La bataille d’Avins (20 mai 1635) d’après les relations
Relation officielle de la bataille d’Avein (Chez Melchior Tavernier, graveur & imprimeur du Roy)
L’Armée du Roy destinée pour la Flandre, ayant commencé de marcher le douzième de ce mois dans le pays de Luxembourg & de Liège, pour s’aller joindre à celle de Messieurs les États, qui devait s’avancer d’un autre côté, après avoir traversé la forêt d’Ardennes, & plusieurs autres pays fort stériles, où la quantité de vivres dont elle fît provision avant que partir des frontières de France lui fut assez nécessaire, rencontra le vingtième de ce mois à sept heures du matin l’armée Espagnols, composée de dix mille hommes de pied, trois mil chevaux, & seize canons ; commandée par le Prince Thomas, campée sur son chemin très- avantageusement. Les escadrons qui se trouvèrent plus avancés, commandés par les sieurs de Moulinet & d’Alexis, ayant donné avis de l’état des ennemis, firent ferme assez longuement contre toute l’armée, soutenus seulement des régiments de Genlis & de Lusignan, & à la faveur de quelques haies, où le sieur de Camailleran les avait logé proche du canon.
Le brigade de Monsieur le Maréchal de Brezé qui faisait la moitié de l’armée, que ledit sieur Maréchal commandait toute ce jour là, se trouvant plus proche, fut mise par lui en bataille en un instant, & s’avança jusqu’au lieu où étaient les escadrons pour les soutenir. Monsieur le Maréchal de Châtillon qui était logé séparément, & avait été averti quelque temps auparavant que les ennemis s’étant avancé avec quelques troupes de sa brigade, dont les corps de Genlis, Luzignan, Alexis & Moulinet faisaient partis, arriva près d’eux par la main gauche presqu’en même temps que ledit sieur Maréchal de Brezé : & aussitôt fit descendre quatre mille hommes de pied, quatre cents chevaux, & quatre pièces de campagne d’un village, où Monsieur de la Meilleraye, en attendant sa venue les avait fait mettre en ordre par le sieur d’Espenan dans la plaine, où tout le reste de l’armée était déjà en bataille, excepté quelques régiments & compagnies de cavalerie de la brigade de Monsieur de Châtillon, qui n’avaient pu assez tôt recevoir les ordres pour s’y rendre, à cause que la longue traite du jour précédent les avait fait loger séparément, & éloignés les uns des autres.
Le Conseil de guerre fut tenu sur le champ de bataille, pour savoir si l’on devait continuer de marcher, faire ferme, où aller droit aux ennemis pour les combattre. Sur quelques diversités d’opinions, il fut trouvé bien de reconnaître encore de plus près la contenance des ennemis, pour faire jugement plus certain de leur dessein, de leur force, & de tout ce que l’on pouvait faire. Pour cet effet les sieurs de la Meilleraye, de Charnacé, & d’Espenan s’étant avancés jusqu’aux vedettes plus éloignées, qui avaient été posées en un lieu éminent, rapportèrent que les ennemis étaient en bataille à deux mille pas de là ; ce qu’ayant aussi été reconnu par lesdits sieurs de Châtillon,& de Brezé, personne ne douta plus qu’il ne fallut combattre. Ledit sieur de Brezé s’étant allé à l’aile droite, pource, comme il a été dit, que c’était son jour de commander l’armée, ledit sieur de Châtillon prit la gauche : & l’armée s’avança contre les ennemis au même ordre qu’elle était venue en leur présence.
