En 1608, furieux de la nouvelle interprétation des stipulations d’Augsbourg proposée par le parti catholique au Reichstag, les représentants des états protestants quittent l’assemblée. Ils constituent alors, le 14 mai 1608, une union défensive, appelée Union protestante, ou Union évangélique. Christian d’Anhalt pousse alors un calviniste, l’électeur palatin Frédéric V, à prendre la tête de cette Union. Suite à la défaite de l’Union protestante à la bataille de la Montagne Blanche, en 1620, Frédéric V sera surnommé le Roi d’un hiver.
En réalité, il n’existait pas une mais plusieurs armées protestantes. Matthias Thurn commanda la première armée, en 1619, mais Frédéric V en confia le commandement à son favori, Christian d’Anhalt, début 1620. Après la Montagne Blanche, Ernst von Mansfeld prit le commandement de l’armée de Frédéric V alors que Christian de Brunswick vint renforcer l’Union avec une nouvelle armée.
L’armée du Roi d’un Hiver en 1620
Les régiments bohémiens sont théoriquement à 2 000 hommes, en 10 compagnies de 200 hommes et les régiments de cavalerie à 4-5 compagnies de 100 chevaux. À la bataille de la Montagne Blanche, l’armée bohémienne de Christian d’Anhalt compte de l’ordre de 11 600 fantassins en 14 bataillons, 11 400 cavaliers en 28 escadrons et 10 canons. Cette armée a été réorganisée sur les principes hollandais, en bataillons de 1 000 hommes sur 10 rangs de profondeur et en escadrons de 400 chevaux.
Armée bohémienne de Christian d’Anhalt à la bataille de la Montagne Blanche (1620) :
Avant-Garde (1ère ligne) (5 bataillons et 6 escadrons)
Sthrum 4 compagnies en 1 escadron
Infanterie mährisches (morave) 4 enseignes en 1 bataillon (Bierek)
Cavalerie silésienne 4 compagnies en 1 escadron
Infanterie mährisches 4 enseignes en 1 bataillon (Bierek)
Cavalerie autrichienne 8 compagnies en 1 escadron
Infanterie d’Hohenlohe 4 enseignes en 1 bataillon
Cavalerie d’Hohenlohe 5 compagnies en 1 escadron
Infanterie d’Hohenlohe 4 enseignes en 1 bataillon
Cavalerie bohémienne 3 compagnies plus 1 compagnie royale en 1 escadron
Cavalerie de Bubna & Solms 9 compagnies en 1 escadron
Infanterie de Thurn 6 enseignes en 1 bataillon
Bataille (2nd ligne), dans les intervalles (6 bataillons et 6 escadrons)
Cavalerie hongroise 300 cavaliers en 1 escadron
Cavalerie de Stubenvolls märische 5 compagnies en 1 escadron
Infanterie oberennsisches 2 enseignes en 1 bataillon
Cavalerie du prince d’Anhalt 4 compagnies en 1 escadron
Infanterie oberennsisches 3 enseignes en 1 bataillon
Cavalerie du prince d’Anhalt 3 compagnies en 1 escadron
Infanterie de Capliers 3 enseignes en 1 bataillon
Cavalerie mährische de Borsida 4 compagnies en 1 escadron
Infanterie de Capliers 3 enseignes en 1 bataillon
Cavalerie mährische de Künen 4 compagnies en 1 escadron
Infanterie de Capliers 3 enseignes en 1 bataillon
Infanterie de Thurn 4 enseignes en 1 bataillon
La 3e ligne, 1000 pas derrière
Réserve : 6000 Hongrois en 9 escadrons
Aile gauche : 1600 Hongrois
En 6 unités en avant du front (à 5 “sauts”) disposés en trois échelons.
Au milieu de la première ligne sont disposées 4 compagnies “extraordinaires” de cavaliers de l’avant-garde.
La relation officielle bavaroise donne 4 bataillons et 12 escadrons en première ligne, 3 bataillons et 5 escadrons en seconde ligne et 6000 hongrois en réserve, sur les ailes, pour un total de 21 000 hommes.
