de bataille.

Les forces impériales et bavaroises, estimées à près de 21 000 hommes vont se déployer face à l’aile droite alliée, formant un angle : à l’aile droite, Piccolomini avec la cavalerie impériale de Bruay devra réaliser une attaque de diversion sur l’aile gauche alliée ; les Impériaux de l’Archiduc Leopold, au centre, et les Bavarois de Wahl, à gauche, renforcés par les défenseurs de Wolfenbuttel, porteront l’attaque sur les Suédois. La gauche bavaroise déborde la droite suédoise : les brigades suédoises traversent donc un marais situé sur leur flanc et forment des abattis pour arrêter la cavalerie ennemie.

La bataille

Il est neuf heures du matin. Sans attendre les Impériaux, les Bavarois se jettent sur les Suédois qui tiennent ferme. Le vieux régiment bleu (alt-blau), un peu avancé, fini par plier, entraînant dans sa retraite toute la première ligne suédoise. Heureusement, c’est à ce moment que le régiment de cavalerie Baner charge les Bavarois de flanc, permettant au régiment d’élite de repartir à l’attaque. Trois attaques successives n’auront pas permis aux Bavarois de rompre les Suédois. Les régiments de Wahl se résolvent alors à se retirer dans les bois.

Il est maintenant midi. L’Archiduc Leopold et Piccolomini ayant erré plusieurs heures, par manque de reconnaissance du terrain, ne lancent leur attaque trois heures après celle des Bavarois, alors que ceux-ci ont été repoussés. Avec trois brigades d’infanterie impériale, l’Archiduc Leopold attaque le centre franco-weimarien qu’il parvient à repousser. Mais une batterie de 12 livres stoppe l’élan impérial. L’Archiduc lance alors deux régiments de cuirassiers à l’assaut de cette batterie et, dans le même temps, engage de nouvelles brigades sur le centre allié. Son attaque échoue une fois de plus, les franco-weimariens résistant fermement.

Un peu plus loin sur la gauche alliée, Piccolomini est parvenu à ébranler les Brunswickois. Tout le centre franco-weimarien menace maintenant de céder. Mais Taupadel, à la tête de quatre escadrons de cavalerie, parvient à prendre l’ennemi de flanc, faisant plier l’aile droite impériale.

Il est quinze heures. Sur l’aile droite alliée, les Bavarois, qui tiennent toujours la lisière du bois de Fimmelsen, reprennent l’offensive. Les régiments de cavalerie bavarois débouchent par une clairière et tentent une percée. Cette charge est dans un premier temps stoppée par la cavalerie suédoise commandée par le comte Hoditz. Mais celui-ci est gravement blessé dans l’action. Les Bavarois profitent alors de la confusion qui s’empare des Suédois. Guébriant, qui a senti le danger, envoie Taupadel à la tête de quatre escadrons weimariens renforcer l’aile droite suédoise. La charge de Taupadel à la tête de deux de ses régiments de cavalerie (Nassau et Taupadel) fait plier les cuirassiers bavarois. Königsmark en profite pour reformer sa cavalerie et repartir à l’attaque : Ses escadrons enfoncent quelques unités ennemies. L’infanterie de Wahl reflue alors dans les bois, au bord de la rupture. Au même moment, les Impériaux resserrent leurs rangs, essayant tant bien que mal de tenir le centre et l’aile droite.

L’heure de la retraite sonne

Vers dix-neuf heures, Piccolomini rameute ses escadrons vers le bois de Fimmelsen, afin de soutenir les Bavarois. Il parvient à rallier les régiments de Wahl. Ceux-ci, épuisés, ne pourront repartir à l’attaque. L’heure de la retraite a sonné. Ce jour là, la cavalerie impériale, placée au début de l’action à l’arrière-garde, aura brillé par son absence : « Elle reçut tant de coups de canon qu’elle se retira sans attaquer » écrira Guébriant. Les cavaliers de Piccolomini se déploient alors à quelque distance du bois de Fimmelsen pour protéger la retraite de la cavalerie bavaroise et de l’infanterie impériale.

Les Impériaux et Bavarois perdirent ce jour là un peu plus de 3100 hommes, ainsi que 45 drapeaux et cornettes. Le général Wahl trouvera la mort durant la bataille. Les alliés ne déplorent pour leur part que 200 tués et 500 blessés. La part prise à cette victoire par Guébriant aurait été fondamentale. « Il empêcha la retraite, il persuade le combat, il y commanda, et il y fit merveilles de sa personne » rapporte la Gazette de France.