Les ennemis voyant venir firent couler une partie de leurs troupes sur leur main gauche, & rangèrent leur infanterie dans un vallon, où elle était à couvert de leur canon,& de leur cavalerie. La bataille commença par l’aile droite, que ledit sieur de Brezé avait disposé de telle sorte, que la cavalerie & l’infanterie se soutenant l’un l’autre, il était impossible, sans un grand malheur, de les rompre & de les forcer. La décharge que les ennemis firent sur les nôtres de leurs carabins, canon & infanterie fut très-grande, quelques escadrons en furent ébranlés d’abord ; & après ce bruit la fumée du canon s’étant mêlée parmi une grande poussière que le vent élevait, mit quelque désordre parmi quelques-unes de nos troupes, qui ne se reconnaissaient presque plus, aucun ayant fait leur décharge contre les nôtres, même à l’endroit où était le Maréchal de Brezé. Nonobstant ce petit désordre, quelques escadrons de cavalerie ne laissèrent pas d’enfoncer les ennemis sur la droite : & Monsieur de Brezé ayant rallié tout ce qui s’était mis en désordre, les ramena au combat avec tant d’ardeur & de regret seulement d’avoir branlé, que les ennemis firent encore emportés en un autre endroit où ils donnèrent. L’aile droite ayant en cette sorte fait plier les ennemis, & déjà gagné leur canon, on s’aperçut que l’aile gauche où Monsieur de Châtillon commandait avait eu un pareil succès, & que la cavalerie des ennemis avait aussi lâché le pied de ce côté-là, si bien qu’il ne restait plus que leur infanterie qui avait fait ferme. Le sieur de la Meilleraye qui en fut averti par le sieur de Charnacé, laissa les escadrons de cavalerie, à la tête desquels il avait combattu jusqu’alors à l’aile droite ; & cependant qu’ils allaient poursuivant la victoire, s’en revint demander audit sieur de Châtillon les régiments de Champagne, de Cy, de Bellebrune, & de Mignieux, pour attaquer ce qui restait d’infanterie aux ennemis. Monsieur de Châtillon l’ayant trouvé bon, Champagne donna le premier courageusement, fut suivi & soutenu par les autres, ce qui acheva le combat ; car le sieur de Brezé avait fait avancer trois bataillons, & six ou sept escadrons pour les secourir, lesquels voyant qu’ils n’en avaient pas besoin avaient passé plus outre, pour empêcher le ralliement des ennemis, & assurer la victoire. Il ne fallut plus après cela que la poursuivre, ce qui fut fait si heureusement, que plus de cinq mil sont demeurés morts sur la place, seize pièces de canon, & le bagage pris, quatre-vingt neuf drapeaux, quinze cornettes, dix-huit cents prisonniers, presque tous leurs principaux officiers, entre lesquels de Comte de Fera (Feria), de la maison de Piemantel Gouverneur d’Anvers, & lieutenant général de l’armée, avec un sien neveu, & un sien cousin, un bâtard de l’Archiduc Leopold, le Comte de Billerval (Villerval) ayant le bras rompu d’une mousquetade, les colonels Ladron & Sfondrato, dont les régiments, l’un de deux mil Espagnols naturels, & l’autre d’autant d’Italiens, composés de quantité d’officiers réformés, & les meilleurs de tout le pays bas, ont été entièrement défaits.
Le Comte de Bucquoy se retira lui quatorzième dans Namur, après avoir eu deux chevaux tués sous-lui ; quelques- uns avaient cru mort le Prince Thomas, mais il se sauva de bonne heure parmi les nôtres ; car il n’y a eu que cinquante morts, & cent cinquante blessés ; mais quantités d’officiers se sont signalés dans le combat, parmi lesquels, outre la valeur & bonne conduite que Mes- sieurs les Maréchaux de Châtillon & de Brezé ont fait paraître en toute l’action, pour faire combattre toutes les troupes, & soutenir les endroits qui étaient ébranlés, où ils ont quelquefois été obligés de se mêler & de combattre de leurs mains ; Messieurs de la Meilleraye & de Charnacé y ont fait des merveilles en valeur & en jugement, se trouvant partout pour agir où il était nécessaire ; comme aussi le Marquis de Tavannes, & le sieur Lambert, le premier a été blessé légèrement au visage d’une mousquetade ; les sieurs d’Espenan& de Monsolens s’y sont autant qu’il est possible signalés ; les sieurs de Moulinet& d’Alexis ne sauraient être assez loués ; comme les sieurs de la Luzerne, Lenoncourt, d’Aumont, la Ferté-Seneterre, des Roches Saint-Quentin, des Roches-Baritaut, Ysault, Beauregard, Champros blessé légèrement de trois coups, & son cheval d’autant, Lansac, Praslin, Francieres, Bouchavanes, la Clavière, Viantais (Viantez) blessé légèrement au visage, & deux chevaux tués sous lui, Broully au Bayes, le Terail, Cambon, Asssera, Vatimont, Tivolieres, dont le cheval fut blessé en trois endroits, Beauregard, Blanchefort, Beauveau, Daint-Florent, Saintou, Vances, capitaine des Gardes de Monsieur le Maréchal de Brezé, dont le cheval a été tué d’une mousquetade, le Comte de Tonnerre, Marquis de Varennes, Calonge, Bellebrune, Genlis, Polignac, Castelnault, La Mothe-Houdencourt, & plusieurs autres Maîtres de camp, les volontaires y ont fait aussi parfaitement bien ; Messieurs de Vendômes, Prince de Marsillac, Marquis de Boissy, entre autres le Marquis de Narmoutié, Cursol, Hautefort, Beaumont, Builly, Guyancourt, Basoches Boisanval ; les autres aussi qui s’y sont portés très vaillamment, Chinoise & du Puits y ont été tués ; les sieurs de Grateloup, Montalet, & Chevaliers de Mousseleins qui menaient les enfants perdus de Piémont méritent aussi d’être particulièrement remarqués, après avoir fait faire leur décharge à bout portant, encore qu’ils vissent quelque petit désordre à leur main droite, ils ne laissèrent pas de s’y mêler à coups d’épée ; le sieur de Chastelier-Barlot ne s’y trouva pas, étant employé à ramasser douze cornettes de cavalerie, & les régiments de Mesdavy, Marquis de Brezé, Monmege & Mesnil, tirant de la brigade de Monsieur le Maréchal de Châtillon ; le sieur de la Ferté Imbaut ne combattit point aussi, ses compagnies étant destinées pour le gros de réserve.