Ci-dessus : couleurs de frédéric de Bohême ; ci-dessous : arquebusier à cheval et infanterie (régiment du margrave de Jagendorf)
Ci-dessus : infanterie morave ; ci-dessous : cuirassiers d’Anhalt, bourguignottes et cabassets
Ci-dessous : infanterie de la ligue protestante.
Ci-dessous : étendards de compagnies d’un régiment de Frédéric de Palatinat, roi de Bohême, en 1616
L’armée de Ernst von Mansfeldt de 1620 à 1626
L’infanterie et la cavalerie de Mansfeld suivent la même organisation que celle d’Anhalt & de Thurn. Certains régiments de cavalerie, comme le Leib régiment, étaient à 1000 chevaux, en 10 compagnies de 100 chevaux, formant probablement 2 escadrons. En 1625, les escadrons ne sont plus qu’à 300 chevaux. Certains régiments d’infanterie de Mansfeld avaient des couleurs distinctives (principalement l’étendard) : en 1622, il y a ainsi les régiments blanc, bleu & blanc, rouge, bleu, jaune, et vert.
Armée de Ernest de Mansfeld en 1620 :
Régiment Infanterie Cavalerie
Ernest de Mansfeldt 2,000
Guillaume de Saxe-Weimar 3,000 1,000
Casimir de Loewenstein 2,000
Joachim Carpezan 2,000
Poeblitz 2,000
Balthazar de Schlammersdorf 2,000
Sigismond de Brandebourg 1,000
Frédéric de Saxe-Altenbourg 500
______ ______
13,000 2,500
Source : document des archives de Vienne cité par hurter (Ferd.III, t.IX, page 52).
En mars 1622, le comte Ernest de Mansfeldt offre à l’Infante « de conduire douze régiments d’infanterie et 5,000 chevaux, le régiment à 3,000 hommes, selon le traitement des Pays-Bas. » L’Infante répond à Mansfeldt qu’il consent « à accepter au service de Sa Majesté outre les 6,000 hommes de pied et les 1,000 chevaux, déjà précédemment agréés, encore 4,000 hommes de pied et 1,000 chevaux, soit en tout 10,000 hommes de pied et 2,000 chevaux. »
Vers 1610, jean-Jacques Walhausen prescrivait effectivement des régiments d’infanterie de 3,000 hommes, en 10 compagnies de 300 hommes.
Ci-dessous : cornette de cuirassier de Mansfeldt
Ci-dessus : infanterie de Mansfeldt (anglais, écossais, allemands)
L’armée de Georg Friederich von Baden-Durlach de 1620 à 1622
L’infanterie du Margrave de Bade en 1622 (bataille de Wimpfen) est organisée sur le modèle hollandais. Les régiments d’infanterie sont à 10 compagnies de 200 hommes et les régiments de cavalerie en 3-10 compagnies de 100 chevaux. À Wimpfen, les bataillons étaient de 1 400 hommes sur 10 rangs de profondeur, deux seulement étant à 800 hommes. Sa cavalerie combat en escadrons de 3 à 600 chevaux sur 6 rangs de profondeur. La spécificité de cette armée repose sur ses 70 wagons de combats, à l’image de ceux des hussites, équipés de mortiers tirant à mitraille.
L’armée du Margrave comptait, à Wimpfen (1622), 13 000 fantassins et 3000 cavaliers. L’armée de Tilly prendra à l’armée protestante de Baden-Durlach, à l’issue de la bataille de Wimpfen (1622), plus de 1200 chariots et charrettes (dont 4 chariots chargés d’échelles), 2 grands canons de 60 livres, 20 canons moyens (dont 15 de 40 livres), et 85 pièces de plus petit calibre.
Ci-dessous : infanterie et arquebusier à cheval badois
Drapeaux
Pour compléter, une série d’étendards de compagnies de l’Union Protestante (armées de Mansfeldt, Brunswick et Baden-Durlach) :
Stéphane Thion
(Aquarelles de K.A. Wilke)