Ordre de bataille allié (24 400 hommes)

Suédois (13 000 hommes dont 6 000 cavaliers) :

L’armée suédoise compte au total 12 brigades d’infanterie, 43 escadrons de cavalerie et 26 canons : au centre, quatre brigades d’infanterie sont commandées par Wrangel et trois brigades par Pfuhl, le reste des brigades occupant les fortifications entre franco-weimariens et suédois. La cavalerie est disposée sur les ailes suédoises et en seconde ligne : Wittenberg commande l’aile gauche de cavalerie (entre franco-weimariens et suédois) et Königsmark commande l’aile droite, dont le premier échelon compte quinze escadrons.

Nous ne possédons pas l’ordre de bataille exact des alliés. Mais une montre datant du 30 juin 1641 nous permet de connaître les régiments qui étaient présents lors de la bataille, sans connaître leur position exacte sur le champ de bataille.

L’infanterie « suédoise » (en réalité allemande à l’exception du vieux régiment bleu) compte les régiments Baner (c’est à dire le régiment Alt-Blau à 12 compagnies), Torstensson (12 compagnies), Pfuhl (8), Wrangel (8), Wittenberg (12), Mortaigne (12), Österling (8), Döring (8), Paikull (8), Bibau (8), Schneeberg (8), Ruth (12), Piettenberg (12), Innes (8), Strijks (8), Haake (8), Goltz (8), soit 17 régiments totalisant 168 compagnies et formant 12 brigades de la taille d’un bataillon.

La cavalerie « suédoise » compte les régiments Baner (12 compagnies), Torstensson (8), Cratzenstein (8), Pfuhl (5), Wittenberg (8), Königsmark (12), Billinghausen (12), Gustafson (10), Henrik (12), Horns (8), Landgrave d’Hesse (12), Derfflinger (8), Hoditz (10), Douglas (8), Witzleben (12), Birkenfeld (8), Seckendorf (8), Duwall (8), Geres (8), Jeskew (6), Fritzlews (8), Schlangen (12), Kinsky (6), Höcking (8) et Grünes (dragons, 8), pour un total de 25 régiments totalisant 228 compagnies en 42 escadrons. Les régiments Baner, Königsmark, Billinghausen, Gustafson, Henrik, Landgrave d’Hesse, Hoditz, Witzleben et Schlangen formaient probablement chacun deux escadrons ; les régiments Pfuhl, Jeskew et Kinsky chacun un escadron ; les régiments Torstenson, Cratzenstein, Wittenberg, Horns, Dörfflinger, Douglas, Birkenfeld, Seckendorf, Duwall, Geres, Fritzlews, Höcking et Grünes entre un et deux escadrons chacun.

A ces 7 000 fantassins et 6 000 cavaliers s’ajoutent 26 canons.

Français et Weimariens (6 000 hommes dont 2 000 cavaliers) :

Les régiments de cavalerie français sont probablement les régiments Guébriant et Watronville, répartis en quatre escadrons. Les régiments d’infanterie français sont probablement Melun, Guébriant, Nettancourt et Montausier formant deux bataillons.

Les régiments de cavalerie weimariens sont probablement Rosen, Taupadel, Nassau, Kanoffsky, Ohm, Muller, Schon, Caldenbach, Witersheim, Rotenham, formant vingt escadrons.

Les régiments d’infanterie weimariens ne sont pas connus parmi les huit existants (Forbus, Hattstein, Schonbeck, Flersheim, Hodiowa, Kannoffsky, Moser et Schmidtberg). Les régiments de Flersheim et Schmidtberg sont probablement présents.

Les bataillons ou brigades d’infanterie franco-weimariens sont de l’ordre de 1 000 hommes chacun. Les escadrons sont de petite taille, avec moins de 100 chevaux par escadron.

Quelques drapeaux de régiments français (dont certains étaient présents à la bataille)

Brunswick-Lunebourg (5 400 hommes dont 1 300 cavaliers) :

En 1638, Georges-Guillaume, duc de Brunswick-Lünebourg réunit une armée de 9000 hommes, qui atteignit plus tard à 12 000 hommes. Il nomme von Klintzig lieutenant général pour commander les troupes à son service.

La cavalerie comprend le régiment de cavalerie de la garde commandé par von Schönberg, les régiments de cuirassiers Meier, von Warberg, Koch et Danneberg. L’infanterie comprend le régiment « rouge » von Schlütter et le régiment « bleu » (peut être le régiment Braun) à six compagnies chacun, le régiment de la garde von Bessel et le régiment « jaune » von Waldow à deux compagnies chacun, pour un effectif total de 5 400 hommes, dont 1 300 cavaliers, engagés réellement dans la bataille.

A Wolfenbüttel, la cavalerie formait six gros escadrons d’un peu plus de 200 chevaux chacun : le Leib-régiment formait donc probablement 2 escadrons, les quatre autres régiments formant chacun un escadron.

Les 16 compagnies d’infanterie présentes provenant des quatre régiments cités formaient deux bataillons de 1000 à 1200 hommes, en plus des compagnies réparties dans les différents forts de l’extrême gauche.