Le lieu d’où parti l’armée du Roy, je jour du combat, se nomme Tinlo, & celui où la bataille fut donnée s’appelle Avein.
La bataille d’Avins selon le Mercure Français
On ne parlait que de guerre. Le rendez-vous général des troupes du Roy était à Mézières, sur les frontières de Champagne & du Luxembourg. Les Maréchaux de Châtillon & de Brezé étaient les Généraux de cette nouvelle armée, laquelle se trouva composée de vingt-cinq à trente mille hommes, tant Infanterie que Cavalerie, tous braves hommes & en très bon état, équipée de cinquante pièces de canon de divers calibre, avec leurs équipages & munitions. Lesdits sieurs Généraux s’étant rendus à Mézières, ils divisèrent leur armée
en deux parties, dont la première passa les 7 & 8 de May la rivière de la Meuse par le pont de Mézières, sous la conduite du Maréchal Châtillon, qui devait commander le premier jour, comme le plus ancien, & s’alla loger entre les rivières de la Meuse & de Samoy. L’autre
partie prenant la route & les postes de l’avant-garde passa le Samoy, depuis Bouillon jusques à Orcimont, suivis de l’artillerie & de son attirail ; & toute l’armée entière traversa les Ardennes dans le pays du Luxembourg. (…)
L’armée Française étant partie de Rochefort le 18 de May, leMaréchal de Châtillon conduisant l’avant-garde, prit le même jour Marche- en-Famine à capitulation, par laquelle trois cents soldats sortirent avec leurs armes seulement, & la ville fut mise sous la protection du Roy ; mais pour le peu d’importance de la place il n’y fut laissé aucune garnison. Le lendemain (19 mai 1635), toute l’armée fit une traite extraordinaire, et alla prendre ses quartiers aux environs de Freteur. Ce qui fit que les Français gagnèrent le devant, et empêcha qu’ils ne fussent coupés par l’armée du Prince Thomas, qui était composée de dix mille hommes de pied, et de trois mille chevaux. Le sieur de la Meilleraye voyant l’armée ennemie proche de son quartier, rallia les troupes près de lui si à propose, que les ennemis n’osèrent attaquer, et donna avis aux Maréchaux de Châtillon et de Brezé qu’ils s’approchaient avec de grandes forces. Aussitôt lesdits sieurs Maréchaux, logés à demi-lieue l’un de l’autre, montèrent à cheval chacun de son côté, et se joignirent en une plaine pour aller avec bon ordre vers ladite armée du Prince Thomas ; laquelle avait pris un poste fort avantageux, ayant placé toute leur infanterie dans un
petit vallon couvert de grosses haies, où ils avaient mis toute leur mousqueterie avec 16 pièces de canons, soit bien placées, et avaient avancé 1500 chevaux dans la plaine par où les Français allaient pour les attirer dans le gros de leur infanterie qu’ils tenaient cachée dans ce vallon. Ce qui empêcha d’abord les Français de bien reconnaître leurs forces ; le reste de leur cavalerie était dans une autre campagne par delà le vallon derrière leur infanterie. Les Maréchaux de Châtillon et de Brezé et le sieur de la Meilleraye s’avancèrent pour reconnaître leur contenance, et résolurent, après avoir consulté, d’aller droit à eux. Le Maréchal de Châtillon donna ordre audit sieur de la Meilleraye de faire venir douze pièces de campagne pour mettre à la tête des bataillons Français. Ce qu’il exécuta promptement.