L’aile franco-weimarienne compte ainsi six bataillons ou brigades d’infanterie, trente escadrons de cavalerie et cinq canons.

Ordre de bataille impérial et bavarois (20 à 21 000 hommes)

Même si les effectifs de l’armée bavaro-impériale restent sujet à conjecture, son ordre de bataille est lui parfaitement connu, grâce à deux schémas réalisés sur place par l’état-major. Vous en trouverez une reproduction ci-joint.

La cavalerie est répartie aux deux ailes et en réserve, l’infanterie occupant le centre, le tout sur trois échelons.

La cavalerie impériale occupe l’aile droite du dispositif, avec les régiments Montecuccoli, Alt-Piccolomini, Neu-Piccolomini (c’est à dire « vieux » et « nouveau » Piccolomini), Misling, Pompeji, Spiegell, Braganza, Caba, Bucheim, Harasdorf, Brouay et Gonzaga, le tout formant 25 escadrons. Des compagnies de dragons à pied provenant des régiments Gallas et Gall de Burk sont répartis entre les escadrons de cavalerie de la seconde ligne.

L’aile gauche de cavalerie comprend les régiments impériaux Geleen, Gisenburg, Sperreuter, Jung et Rodovan, les régiments impériaux Kolb, Löwenstein, Truckmüller, Gayling, Mercy, Werth et Spork, le tout formant aussi 25 escadrons. Comme pour l’aile droite, des compagnies de dragons à pied provenant du régiment bavarois Wolf sont répartis entre les escadrons de cavalerie de la seconde ligne.

Le centre compte onze bataillons d’infanterie répartis sur deux lignes, formés à partir des régiments impériaux Savelli, Caretto, Suys, Fernemont, Matthei, Gonzaga, Hage, Borri, Waldstein et (probablement) Rannft, ainsi que des régiments bavarois Hagenbach, Mercy, Hunoldstein, Hasslang, Gold et Winterscheid. La troisième ligne est occupée par sept escadrons de cavalerie, les gardes du corps de Piccolomini en formant quatre, le régiment de cuirassiers impérial Wintz un, et les régiments d’arquebusiers montés impériaux Munster et Grodetzky, à priori trois.

Onze canons et trois régiments de croates (Foldvary, Reikowitz et Losy) complètent le tout, sans que l’on sache leur position dans l’ordre de bataille.

Au total, l’armée impériale et bavaroise réunit 57 escadrons (y compris les croates), 11 bataillons et 11 canons.

 

Quelques drapeaux impériaux appartenant à un même régiment (régiment inconnu)

Simuler Wolfenbüttel

Wolfenbüttel est une bataille déséquilibrée avec un peu plus de 24 000 alliés bien protégés affrontant moins de 21 000 impériaux et bavarois. Néanmoins, le déploiement allié, reposant essentiellement sur la ligne de fortifications, est plus rigide. En contrepartie, l’armée impériale et bavaroise a l’initiative, c’est à dire le choix du point où va porter son effort. Piccolomini et l’Archiduc Leopold commandent les impériaux et bavarois, Guébriant et Königsmark les alliés. Pour les besoins du jeu, le comte de Guébriant est considéré comme général en chef de l’armée alliée, Piccolomini comme général en chef de l’armée impériale et bavaroise.

Pour équilibrer la partie, il est donc conseillé de limiter les possibilités d’activation des unités brunswickoises, à l’extrême gauche du dispositif allié : les unités de mousquetaires placées dans les fortins et les deux bataillons d’infanterie brunswickois ne devront pas quitter leur emplacement. Il en sera de même pour le bataillon français (ou brigade) de gauche formé des régiments Guébriant et Melun. La veille de la bataille, Guébriant, pour s’assurer la protection du fort qui gardait la digue, l’avait fait défendre par une brigade brunswickoise et par ces deux régiments, avec ordre de pénétrer dans le fort si nécessaire. Toujours dans un soucis d’équilibre, la cavalerie brunswickoise ne pourra pas quitter l’aile gauche alliée. Elle dépend d’ailleurs du général Klitzing.

Leifferten, Wolfenbüttel, Thÿde et Fimmelsen sont représentés par des villages (fortifiés ou non) et la plaine inondée au sud de Wolfenbüttel par un lac infranchissable.

 

Jouer avec la règle Liber Militum : Tercios

La bataille de Wolfenbüttel voit s’affronter deux armées importantes, avec plus de 20 000 hommes de chaque côté. Vous aurez donc besoin de beaucoup de figurines pour jouer à LM Tercios. Mon conseil est de réduire le nombre d’escadrons et de bataillons par deux (un bataillon/escadron sur la table pour deux bataillons/escadrons réels).