La plaine par laquelle ils marchaient étant assez large pour mettre les deux brigades de front, le Maréchal de Brezé ayant l’aile droite de l’armée avec toutes ses troupes ensemble, et le Maréchal de Châtillon la gauche, avec une partie des siennes seulement, ils avancèrent
en très bon ordre, l’infanterie au milieu, et la cavalerie sur les ailes ; et pressant les ennemis, leur cavalerie qui était avancée se retira vers celle qui était derrière leur infanterie, laissant deux escadrons à côté de l’infanterie de main droite, et leurs carabins à côté desdits escadrons. L’aile droite qui était plus proche des ennemis, alla donner hardiment dans le corps de leur infanterie ; et les escadrons
Français de main droite s’avancèrent aussi contre ceux de l’ennemi, le Maréchal de Brezé à la tête leur montrant le chemin. Quelques
uns de ses escadrons ayant été surpris de la grande décharge des carabins et mousquetaires des ennemis, et leurs chevaux épouvantés du bruit et de la fumée de leurs canons, furent renversés sur des bataillons de l’infanterie qui les mirent en désordre : mais cela n’empêcha pas que le Marquis de Tavannes, à la tête des compagnies des sieurs de Vientes, la Luzerne, Lenoncourt, d’Aumont, la Ferté-Seneterre, Isaut, Beauregard-Champrou, Bouchavanes et la Claviere, avec une partie de leurs escadrons, n’enfonça la cavalerie des ennemis qui était de leur côté. Le sieur de Charnacé se trouva parmi eux, où il se fit signaler par son jugement et courage.
Le Maréchal de Brezé rallia ses bataillons qui avaient été en désordre, et les envoya attaquer l’infanterie des ennemis qui était à gauche de leur canon, laquelle ils emportèrent ; pendant qu’il les soutenait avec le reste de la brigade qui n’avait point passé, qu’il avait remis en ordre et que le sieur de Monsolins mena.
Le Maréchal de Châtillon étant à la tête de l’aile gauche, voyant les bataillons des ennemis qui étaient à main droite de leur canon, en bon ordre et en état de faire résistance, fit commandement au régiment de Champagne de les attaquer, le Marquis de Varennes à la tête, la pique à la main, leur montrant le chemin de bien faire. Ils y allèrent avec tel ordre et courage, qu’ils battirent d’abord un régiment Espagnol, et le régiment du Prince Thomas. Les régiments de Plessis-Praslin, Longueval, Genlis, Lusignan et Cy donnèrent ensuite, et achevèrent de mettre en route l’infanterie des ennemis ; et notre cavalerie de main gauche, le sieur Lambert Maréchal de Camp à leur tête, avec les compagnies des sieurs Moulinet, Brouilly, Cluy, Hocquincourt, Fourille, Comte d’Ayent, Aubais, Saint-Martin, Asserac, Belin, et les compagnies de carabins d’Arnaut, Bideraut, Maubuisson, Villars, couplées en escadron, ne perdirent point le temps d’aller droit à la leur, selon l’ordre qu’en avait donné le Maréchal de Châtillon ; et y allèrent avec telle hardiesse, que 1500 chevaux des ennemis ployèrent devant eux aux premiers coups de pistolet ; et l’escadron de Moulinet trouvant un régiment des ennemis qui commençait à se rallier, le tailla en pièces. Les Ducs de Mercoeur se trouvèrent à cette charge, où ils firent paraître leur courage, s’y étant portés très généreusement.
Il n’y eut plus qu’à poursuivre la victoire et à tuer. La compagnie de gendarmes et celle de chevaux légers de Monsieur demeura pour le gros de réserve, le sieur de la Ferté-Imbaut à leur tête, la contenance ferme de cet escadron donnant de l’effroi aux ennemis, sans toutefois combattre. Le sieur de Chastelier Barlot étant demeuré au quartier du Maréchal de Châtillon par son ordre très exprès, pour assembler le reste des troupes de sa brigade, ne manqua de s’avancer après le plus diligemment qu’il peut ; mais il ne vint qu’après le combat achevé. Il ne laissa pas d’arriver à propos. Car si les ennemis eussent fait plus de résistance ou se fussent ralliés, ce nouveau renfort eût bien aidé. Il est à remarquer en cette occasion que le Grand Maître de l’Artillerie fit aussi généreusement et judicieusement qu’un capitaine saurait faire, s’étant mis à l’aile droite, et partout où il y avait du péril. Les sieurs de Saint-Florent et de Beauregard-Blanchefort y servirent dignement et courageusement, portant avec promptitude et diligence les commandements aux troupes de l’aile gauche ; comme aussi les sieurs d’Espenan, de Monsolins, et de la Fitte de leur côté; Les Marquis de Boisy, de Narmontier, de Hautefort, le Comte de Beaumont, Chenoise qui y fut tué, le fils de Launay, Hercour, neveu du sieur Medan, firent très bien courageusement. Comme aussi le sieur de Charnassé, leMarquis de Tavannes qui fut légèrement blessé d’une mousquetade au visage, les sieurs Lambert, de Moulinet et d’Alexis, de la Luzerne, Lenoncourt, d’Aumont, la Ferté-Seneterre, des Roches, Saint-Quentin, des Roches-Baritaut, d’Isaut, Beauregard, Gadaigne autrefois Champron, celui-ci blessé légèrement de trois coups et son cheval d’autant, Lansac, Praslin, Francieres, Bouchavanes, la Claviere, Viantes blessé légèrement au visage et deux chevaux tués sous lui, Brouilly Aubayes, terrail, Cambon, Assarac, Vatimont, Tivolieres, Beauveau, Saintois, Vances capitaine des Gardes du Ma- réchal de Brezé, le Comte de Tonnerre, Marquis de Varenne, Calonge, Bellebrune, Genlis, Polignac, Castelnau, la Mothe-Odancourt et plusieurs autres, s’y rendirent remarquable par leur courage et jugement. Les volontaires y firent encore parfaitement bien, entre autres les Ducs de Mercoeur et de Beaufort, les Prince de Marsillac, Comte de Cursol, Beaumont, Bully, Guinancourt et Barches, du Puy qui y fut tué. Les sieurs de Grateloup Montalet, et Chevalier de Monsolins qui menaient les Enfants perdus de Piémont, méritent bien d’être particulièrement remarqués ; car après avoir fait faire leur décharge à bout-portant, encore qu’ils vissent quelque désordre à leur main droite, ils ne laissèrent pas de se mêler à coups d’épée.
Il y demeura des ennemis sur le champ et sur le chemin de leur fuite 4 000 morts, toute leur artillerie prise, avec tous leurs drapeaux, et quelques cornettes aussi, et cent cinquante mille patagons. Le Comte de la Faira fils du Comte de Benevent, gouverneur d’Anvers, le Comte Vuillervad Lieutenant de l’artillerie, le colonel Alonse Ladron Espagnol, le colonel Sfondrate italien, le colonel Brons Anglais, Dom Carlos d’Autriche fils bâtard de l’Archiduc Leopold furent pris prisonniers, et quantité d’autres. Le Prince Thomas se sauva de bonne heure. Le Comte Buquoy se retira lui quatorzième dans Namur, après avoir tué deux chevaux sous lui. En tout cet heureux exploit les Français n’y perdirent que 200 hommes de pied et environ 60 maîtres. Il y eut force officiers du régiment de Champagne blessés, deux capitaines, cinq lieutenants, et un enseigne ; du régiment de Piémont un lieutenant mort, et cinq ou six autres officiers blessés ; le sieur de Beauregard-Champrou ci-devant nommé fut blessé en deux ou trois endroits, et entre autres d’un coup de pistolet au bras gauche.
La plaine où la bataille fut donnée s’appelle Avein, à cause du bourg ou village proche ainsi nommé, entre ledit bourg d’Avein et Ochen, derrière la ville de Hoye au pays de Liège. Le combat dura depuis environ midi jusqu’à 5 heures du soir. Les régiments de la Meilleraye, Maréchal de Brezé, Castelnau, Saucourt et Calonge secondèrent de leur côté fort courageusement. Le régiment de Piémont, surtout les officiers s’y portèrent très dignement. Les autres régiments qui les soutenaient firent bien leur devoir en demeurant fermes dans leur place ; mais ils n’eurent pas l’ordre ni le temps d’aller au combat, étant demeurés pour troupes de réserve, en cas qu’il y eut plus de résistance.