Tous les bataillons d’infanterie français, weimariens et brunswickois sont des bataillons réformés avec la règle « brigade » et sont armés de piques et de mousquets. Les suédois n’utilisent plus la « brigade suédoise » depuis la mort de Gustave Adolphe. Vous pouvez néanmoins utiliser des escadrons modernes pour les suédois mais en prenant l’option d’enlever l’unité de mousquetaire et de compenser en passant l’un des escadrons en vétéran. Les bataillons suédois sont de petite taille (moins de 600 hommes en moyenne) et la stamina de 3 des brigades « modernes » simulera ce petit effectif. Pour simplifier, compter 4 brigades de 3 escadrons suédois et 2 brigades de bataillons français, weimariens ou brunswickois. Pour les suédois, concentrer les bataillons de vétérans au sein d’une même brigade pour représenter le vieux régiment bleu (Alt-Blau).

Les régiments de cavalerie suédois, français et weimariens sont des escadrons de cavalerie moderne, de type « demi-cuirassiers » (les demi-cuirassiers ont un courage de 4 au lieu de 3 : voir page 18 de l’extension Kingdoms). Les régiments de cavalerie brunswickois forment 6 escadrons de cuirassiers (donc 3 unités à 2 escadrons). Il y a au total 72 escadrons de cavalerie alliés soit 36 unités de 2 plaquettes. Il y avait un régiment de dragons dans la cavalerie suédoise, mais ce régiment a à priori combattu au sein de la ligne de bataille : à vous de décider si vous préférez remplacer une unité de 2 escadrons de cavalerie par suédoise par 2 compagnies de dragons.

Les régiments d’infanterie bavarois et impériaux sont des régiments réformés à 3 bataillons réformés (Wallenstein a en effet réformé l’infanterie impériale en 1632), armés de piques et mousquets. Compter 3 brigades à 3 bataillons et une brigade à 2 bataillons

Les régiments de cuirassiers impériaux sont formés en partie d’escadrons de cavalerie moderne, de type demi-cuirassiers (Les demi-cuirassiers ont un courage de 4 au lieu de 3 : voir page 18 de l’extension Kingdoms), et en partie d’escadrons de Cuirassiers. Les gardes du corps de Piccolomini (3 escadrons) sont des cuirassiers « élite » (même s’ils n’ont pas combattus dans la réalité !). Les régiments d’arquebusiers impériaux sont formés d’escadrons d’arquebusiers à cheval. Les régiments de Croates sont formés d’escadrons de cavalerie légère (Light Horse) avec pistolets. Les compagnies de dragons sont formées chacune d’une unité de dragons.

La cavalerie impériale et bavarois comprend au total 57 escadrons dont 3 escadrons de gardes de Piccolomini, 6 escadrons d’arquebusiers à cheval, 48 escadrons de cuirassiers et 2 escadrons de Croates. Huit compagnies de dragons s’ajoutent à ce total. Cela nous donne donc 27 « régiments » à 2 plaquettes, 1 « régiment » à 3 plaquettes (gardes) et 8 compagnies (i.e. plaquettes) de dragons.

Nous ne connaissons pas la répartition des pièces d’artillerie par calibre. Pour simplifier, nous considérerons que tous les bataillons d’infanterie alliés (18) possèdent une pièce d’artillerie légère attachée (fauconneau). Le reste de l’artillerie (13 canons pour les alliés et 11 pour les impériaux et bavarois) est considérée comme artillerie moyenne.

La ligne de bataille alliée, entre l’aile gauche suédoise et la plaine inondée est protégée par des remblais de pierre et de terre, considérés comme des murs (règle « Wall »).

Si vous jouez à la règle LM Tercios avec budget (version règle imprimée), n’hésitez pas à passer quelques unités impériales ou bavaroises en « vétérans » et quelques unités de cuirassiers en « lourd » (heavy) afin d’équilibrer les armées.

Pour jouer ce scénario avec des effectifs plus facilement gérables, diviser tous ces chiffres (bataillons/escadrons d’infanterie et régiments/escadrons de cavalerie) par deux. Compter ainsi 2 brigades d’infanterie suédoise à 3 bataillons modernes et une brigade d’infanterie franco-weimarienne à 3 bataillons réformés pour les alliés et 2 brigades classiques à 3 bataillons pour le camp impériale (une brigade impériale et une brigade bavaroise). Pour la cavalerie alliée, compter 36 plaquettes (18 unités de 2 escadrons) et pour les impériaux, compter 30 plaquettes (15 unités de 2 plaquettes) plus 4 unités de dragons. Diviser aussi le nombre de pièces d’artillerie pas deux.

Bibliographie

Il n’existe à ma connaissance pas d’ouvrage qui aborde la bataille de Wolfenbüttel. « The later Thirty Years War » de William P. Guthrie y consacre tout de même une petite page.

Stéphane Thion